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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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colonie de la Louisiane aux États-Unis !
    Élise ayant refusé le voyage de Paris, sous l’habituel
prétexte qu’elle ne pouvait laisser les garçons seuls avec Françoise et
Pernette, incapables de se faire obéir de l’irascible Vincent, Alexandra s’était
instituée, dès le départ de Lausanne, cavalière attitrée de son parrain. Ravie
de tenir ce rôle, elle avait tout de suite rétabli avec Axel la tendre
complicité qu’il croyait dissoute depuis le baiser des Pâquis. Baiser prémédité,
pensait-il maintenant, qui, en un éclair, avait changé le caractère de leur
relation, car il laissait présager un plus grand abandon.
    Un soir, alors que Charlotte et Flora, fatiguées, refusaient
de quitter l’hôtel, Blaise conseilla à son fils d’emmener Alexandra dîner au
Grand-Véfour, au Palais-Royal, où l’on servait vermicelles et poitrine de
mouton accompagnée de haricots. M me  de Béran, dont Axel
redoutait, depuis toujours, la perspicacité, ajouta, malicieuse :
    — C’est ça. Allez dîner en amoureux ! ce qui
combla d’aise la jeune fille.
    Souvent, sous prétexte de montrer à l’orpheline des lieux ou
des monuments de Paris que les autres membres de l’expédition connaissaient
déjà, Axel et Alexandra sortaient seuls.
    En marchant rue de la Paix, en s’extasiant devant les
vitrines de Mellerio dits Meller, ce qui ranima chez Axel le souvenir d’Adriana
et de son Turc, en déambulant sur les boulevards ou au long des quais de la
Seine, Alexandra lui prenait le bras, lui tendait la main pour descendre ou
monter dans un fiacre, se blottissait contre lui dans la foule, quand ils se
trouvaient distancés par les Fontsalte et les Ribeyre de Béran, isolement qui n’était
pas toujours le fait du hasard.
    Un soir de grand froid, comme ils arpentaient le trottoir de
la rue de Rivoli d’un pas vif pour rejoindre les autres, après s’être attardés
au Petit Saint-Thomas, le grand magasin de nouveautés de la rue du Bac, où
Alexandra avait acheté des bas, des gants et un châle de l’Inde, des fêtards
les saluèrent gaiement d’un :
    — Allez vite vous mettre au chaud, les amoureux !
    — Sûr que ces gens pensent que je suis un vieux beau
qui vient d’enlever une pensionnaire. Un Faust qui débauche une Marguerite, lança
Axel en riant, car une telle confusion le flattait.
    Le lendemain, Alexandra s’éclipsa, tôt le matin, pour se
rendre chez un coiffeur à la mode. Elle réapparut les cheveux dressés en
chignon strict.
    — Cette coiffure te donne dix ans de plus, ma petite !
s’écria Charlotte.
    Flora renchérit :
    — C’est une coiffure trop sérieuse, pour ton âge !
    Un clin d’œil de la jeune fille à son parrain et ce dernier
comprit l’intention, qu’elle s’empressa de confirmer quand ils se retrouvèrent
seuls dans un fiacre.
    — Maintenant, je puis passer pour une maîtresse mieux
assortie, n’est-ce pas ? dit-elle en l’embrassant.
    Troublé plus que de raison, Axel n’émit qu’un :
    — Cesse donc de dire des bêtises, Alexandra !
    Il ne put s’empêcher de lui rendre un baiser avunculaire, qu’un
cahot du fiacre dévia de la joue à la commissure des lèvres.
    Ce jour-là, il fut bien près de céder au charme enjôleur de
sa filleule.
    Fort heureusement, le séjour se terminait et, le lendemain, au
moment de prendre place dans les berlines, Axel choisit, ostensiblement, de
voyager avec Blaise et Ribeyre, les trois femmes s’installant dans l’autre
voiture. À chaque étape, Alexandra, qu’il s’attendait à trouver boudeuse, se
montra, au contraire, enjouée, pleine d’attentions pour Charlotte et Flora. Elle
se comporta avec Axel en filleule respectueuse. Il en fut d’autant plus irrité
qu’il savait cette pose punitive.
    Au lendemain de son retour à Vevey, Axel Métaz dut répéter, pour
Louis Vuippens, les Chantenoz et le pasteur Duloy, le récit complet de son
séjour à Paris, dont Élise et ses fils avaient eu, la veille, la primeur. Il
compléta, par des souvenirs et anecdotes personnels, les comptes rendus publiés
par les journaux sur les cérémonies de la restitution des cendres de Napoléon, que
ses amis avaient lus avec plus ou moins d’intérêt.
    Au moment de quitter Rive-Reine, le médecin prit son ami à
part, tandis que Martin, Aricie et le vieux pasteur s’en allaient vers leur
domicile, à petits pas prudents, sur les pavés givrés de la rue du Sauveur, devenue
depuis peu, par la volonté du

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