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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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Vous m’avez donné votre
parole.
    — Votre église sera dans une
ville, dit le comte. Où est le tort ?
    — Nous sommes sous l’autorité
de Rome, fit remarquer Asaph. Vous n’avez aucun pouvoir sur nous.
    — Je détiens un octroi royal
pour ce commot. Toute ingérence dans mon gouvernement sera considérée comme une
trahison, qui est punissable de mort. » Il écarta les bras comme pour
faire comprendre à Asaph que la question n’était pas de son ressort.
« Mais évitons de nous étendre sur d’aussi tristes questions. Vous avez
tout le temps de prendre la bonne décision.
    — Vous ne pouvez pas faire ça,
lâcha l’évêque. Pour l’amour de Dieu, vous ne le pouvez pas.
    — Oh, je pense que vous
finirez par comprendre que si, répliqua Falkes. D’une manière ou d’une autre il
y aura une ville dans cette vallée. Vous pouvez m’y aider, ou vous et vos
précieux moines périront. Le choix, mon cher évêque, est entre vos
mains. »

CHAPITRE 20
    L’hiver prit ses quartiers dans les
bois, au sommet des collines et dans les vallées de l’Elfael. Le minuscule pan
de ciel encadré de branches qu’on pouvait voir depuis l’entrée de la grotte
était souvent obscurci de lourds nuages chargés de neige. Bien au chaud sous
plusieurs couches de fourrures et de peaux, Bran se réveillait parfois en pleine
nuit. Il écoutait alors le vent crier à travers les arbres dégarnis, faisant
s’entrechoquer les branches nues et emportant la neige loin au-dessus des
pistes et des sentiers forestiers.
    Malgré la violence de la tempête,
la grotte restait sèche et étonnamment confortable. Bran passait ses journées à
somnoler et à planifier son éventuel départ. Une fois assez fort pour quitter
les lieux, il reprendrait sa fuite en direction du nord. N’ayant aucun plan de
rechange, celui-ci ferait l’affaire. Dans l’immédiat, cependant, il se
contentait de dormir et de manger pour reprendre des forces. Parfois il se
réveillait seul, mais Angharad revenait toujours avant la tombée de la
nuit – souvent avec un ou deux lièvres bien gras sur son épaule, et à une
occasion avec la moitié d’un petit cerf qu’elle pendit à un crochet de fer
planté dans la roche à l’entrée de la caverne. Le soir, elle cuisinait des
repas simples et s’occupait de ses blessures pendant que la marmite
bouillonnait sur le feu.
    Et la nuit, chaque nuit de cet
interminable hiver, la grotte se transformait. D’un trou creusé dans la roche
d’un escarpement, elle devenait une entrée scintillante vers un autre monde.
Car chaque nuit, après leur dîner, Angharad se mettait à chanter.
    La première fois prit Bran par surprise.
Sans le prévenir le moins du monde de ce qui allait se passer, la vieille femme
disparut dans les sombres profondeurs de la caverne et en revint une harpe dans
les mains. Finement fabriqué en bois de noyer et d’orme, avec des chevilles en
chêne, l’instrument avait une proue harmonieuse à la courbe polie par des
années d’utilisation.
    Bran regarda Angharad dépoussiérer
précautionneusement l’instrument avec l’ourlet de son manteau, tendre ses
cordes et l’accorder. Puis, installée sur son tabouret, la tête penchée comme
pour communier avec un vieil ami, elle avait commencé à jouer, son visage ridé
plus froncé encore sous l’effet de la concentration. Et la perplexité de Bran
s’était transformée en joie stupéfaite.
    La musique que ces vieux doigts
noués sortirent cette nuit-là des cordes de la harpe fut un pur enchantement,
un entrelacs de mélodies miraculeuses. Et quand Angharad ouvrit la bouche pour
chanter, Bran se sentit sortir de son corps pour être transporté en des lieux
dont il n’aurait jamais soupçonné l’existence. Tout comme l’antique harpe posée
sur son giron, la voix chantante de la vieille femme revêtait une beauté et une
qualité qui surpassait de loin la grossièreté de l’instrument. À la fois agile,
assurée et douce, elle mêlait avec force fluidité et souplesse, tantôt
s’élevant comme le vent au-dessus des montagnes lointaines, tantôt évoquant un
oiseau en vol ou une vague déferlant sur le rivage.
    Et n’était-ce pas étrange de voir
Angharad elle-même subtilement changer lorsqu’elle chantait ? Oubliée la
vieille sorcière grisâtre vêtue d’une robe en loques : elle prenait un
aspect plus noble, presque royal, une dignité que son apparence miteuse venait
d’ordinaire démentir, ou du moins

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