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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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hommes de génie,
    Nous en avons,
Monsieur, comme s’il en pleuvait !
    […]
    D’abord en
monuments, nous avons la Grenette,
    Le
Poids-du-Foin et le Puits-Perdonnet ;
    Des hommes
distingués ma liste est toute prête,
    Mais ils sont
très nombreux… et puis l’hôtel Monnet
    Pourrait être
trop plein si Monsieur ne s’empresse [154]
     
    Les vers de mirliton de l’épicière de la rue d’Italie
agaçaient Chantenoz mais ses amis n’y voyaient qu’une naïve intention de
chanter les charmes de Vevey.
    Avec le développement du tourisme, la ville attirait, en
effet, de plus en plus d’étrangers. Les Anglais parcouraient la Suisse le guide
Murray en main, les Allemands restaient fidèle à Ebel, les Français arrivaient
avec le récent guide Joanne, Itinéraire descriptif et historique de la
Suisse, publié par la librairie Hachette, sous couverture de toile bleue.
    Adolphe Joanne, journaliste dijonnais installé à Paris, avait
commencé à parcourir la Suisse, à pied, à l’âge de vingt et un ans. Au cours de
sept étés, à partir de 1834, il s’était appliqué, avec méthode et scrupules, à
tout noter de ses découvertes et des adresses à conseiller. Chaussé de gros
souliers, vêtu d’un pantalon et d’une blouse de toile, muni d’un bâton ferré, il
escaladait les montagnes, imitant le Genevois Horace Bénédict de Saussure qui, en
1787, avait été l’un des premiers à atteindre le sommet du mont Blanc. Une
giberne attachée sur le dos contenait tout son bagage et ses papiers. Le guide
Joanne, nettement plus complet et précis que celui de l’Allemand Ebel, dont la
première édition datait de 1795, connaissait un franc succès. Les Veveysans les
plus chauvins reconnaissaient qu’il donnait aux voyageurs une juste image de la
géographie et de l’histoire de la Suisse, bien qu’il accordât, selon certains, une
trop large place aux légendes locales ! Le fait de procéder par itinéraires
à suivre et qu’une carte routière fût annexée à l’ouvrage facilitait son
utilisation.
    M. Joanne citait naturellement, en plus des points de
vue, des curiosités, des moyens de transport, les hôtels et les prix pratiqués.
Dans ce domaine, le canton de Vaud pouvait s’enorgueillir de posséder une
catégorie d’établissements modernes et confortables. Avec les Trois-Couronnes à
Vevey, l’hôtel Gibbon à Lausanne, l’hôtel du Cygne à Montreux et l’hôtel Byron,
récemment ouvert à la Combaz, près du château de Chillon, haut lieu très visité,
les étrangers trouvaient à se loger dans les meilleures conditions. L’hôtel Byron,
construit entre Montreux et Villeneuve, sur un coteau verdoyant, comptait
quatre-vingt-dix-huit lits et proposait à sa clientèle des services originaux. On
y donnait des bains de petit-lait et d’eau minérale aux dames, soins corporels
qui plaisaient à Charlotte de Fontsalte, toujours à l’affût des procédés
nouveaux capables de protéger la femme des outrages du temps.
    Aussi entraînait-elle souvent Blaise et les Ribeyre de Béran
pour une semaine au Byron, d’où les deux généraux partaient chasser le chamois
en Valais, pendant que leurs épouses trempaient dans le lait écrémé !
    C’est au cours d’un de ces séjours que Charlotte eut une
nouvelle syncope. Flora tenait de Vuippens la façon d’agir en telle
circonstance. Elle allongea son amie, lui releva les jambes, ouvrit toutes
grandes les fenêtres, lui aspergea le buste d’eau fraîche et lui fit avaler la
potion préparée par le médecin. Cette fois encore, le malaise n’eut d’autre
conséquence qu’une grande fatigue et M me  de Fontsalte fit
promettre à Flora de n’en rien dire à son mari quand il rentrerait de la chasse.
Ainsi, cette perte de connaissance qui, le remarqua Flora, avait duré plus
longtemps que les précédentes, fut ignorée de tous, comme le voulait la malade.
    Quelques jours plus tard, alors que le cercle Fontsalte s’était
rassemblé à Rive-Reine, après avoir entendu un concert donné à l’église
Saint-Martin par un fameux organiste anglais de passage à Vevey, la nouvelle
tragique de la catastrophe de chemin de fer qui venait d’endeuiller la France
apporta aux détracteurs du train un argument propre à justifier leur défiance.
    Le 8 mai, sur la ligne Paris-Saint-Germain-en-Laye, ouverte
en 1837, un train, dont les wagons étaient surchargés de voyageurs revenant de
voir les Grandes Eaux dans le parc du château de

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