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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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avec ses mains en coupe, non sans mal
en raison de la coupure qui courait le long de sa joue, de la pommette à
l’oreille. L’intérieur de sa joue était à vif ; de sa langue, il pouvait
sentir une ligne sinueuse pareille à un mince fil suintant.
    L’eau froide lui piqua l’intérieur
de la bouche au point de lui tirer des larmes, mais il se désaltéra du mieux
qu’il le put. Ensuite, il retira précautionneusement sa tunique et sa cape pour
mieux se rendre compte de la gravité de ses blessures. Il ne pouvait voir la
lésion dans le haut de son dos, mais avec force tâtonnements prudents, il
parvint à s’assurer qu’elle avait cessé de saigner. Sa plaie profonde à la
poitrine était plus facilement accessible. Une fois le sang coagulé nettoyé,
elle lui apparut irrégulière et vilaine, avec la peau qui godait sur les bords.
La douleur restait lancinante ; le fer de la lance avait entaillé les os
en écartant ses côtes, mais aucune n’avait l’air cassée.
    Enfin, il examina la morsure à son
bras. Celui-ci était sensible – les crocs du chien avaient écorché la
peau, rien de plus –, la chair gonflée et douloureuse, mais le demi-cercle
irrégulier de piqûres rouges ne semblait pas suppurer. Il plongea le bras dans
le ruisseau et nettoya le sang séché sur sa poitrine et son estomac. Il essaya
de laver la plaie dans le haut de son dos mais ne parvint qu’à asperger ses
épaules d’eau glacée. Après s’être revêtu, il réfléchit.
    Pour autant qu’il pût en juger, il
n’avait que deux options : retourner en Elfael et essayer de trouver
quelqu’un pour le recueillir, ou continuer en direction du Gwynedd en espérant
dénicher de l’aide en chemin avant d’atteindre les montagnes.
    Les terres au nord étaient rudes et
inhospitalières pour un homme seul. Même s’il parvenait à sortir sans aide de
la forêt, ce qui tiendrait déjà du miracle, les chances de trouver de l’aide
ensuite paraissaient faibles. D’un autre côté, l’Elfael était presque
entièrement déserté ; la plupart de ses compatriotes avaient fui, et les
Ffreincs en voulaient à sa vie. Sans doute ferait-il mieux de suivre ses
propres conseils et d’aller jusqu’à Saint Dyfrig pour demander asile aux
moines.
    Une fois sa décision prise, il
rassembla ses maigres forces et se mit en route. Avec un peu de chance, la fin
du jour le trouverait derrière des murs amis, à se reposer dans la loge
réservée aux invités.
    La chance de Bran s’était jusque-là
révélée aussi désespérément mauvaise que le chemin qu’il empruntait. Et cela ne
semblait pas devoir s’arranger. Les sentiers forestiers se croisaient dans une
profusion déroutante, chacun d’eux menant aux autres par-dessus ou par-dessous
des arbres tombés, au bas de pentes raides conduisant jusqu’à des ruisselets ou
d’étroits défilés, en haut de corniches acérées ou de coteaux couverts de
broussailles. Sa faim s’était depuis longtemps transformée en une douleur
incessante qui tenaillait son estomac. Il pouvait s’abreuver aux ruisseaux
croisés sur sa route, mais la nourriture restait rare. Une pléthore
extravagante de champignons poussait un peu partout, pourtant la plupart, il le
savait, étaient vénéneux, et il ne se faisait pas confiance pour reconnaître
les bons. Ne trouvant rien d’autre, il mâchait donc des brindilles de noisetier
juste pour avoir quelque chose dans la bouche.
    Mort de faim, perclus de douleur,
il laissa son esprit vagabonder.
    Il s’imagina sain et sauf entre les
murs de l’abbaye, en train de dîner d’un agneau rôti et de poireaux braisés, le
tout accompagné de pain d’avoine et de bière. Ce rêve réconfortant éveilla un
appétit féroce qui refusa de disparaître – même lorsqu’il essaya de
l’apaiser avec les mûres aigres qu’il engloutit par poignées. Dans sa hâte, il
se mordit l’intérieur de la joue, ce qui rouvrit sa blessure et le fit tomber à
genoux de douleur. Il resta un long moment sur le sol, se balançant d’avant en
arrière de désespoir, jusqu’à ce qu’il prenne conscience qu’on l’observait.
    « Quoi ? demanda une voix
quelque part au-dessus de lui. Quoi ? »
    En levant les yeux, Bran vit un
grand freux posé sur une branche juste au-dessus de sa tête. L’oiseau le
considérait d’un œil aussi brillant qu’une perle. « Quoi ? »
    Il se rappela confusément
l’histoire d’un prophète affamé nourri par des corbeaux.

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