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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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magnifique
    Sous le pied des grands monts
courbe son arc magique
    Miroir de notre amour, – je veux chanter encor
    Ton onde où le soleil baigne ses
ailes d’or.
     
    Vincent, qui souvent accompagnait le professeur à demi
aveugle pour le guider dans de courtes promenades, observa gravement que cela
ressemblait à de la musique et demanda si c’était difficile d’écrire en vers.
    — Dans quelque temps, je t’apprendrai. Mais en
attendant, je te donnerai des poésies à apprendre et à réciter. Et tu as raison,
un beau poème, c’est de la musique, petit ! dit le professeur.
    Le 30 avril, Vevey vécut un événement mondain qui
allait confirmer la vocation touristique de la ville la plus harmonieuse et la
plus coquette de la côte vaudoise, « la favorite du Léman », disait
Chantenoz. En invitant une centaine de Veveysans à inaugurer son nouvel hôtel
des Trois-Couronnes, élevé sur l’emplacement du domaine des Belles-Truches, à
deux cents pas de Rive-Reine, M. Gabriel Monnet se classa, d’emblée, parmi
les maîtres de l’hôtellerie lémanique. Cet homme d’une parfaite civilité, soucieux
du contentement de ses clients, avait acquis une solide réputation professionnelle
dans son précédent établissement de la rue du Simplon, la vieille auberge des
Trois-Couronnes, dont il venait de transférer l’enseigne, en lettres d’or, au
fronton de son nouvel hôtel.
    Depuis longtemps, on savait, en ville, que M. Monnet
avait jeté son dévolu sur l’ancienne maison forte, occupée, en 1350, par
Antoine des Belles-Truches, au lendemain de son mariage avec Catherine de
Blonay, fille d’un noble châtelain vaudois. La demeure – certains disaient
encore le château par référence aux vestiges d’un donjon médiéval – avait
été maintes fois remaniée au fil des siècles. Les Montfaucon, les Gingins, les
Joffrey, nobles propriétaires terriens, s’y étaient succédé avant qu’elle ne revienne
à de riches roturiers. Aussitôt acquise par M. Monnet, la bâtisse fut
rasée et, en moins d’une année, on vit grandir, sur le terrain libéré en
bordure du lac, un splendide immeuble, de loin le plus imposant de la ville, dont
on voyait la façade crémeuse, percée de cent fenêtres, de La Tour-de-Peilz et
de fort loin sur le lac.
    Axel Métaz et ses amis figuraient parmi les invités. Aucun
membre du petit cercle n’avait imaginé, avant ce jour, qu’il allait découvrir
une résidence capable de rivaliser, en élégance et en confort avec les palaces
des grandes capitales européennes. Côté rue d’Italie, l’hôtel offrait, en
retrait de la chaussée, une large façade austère. Un péristyle à colonnes
abritait l’entrée, d’où une volée de marches conduisait au vaste hall de réception,
meublé dans le goût anglais et abondamment pourvu de canapés, de fauteuils et
de banquettes. Les visiteurs le traversèrent pour accéder à plusieurs salons, au
bar, au fumoir, au restaurant, à un jardin d’hiver. Au-delà de ce dernier espace,
décoré de plantes vertes, de grands bouquets de fleurs coupées et éclairé par
de larges baies vitrées, on retrouvait le plein air, sur une grande terrasse
couverte de gravier blanc. De ce promontoire, le regard embrassait le plus beau
panorama qu’on pût imaginer. À gauche, proches et familières : les
Préalpes vaudoises, le Cubly, la dent de Jaman, les rochers de Naye ; vers
le fond du lac : les sommets des Alpes valaisannes, les sept pointes des
dents du Midi, la dent de Mordes, la pyramide du mont Catogne, les névés du
Velan ; du côté du couchant : la plaine liquide s’étirant jusqu’à
Genève ; en face : l’amphithéâtre des montagnes de Savoie, la dent d’Oche,
le Grammont, que d’autres appelaient aussi la Chaumény, les Jumelles, le
Blanchard. On devinait, fondues dans les exhalaisons vaporeuses du Léman, Villeneuve,
le Bouveret, les carrières de Meillerie, Saint-Gingolph. Quand ils approchèrent
de la balustrade de pierre fermant la terrasse conquise sur l’eau, les Métaz
constatèrent que le Léman léchait le mur de soutènement et le bas d’un escalier
conduisant au quai privé, où pourraient s’amarrer les bateaux de promenade.
    — Comme à Venise, cet hôtel a une porte de terre et une
porte d’eau, constata M. Métaz, à qui Élise fit remarquer que le bassin
aux dauphins cracheurs, qui occupait le centre de la terrasse ombragée par des
platanes, était une copie agrandie du bassin de

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