Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
Vom Netzwerk:
survivre.
    Penchée sur le chaudron, elle prit
une pièce de tissu propre sur une pile préparée à cet usage, la plia, la
plongea dans le liquide brûlant et entreprit de l’appliquer sur la poitrine du
jeune homme. La chaleur le fit geindre dans son sommeil, mais il ne se réveilla
pas. Elle laissa le tissu en place, en prit un autre et renouvela l’opération
sur la plaie du visage.
    Une fois le second tissu
soigneusement appliqué, elle revint au premier, le retira, le replongea dans le
chaudron et recommença.
    Et ainsi de suite.
    Tout au long de la nuit, la vieille
femme demeura recroquevillée sur son petit tabouret, passant successivement
d’une blessure à l’autre, retirant les tissus, les trempant et les remettant en
place. Quand la potion eut refroidi dans le chaudron, elle alla reprendre des
charbons ardents dans le feu et les jeta dans le bouillon. Il fallait de la
chaleur pour débarrasser les blessures du poison.
    Tout en travaillant, elle chanta
une vieille chanson en Langue Antique, que sa propre banfáith lui avait apprise
bien des années plus tôt – l’histoire de Bran le Saint et de son voyage
jusqu’à Tir na’ Nog. Elle parlait d’un champion qui, après un long séjour dans
l’Outremonde, était revenu accomplir des exploits pour son peuple ; une
légende pleine d’espoir, de nostalgie et de triomphe – des plus adaptée,
pensait-elle, à l’homme sous sa garde.
    Quand l’aube pointa dans le ciel
pluvieux à l’est, Angharad avait fini sa tâche. Elle repoussa le chaudron et se
releva lentement en se cambrant pour soulager son mal de dos. Puis elle se
remit à genou pour prendre une poignée de mousse séchée, qu’elle déposa
doucement sur les blessures du jeune homme avant de recouvrir celui-ci de peaux
de mouton. Plus tard dans la journée, elle recommencerait la procédure de
purification, ainsi que le jour suivant, et peut-être encore celui d’après.
Mais, dans l’immédiat, cela suffisait.
    Elle se releva, retourna devant le
chaudron et, une fois rassise sur le tabouret à trois pieds, fit passer sa cape
autour de ses épaules et ferma enfin les yeux.
     
    Bran n’avait aucune idée du temps
qu’il avait passé couché dans le noir, à écouter la pluie. Un jour, peut-être
plusieurs. Il avait beau essayer, il ne pouvait même pas se rappeler avoir
entendu pareil son auparavant. Il se remémorait vaguement ce qu’était la pluie
et à quoi cela ressemblait, mais c’était la première fois qu’il pensait
l’entendre tambouriner contre le sol et les rochers, dégouliner depuis la voûte
de feuilles sur les sentiers détrempés de la forêt.
    Incapable de bouger, il se
contentait de demeurer les yeux clos pour écouter l’étrange musique. Il
redoutait ce qu’il allait découvrir s’il les ouvrait. À travers sa mémoire
disloquée voltigeaient des images aussi bizarres que préoccupantes : un
chien grondant férocement qui essayait de mordre sa gorge ; un corps
flottant dans une mare ; un trou noir dans le sol, à la fois refuge et
tombe ; et une horrible vieille femme décrépite portant un chaudron
fumant. C’était un cauchemar, se dit-il : les rêves d’un homme que la douleur
égarait, rien de plus.
    Il se savait gravement blessé. Il
ignorait comment cela était arrivé et même ce qui l’en rendait si sûr.
Néanmoins, il l’acceptait sans discuter. Peut-être cela aussi faisait-il partie
de son cauchemar, au même titre que la vieille bique – comment le
savoir ?
    Toujours était-il que la femme
semblait intimement liée à une autre image insolite qui ne cessait de tournoyer
dans sa tête : lui-même enveloppé dans une douce toison blanche, étendu de
tout son long sur un lit de branches de pin et de mousse recouvert de peaux de
cerfs. De temps en temps, l’image changeait pour acquérir la qualité d’un
rêve – une étrange rêverie rendue familière à force de répétition :
il voltigeait dans les airs comme un faucon, et regardait son propre corps
depuis les hauteurs. Dans un premier temps, il ignorait qui pouvait bien être
ce malheureux étendu sur son lit de fortune. Le visage du jeune homme était
rond et curieusement difforme, avec une moitié d’un pourpre presque noir trop
bouffie pour qu’on puisse le reconnaître. Sa peau était terne et d’une horrible
couleur cireuse ; nulle respiration ne venait soulever les poumons de
l’infortuné. Le pauvre diable était mort, de toute évidence.
    La femme faisait

Weitere Kostenlose Bücher