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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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entendrons encore parler de
lui, compléta Blaise.
    — Et la malheureuse aigle, embarquée avec les
comploteurs, l’a-t-on mise en cage ? demanda Flora, qui s’intéressait aux
rapaces.
    — Cette aigle, dont on a découvert qu’elle était un
mâle, et non femelle impériale, est retournée en Angleterre, à bord de l’ Edinburgh
Castle, le vapeur qui avait conduit les conjurés, précisa Blaise.
    — Et les marins ont donné un nom à ce bel oiseau, un
instant compromis, dit Ribeyre de Béran. Ils l’ont appelé Fiasco !

7
    La France et les Parisiens attendaient, avec une ferveur
patriotique inconnue à ce jour, le retour des cendres de Napoléon. Blaise et
Charlotte de Fontsalte, les Ribeyre de Béran et Axel Métaz, accompagné de sa
filleule Alexandra, arrivèrent à Paris le 2 décembre 1840. Les deux
généraux ne manquèrent pas d’évoquer, en ce jour d’anniversaires conjoints, le
couronnement de l’empereur et la victoire d’Austerlitz.
    Sans relations, les amis n’auraient pu se loger dans la capitale,
qui regorgeait de nostalgiques et d’éclopés de l’Empire, venus de toutes les
provinces et, même, de l’étranger. Comme Blaise et Claude le leur avaient
promis, quatre habitués du café Papon de Genève, officiers demi-solde, avaient
pu faire le voyage de Paris en diligence, grâce à la générosité des deux
généraux. Ribeyre de Béran leur obtint même des places dans la nef de l’église
des Invalides où seraient célébrées, le 15 décembre, les funérailles de l’empereur.
    Les Vaudois apprirent, le lendemain de leur installation, que
la Belle Poule, la frégate de soixante canons commandée par le prince de
Joinville, qui rapportait la dépouille de Napoléon, était entrée, le 30 novembre,
dans le port de Cherbourg.
    Il fallait maintenant attendre l’arrivée à Paris de ceux qui
venaient de toucher Cherbourg, pour tout connaître de l’exhumation de Napoléon.
Le ministère de M. Thiers, premier artisan de la restitution des restes de
l’empereur à la France, avait été défait par la volonté de Louis-Philippe, alors
que la Belle Poule venait à peine de quitter Toulon pour Sainte-Hélène. Si
le maréchal Soult présidait le nouveau Conseil des ministres, l’homme qui
comptait désormais était M. François Guizot. L’ancien ambassadeur de
France à Londres, protestant rigide, devenu ministre des Affaires étrangères, avait
souvent manifesté une grande défiance à l’égard des bonapartistes. Dès son
arrivée au ministère, il avait donné des ordres pour que les membres de la
mission envoyée à Sainte-Hélène n’aient aucun contact avec les Français avant
la réception officielle des restes de l’empereur à Paris.
    Blaise et Ribeyre, toujours bien renseignés, surent très
vite que le nouveau gouvernement regrettait l’initiative du précédent, car le
retour des cendres et l’intérêt populaire qu’il semblait déjà susciter ne
pouvaient que renforcer le parti bonapartiste et encourager Louis Napoléon à
renouveler des tentatives, jusque-là malheureuses, quand elles n’étaient pas
ridicules. Enfermé au fort de Ham, le prétendant ne pouvait nuire. Néanmoins, depuis
l’arrivée de la Belle Poule à Cherbourg, la surveillance du prince avait
été renforcée.
    Les jours qui suivirent furent, pour les bonapartistes, des
jours glorieux, une sorte de réhabilitation patriotique dont l’histoire
tiendrait compte. Les Français, versatiles et ingrats, qui avaient souvent par
critiques et sarcasmes, plus affligé les anciens des armées napoléoniennes que
les tracasseries de la police royale, acclamaient maintenant l’empereur mort, comme
il ne l’avait jamais été de son vivant. Et cela, bien que le pouvoir se fût
ingénié à décourager toutes les initiatives des municipalités riveraines, qui
souhaitaient organiser des cérémonies tout au long de la Seine, du Havre à
Paris. Vaines, cependant, furent ces interdictions mesquines car, dès que la Belle
Poule accosta, des milliers d’hommes et de femmes, detoutes
conditions, défilèrent devant le cercueil sur lequel la municipalité
cherbourgeoise fit déposer une couronne de lauriers en or.
    Le 8 décembre, la foule était encore plus dense, pour
assister au transbordement du corps sur le vapeur à roues Normandie, que
porta le cercueil et les membres de la mission, à qui il avait été interdit de
descendre à terre jusqu’au Val-de-la-Haye, où les restes de

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