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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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personnes qui ont du sang dans les veines. »
    Les quatre s’étaient ensuite rendus à Longwood et Noverraz
décrivait l’état des lieux. « En arrivant à l’entrée de l’ancien corps de
garde, une femme est venue nous demander si nous avions un permis. À quoi, ayant
répondu que non, elle ne devait pas nous permettre de passer. Le hasard a voulu
que se trouvât, à cet instant une femme qui avait été nourrice de deux enfants
de M me  de Montholon, qui dit qui nous étions. On nous
laissa entrer. Cette femme nous expliqua que l’on faisait payer, aux personnes
qui n’avaient pas un passe du gouverneur, une finance de trois chalins [shellings ?]
par personne. Arrivés près de la maison, nous avons été dans une consternation
bien pénible en voyant l’état de dégradation où est l’habitation du Grand Homme.
Sa chambre à coucher, son cabinet, son cabinet de bains et notre cabinet de
service sont transformés en une écurie. Les plafonds sont enlevés de manière
que nos chambres, qui étaient au-dessus, sont détruites. La pièce qui lui
servait de salon et dans laquelle il est mort, on y a établi un moulin, que l’on
fait mouvoir du dehors par quatre chevaux. Le salon d’attente, la salle de
billard servent de grange à battre la graine, la bibliothèque, la salle à
manger ne sont pas utilisées. Nos petits jardins sont tous détruits, il ne
reste qu’un seul arbre de ceux que j’ai plantés. C’est un pêcher, qui est bien
malade. Il avait cependant encore quelques fleurs. »
    Pendant plusieurs jours, les membres de la mission, officiellement
accueillis par le gouverneur anglais et le consul de France, visitèrent les
lieux où Napoléon avait vécu ses dernières années, puis vint la nuit du 14 au
15 octobre et l’exhumation du corps de l’empereur.
    Blaise et son ami, imaginant aisément l’intense émotion qui
avait dû présider à cet acte intervenant exactement vingt-cinq ans, jour pour
jour, après l’arrivée de l’empereur déchu dans sa prison océane, demandèrent à
Trévotte, aussi curieux et ému qu’eux, de leur lire le texte de Noverraz, ce
que l’adjudant fit lentement, d’une voix grave.
    « Le 14, à minuit, les personnes qui devaient assister
à l’exhumation de l’empereur étaient réunies auprès du tombeau. Dix minutes
après, on a frappé le premier coup de pique, pour enlever la grille du tombeau.
Il pleuvait et il faisait très froid. On avait préparé une machine pour enlever
la pierre [tombale ?] et le cercueil, les pierres qui fermaient le tombeau.
La terre était un peu affaissée et très sèche. À sept pieds de profondeur, on
est arrivé au ciment qui recouvrait la pierre. Il était très dur à piquer. Ce
sont les Anglais qui ont fait tous les travaux, qui ont été parfaitement
dirigés par [le nom a été effacé sur le manuscrit] et exécutés. Après avoir été
sorti, le cercueil a été porté sous une tente, qui avait été dressée pour en
faire l’ouverture. Deux factionnaires étaient à l’entrée et personne n’eut la
permission d’entrer, que les personnes désignées par le gouvernement. Les
Anglais, seuls, devaient tout exécuter. Tout était prêt pour faire l’ouverture,
qui fut faite par le même homme qui l’avait fermé le 8 mai [1821], Le
plombier que nous avions emmené aida à ressouder (la bière de fer-blanc). Le corps
de l’empereur avait très peu souffert. La figure et les mains étaient très
fermes, l’uniforme était aussi bien conservé, le crachat [sic], les
ordres idem. On voyait l’épaulette gauche, la droite était couverte d’une
blancheur comme d’une fine soie, ainsi que tout le tour du cercueil. Le petit
chapeau était sur ses genoux. On apercevait, entre les jambes, deux têtes d’aigles,
ses bottes étaient blanches. On n’a pas cherché à découvrir les vases qui
renfermaient le cœur et l’estomac. »
    Le cercueil, « ouvert à midi cinq minutes », avait
été définitivement clos dès l’achèvement des formalités de restitution du corps
et les procès-verbaux signés. Sous la pluie battante, le nouveau cercueil de
bois d’ébène, au chiffre de l’empereur, apporté par la Belle Poule, avait
été placé sur un char funèbre et recouvert d’un drap violet, lui aussi venu de
France. Tiré par quatre chevaux et encadré par les militaires en garnison sur l’île,
le corbillard avait traversé Jamestown jusqu’au quai, où le prince de Joinville
attendait de

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