Robin
un faon. Des bûches de
chêne flambaient sous le fabuleux récipient.
La récompense est à la portée de
ma main. Après une profonde inspiration, il passa courageusement la porte.
« Géants ! cria-t-il, le festin est fini ! Vous avez mangé votre
dernier cadavre. Dites-le vous bien : je serai votre perte ! »
Surpris d’entendre cette voix
sonore, les géants le furent davantage encore lorsqu’ils découvrirent le
minuscule humain qui pérorait ainsi. Ils rirent dans leur barbe et se
mouchèrent bruyamment dans sa direction. Deux d’entre eux découvrirent leur
horrible postérieur, pendant que les autres se moquaient de lui avec force
gestes déplacés. Le chef de ce monstrueux clan se leva alors – le plus
répugnant de tous : plus grand que sept hommes, il était maculé du sang de
la viande dont il s’était gavé.
Avec un sourire méprisant, il
ouvrit sa gigantesque bouche et beugla : « Ce qu’il te manque en
taille, tu le rattrapes en stupidité. J’ai mangé cinq de tes semblables pas
plus tard qu’aujourd’hui et je me ferai un plaisir de te rajouter à la liste.
Quel est ton nom, petit homme ?
— Appelle-moi Silidons, car
tel est ce que je suis, dit Bran, dissimulant son véritable nom derrière celui signifiant
personne. Tu vas devoir me tuer d’abord, et je n’ai jamais perdu le moindre
combat.
— Eh bien tu n’as pas dû te
battre très souvent. Aujourd’hui, nous allons éprouver tes talents. » Sur
ces mots, le géant leva sa main massive et ordonna à ses deux comparses les
plus proches de se porter en avant. « Saisissez-vous de lui ! Montrez
à cet imbécile comment nous traitons quiconque assez stupide pour s’opposer à
nous ! »
Les deux géants se levèrent et
commencèrent à avancer pesamment, leurs lèvres charnues déformées par un large
rictus. Bran alla à leur rencontre, et ce faisant grandit de la moitié de sa
taille ; un autre pas et celle-ci avait doublé. À présent, le sommet de sa
tête arrivait au niveau de la poitrine des géants.
Ceux-ci parurent surpris mais ne se
démontèrent pas pour autant. « C’est là le mieux que tu puisses
faire ? » se moquèrent-ils. Après avoir soulevé leur massue de fer,
ils tentèrent l’un après l’autre de l’abattre sur Bran. Ce dernier sauta
par-dessus la première et esquiva la seconde, puis il bondit dans les airs et
envoya un coup de pied droit dans le front d’un des géants. La gigantesque
brute laissa tomber sa massue pour se tenir la tête.
S’emparant de l’énorme arme, Bran
l’abattit de toutes ses forces et broya le crâne du géant, qui lâcha un
grognement rauque avant de s’immobiliser.
Voir son comparse si facilement
vaincu rendit furieux le second attaquant. Rugissant de rage, il fit tourner sa
lourde massue au-dessus de sa tête et l’abattit à son tour. Bran fit un pas de
côté, laissant la massue pulvériser les dalles, puis grimpa sur le large manche
comme s’il s’était agi d’un billot de fer incliné. Quand le géant souleva son
arme, Bran sauta au visage de la brute et enfonça ses deux poings dans les yeux
de son adversaire. L’horrible créature cria et tomba à genoux en se couvrant le
visage des deux mains. Calmement, Bran ramassa la massue et frappa. La brute
tomba en avant et ne se releva pas.
Regardant autour de lui, Bran
s’écria : « À qui le tour ? »
Fous de peur et écumants de rage,
les géants restants se levèrent d’un seul mouvement et chargèrent Bran, qui se
précipita à leur rencontre, grandissant à chaque pas jusqu’à dépasser d’une
tête le plus grand d’entre eux. Quatre coups furent portés, et quatre géants
tombèrent, ne laissant plus que l’énorme chef encore debout. Plus gros que les
autres, il était aussi plus rapide, et avant que Bran ait pu se retourner, la
brute l’avait saisi par la gorge. D’une profonde inspiration, Bran fit de son
cou une colonne de granit blanc et malgré toute sa force, le chef des géants ne
put en venir à bout.
Bran en profita pour saisir des
deux mains les oreilles protubérantes du géant. Il tira dessus d’un coup sec,
forçant son adversaire à baisser la tête tandis qu’il enfonçait la pointe de
son menton de granit entre les yeux globuleux de l’odieuse créature. Les jambes
du géant s’affaissèrent, et il s’effondra en arrière comme un arbre mort. Il
mourut avant même que sa tête percute le sol de pierre.
Victorieux, Bran se précipita vers
le
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