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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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trouvait là. Bien que la grotte fût aussi
sombre qu’un pigeonnier, il pouvait distinguer sa silhouette disgracieuse qui
se découpait contre les flammes dansantes. Aussi hideuse que la vieille
sorcière de ses récents cauchemars, sauf que Bran ne rêvait plus. Elle était
réelle, autant que le trou dans le sol dans lequel il gisait.
    « Qui êtes-vous ? »
demanda-t-il. Ces quelques mots lui causèrent aussitôt des élancements dans la
tête ; sa voix se cassa, devint à peine un murmure. Sans même se
retourner, la vieille continua à remuer l’infusion fétide.
    Un moment passa avant que Bran ne
trouve la force de reposer la question : « Femme, qui
êtes-vous ? »
    À ces mots, la vieille bique lâcha
sa cuiller et tourna son visage ridé pour le regarder par-dessus son épaule
voûtée, d’un œil noir pénétrant pareil à celui d’un oiseau. Son attitude
évoquait un corbeau examinant un possible repas ou quelque babiole brillante
susceptible d’être ramenée dans son nid.
    « Pouvez-vous
parler ? » insista Bran en grimaçant de douleur. Chaque mot qu’il
prononçait lui vrillait la tête. Son visage lui semblait aussi rigide qu’une
planche de bois là où il avait été blessé.
    « Oui, parler et chanter,
répondit-elle d’une voix bien moins désagréable que ce que son apparence
laissait supposer. La bonne question serait plutôt : le peux-tu,
toi ? »
    Bran ouvrit la bouche, mais
répondre semblait au-dessus de ses forces. Il se contenta de secouer la
tête – et regretta aussitôt de l’avoir bougée, car au moindre mouvement,
de gigantesques vagues de douleur l’envahissaient et lui donnaient envie de
vomir. Il ferma les yeux en attendant que la nausée passe et que le monde
revienne à la normale autour de lui.
    « C’est bien ce que je
pensais, conclut la vieille femme. Tu ferais mieux de te taire tant que ça
n’ira pas mieux. »
    Elle se détourna alors de lui. Il
la vit se relever lentement puis, le dos plié en deux, retirer la marmite des
flammes et la poser sur un rocher tout proche pour la laisser refroidir. Elle
marcha ensuite jusqu’à son lit, sur lequel elle s’assit un moment en le fixant
de son regard dérangeant. Enfin, elle dit : « Tu dois avoir faim. Je
t’ai préparé du bouillon. »
    Incapable de lui donner une réponse
cohérente, Bran se contenta de cligner des yeux en signe d’assentiment. Elle
alla s’affairer auprès du feu, et revint peu de temps après avec un bol en bois
et une cuiller fabriquée à partir d’une corne de cerf. Elle plongea celle-ci
dans le bol et la porta jusqu’à la bouche de Bran, écartant ses lèvres d’une
pression douce mais insistante.
    À peine capable d’ouvrir la bouche,
il laissa un peu du liquide tiède passer entre ses dents jusqu’à sa gorge. Ses
fortes saveurs d’herbe lui évoquèrent un vallon verdoyant en plein automne.
    Elle leva une fois de plus la
cuiller et le força à boire encore un peu de bouillon. « Voilà, ça devrait
te faire du bien, fit-elle d’un ton apaisant. Cela facilitera ton retour à Tir
na’ Nog. »
    Pris d’un inexplicable sentiment de
fierté, il rougit et se surprit à vouloir lui faire plaisir en se pliant à ce
rite infantile. Bien que clair, le bouillon était étonnamment nourrissant, et
Bran se dit qu’après quelques petites gorgées supplémentaires, il ne pourrait
pas en avaler plus. La nourriture soulagea ses douleurs d’estomac ; épuisé
par l’effort, il ferma les yeux et s’endormit.
    Il faisait moins sombre dans la
grotte quand il se réveilla, à nouveau affamé. La vieille femme était là pour
lui servir un peu du bouillon d’herbes. Il le but avec reconnaissance, sans
même essayer de parler, puis se rendormit.
    Plusieurs jours passèrent
ainsi : à son réveil il trouvait sa gardienne à ses côtés, prête à le
nourrir avec sa cuiller en corne de cerf, après quoi une irrésistible envie de
dormir l’envahissait. Chaque fois qu’il ouvrait les yeux, il se sentait un peu
mieux et mangeait un peu plus. En outre, il avait l’impression que ses périodes
de sommeil se faisaient plus courtes.
    La confortable routine
s’interrompit le jour où Bran se réveilla seul dans la grotte. Il regarda
partout autour de lui mais la vieille sorcière n’était nulle part. Le bruit de
goutte à goutte qui avait accompagné ses périodes d’éveil tous ces derniers
jours avait également disparu. Seul et sans surveillance, il décida de

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