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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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traîna à une
lenteur angoissante jusqu’à l’entrée de la caverne, d’où il regarda en silence
la neige tomber du ciel gris et bas pour recouvrir la forêt d’un fin vêtement
blanc uniforme et scintillant. Sentant l’air glacé sur son visage et ses mains,
il l’inspira à pleins poumons. La sensation le fit tousser. Il avait toujours
mal, mais la douleur ne lui coupait plus le souffle. Il bravait celle-ci pour
la simple chance de pouvoir observer debout les flocons exécuter leur danse
tournoyante jusqu’au sol.
    Après être resté si longtemps
couché, avec rien d’autre à voir que les mornes murs de roche de la grotte,
Bran ne pensait pas avoir jamais contemplé scène aussi belle. La trajectoire en
spirale vertigineuse des flocons le faisait sourire comme il levait ses yeux
éblouis de lumière en direction du ciel. La vieille femme semblait apprécier le
spectacle de ses traits fins et hagards envahis par le plaisir.
    Quand il se sentit fatigué,
Angharad alla lui chercher une bonne longueur d’aubépine, puis lui suggéra
d’aller se soulager. Il alla prudemment clopiner dans la petite clairière. La
neige tombait sur lui, les énormes flocons humides le cinglaient gentiment en
se posant sur sa peau dénudée, pour aussitôt fondre.
    Bien qu’il lui parût étrange de se
tenir dans la neige à portée de vue de la vieille femme qui n’avait pas quitté
l’entrée de la grotte, Bran appréciait de se retrouver sur ses deux pieds comme
un homme plutôt que de devoir s’accroupir sur un pot comme un enfant. Quand il
retourna à la caverne, tremblant, transpirant et chancelant tel un invalide
incapable de soulever ses pieds, il rayonnait comme s’il avait voyagé jusqu’au
bord du monde et avait survécu pour pouvoir le raconter.
    La vieille femme ne se précipita
pas à l’extérieur pour l’aider ; elle attendit à l’entrée de la caverne
que ses pas hésitants le ramènent. Quand il fut rentré, elle lui prit le visage
entre ses mains rugueuses et l’enveloppa de sa chaude haleine. « Tu peux
parler, lui dit-elle, si tu en as envie. »
    Jusqu’alors, Bran n’avait pas eu
l’impression d’avoir quoi que ce soit à dire, mais à présent tous les mots
qu’il avait réprimés remontaient telle une vague de fond confuse et impérieuse,
pour s’écraser dans sa gorge. Il se tenait à son bâton afin de ne pas
tomber ; sa langue picotait de pensées et de questions à moitié formées.
Il lutta pour articuler des mots jusqu’à ce qu’Angharad pose un doigt couvert
de suie sur ses lèvres et dise : « Le temps des questions viendra
sous peu, mais pour l’heure assieds-toi et repose-toi. »
    Elle ne le ramena pas à son lit
comme il s’y était attendu, mais l’assit sur le tabouret à trois pieds devant
le feu. Tandis qu’il se réchauffait, elle leur fit à manger – un civet à
la viande cette fois, un beau lièvre bien gras, accompagné de poireaux, de
navets sauvages et de champignons ramassés au cours de l’automne et séchés au
soleil. Lorsqu’elle eut haché le tout et rempli le chaudron, elle prit une
petite poignée de blé, un peu de sel, de l’eau, du miel, des baies et des
herbes séchées, et commença à confectionner des petits gâteaux avec la pâte qui
lui restait de la dernière fournée.
    Pendant que Bran, toujours assis,
observait ses doigts habiles préparer la nourriture, ses pensées ralentirent et
se clarifièrent. « Quel est votre nom ? » finit-il par demander,
surpris d’entendre une voix qui ressemblait peu ou prou à la sienne.
    La vieillarde sourit sans relever
la tête, et continua un moment à pétrir la pâte en silence. Elle confectionna
un petit pain et le mit à lever sur une pierre à proximité du feu. Puis, le
regardant droit dans les yeux, elle dit : « Je suis Angharad.
    — Êtes-vous une gwrach, demanda-t-il, une sorcière ? »
    Elle se pencha à nouveau sur son
ouvrage. Bran se dit qu’elle n’allait pas lui répondre. « S’il vous plaît,
je ne voulais pas vous manquer de respect. C’est juste que je ne comprends pas
comment on peut faire ce que vous faites sans l’aide d’une puissante
magie. » Il marqua une pause pour la regarder malaxer la farine, puis osa
répéter sa question : « Vraiment, êtes-vous une sorcière ?
    — Je suis telle que tu me
vois », lui répondit-elle. Elle confectionna un nouveau petit pain et le
posa à côté du premier. « Chacun voit les choses différemment.

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