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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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ma
petite. La plupart de tes amies sont déjà mariées. Tu es, d’après Anaïs qui s’y
connaît, un des plus beaux partis de la place de Genève, développa M. Métaz.
    — Je n’ai pas de chance ! Le seul homme que je
voudrais pour mari est déjà marié, dit-elle, avec une feinte désinvolture.
    Axel comprit parfaitement qu’il s’agissait de lui.
    — Et bien marié ! dit-il en riant.
    — Ça, j’en suis moins sûre ! répliqua Alexandra, avec
une moue pleine de sous-entendus, tandis que son regard, comme celui de tous
ceux qui tentent de fixer, les yeux dans les yeux, un être au regard vairon, allait
de l’œil clair à l’œil sombre de son parrain.
    Axel, informé par Vuippens de ce que savait Alexandra de ses
relations conjugales, rompit la conversation et, alléguant l’heure de rentrer à
Vevey, rejoignit sa mère, Flora et Tignasse, qui papotaient avec Anaïs Laviron.
    Le voyage à bord de la grande berline des Métaz, conduite
par Lazlo, fut un enchantement. Sous le soleil d’après-midi, le Léman, calme et
bleu, offrait le spectacle, assez rare, que les Vaudois nomment fontaines ou
chemins. L’eau lisse semblait parcourue par des courants de surface sinueux, qui
ridaient mollement le lac à certains endroits. Ce phénomène était attribué par M. Blanchet,
savant naturaliste, « à de petits courants d’air perpendiculaires, qui
frappent la surface du lac ». Les bacounis, moins scientifiques, voyaient
dans ces chemins ceux de la bise qu’ils annonçaient.
    Les vignobles de la Côte et de Lavaux arrivaient à leur
pleine maturité et cascadaient sur les parchets, tel un épais tapis vert, que
striait la blancheur des murets. Entre les feuilles des ceps, les lourdes
grappes de raisin proclamaient la proximité de la vendange. Partout, on
apprêtait les chars et les brantes en imaginant plus aisément le volume déjà
apparent de la récolte que la qualité du vin qu’on en tirerait.
    Axel avait prévu de faire étape à Lausanne, pour déposer sa
mère et ses amies, avant de continuer sa route vers Vevey. Quand on fut en vue
de Beauregard, Charlotte et Flora supputèrent, en plaisantant, la date de retour
de leurs maris, se risquant à dire, sans le croire un instant, que ces parties
de chasse lointaines n’étaient peut-être qu’alibis dissimulant des frairies d’anciens
soldats d’où les gotons villageoises ne devaient pas être absentes. Blaise et
Claude avaient promis de rapporter des peaux de marmottes, rongeurs qui pullulaient
dans le nord des Grisons. Leurs épouses en feraient des manchons.
    — Voilà une bonne semaine qu’ils sont partis. Peut-être
sont-ils déjà rentrés, dit Tignasse.
    La réponse vint avant même que Lazlo ne franchît le portail
de Beauregard, quand ils virent venir sur la terrasse, au devant de la voiture,
l’adjudant Trévotte, encore en tenue de chasse, avec une barbe de trois jours
et l’air ennuyé.
    Tandis que Lazlo aidait les femmes à descendre, Titus, avant
même de saluer les voyageuses, tira Axel à l’écart.
    — Un grand malheur est arrivé, monsieur Axel ! Un
grand malheur, répéta le vieux soldat.
    — Quel malheur, parlez ! Un accident ?
    Charlotte et Flora, entendant Axel prononcer le mot accident,
se précipitèrent sur Trévotte.
    — Quel accident ? Le général a eu un accident ?
s’écria M me  de Fontsalte, d’une voix perçante.
    Elle fut aussitôt rassurée en voyant son mari apparaître sur
le perron, lui aussi en costume de chasse, la barbe sale, les yeux rouges, ce
qu’elle mit sur le compte de l’insomnie.
    — C’est mon mari qui a eu un accident ? jeta Flora,
affolée, courant vers Fontsalte, figé sur la deuxième marche du perron.
    Elle s’arrêta au pied de l’escalier que le général acheva de
descendre en lui ouvrant les bras, confirmant par ce geste toutes ses craintes.
    — Il est blessé, blessé gravement ? demanda Axel, resté
près de sa voiture.
    Trévotte, dont la grosse moustache et les lèvres tremblaient,
hésita trop longtemps à répondre pour que le mot qu’il refusait de prononcer ne
s’imposât à l’esprit d’Axel Métaz.
    — Il est… mort ?
    D’un signe de tête, Titus confirma.
    — Comment est-ce arrivé, grand Dieu ? Titus, un
accident de chasse ?
    — Oh ! monsieur Axel, c’est le fils du colonel
Wildenberg, l’ami de votre père et du général Ribeyre, qui l’a tué. Un accident,
un affreux accident, acheva Trévotte, dont les larmes

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