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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Ulrich Ochsenbein, membre du
Directoire fédéral. Comme autrefois à Lucerne, ces corps francs avaient été
vigoureusement repoussés et les districts d’où était partie l’insurrection
occupés par la milice cantonale, au grand dam des radicaux vaudois. Le
gouvernement de Druey avait, en effet, accordé le passage à travers le district
de Payerne aux insurgés de la Broyé en route vers Fribourg.
    Quand on sut que les élections venaient de donner, légalement
cette fois, le gouvernement de Saint-Gall aux radicaux, plus personne n’eut d’illusion
quant aux décisions futures de la Diète à l’égard des sept cantons du
Sonderbund. Le 20 juillet, par douze voix et deux demi-voix, celles de
Bâle-Campagne et Appenzell (Rhodes Intérieures), la Diète, présidée par Ulrich
Ochsenbein, se prononça pour la dissolution de la ligue des sept, déclarée
incompatible avec le Pacte fédéral. Genève et Saint-Gall avaient, cette fois, choisi
leur camp. En revanche, le député de Neuchâtel, qui disposait d’une voix, s’était
abstenu, ainsi que ceux d’Appenzell (Rhodes Extérieures) et Bâle-Ville, détenteurs
chacun d’une demi-voix.
    Assurée de la majorité – on démontra, de plus, que les
cantons du Sonderbund représentaient 385 000 habitants, alors que les cantons
radicaux en regroupaient 1 750 500 –, la Diète reprit, dans la
foulée, l’étude de la révision du Pacte fédéral de 1815, jusque-là refusée par
les conservateurs. On sut, dès lors, que la Confédération s’acheminerait vers
une Constitution unitaire et un centralisme administratif, susceptibles de
faire de la Suisse une nation moderne.
    Axel et Élise Métaz, au contraire de certains de leurs
parents et amis, défendaient ces idées nouvelles. Plus méfiant que son épouse, Axel
n’imaginait pas, cependant, que les radicaux, grisés par le fait qu’ils
contrôlaient maintenant les deux tiers du territoire et ne pensaient qu’à s’assurer
la domination politique du reste, puissent, seuls, conduire à son terme une
mutation que les puissances étrangères ne verraient peut-être pas d’un œil serein.
    Bien avant que la Diète eût décidé la dissolution du
Sonderbund, dont on devinait qu’elle ne pourrait être imposée que par la force
des armes, certains diplomates avaient officieusement fait savoir au Directoire
fédéral que les cinq puissances – France, Prusse, Autriche, Russie et
Grande-Bretagne – qui, depuis 1815, garantissaient l’indépendance et la
neutralité de la Confédération, « regarderaient l’anéantissement du Pacte
de 1815, soit que cet anéantissement eût lieu d’une manière patente, soit qu’il
s’effectuât à l’égide d’un arrêté de la Diète, outrepassant évidemment les
attributions que le Pacte assigne à l’autorité fédérale, comme un fait annulant
les garanties que les actes du congrès de Vienne ont accordées à la Suisse, et
cela, sans préjuger des mesures ultérieures que l’intérêt du maintien de l’ordre
et de la paix en Europe pourrait forcer les puissances à prendre [197]  ».
    Blaise de Fontsalte, plus que les Métaz et beaucoup de
Vaudois, connaissait les mœurs et le langage diplomatiques. Il recevait aussi, régulièrement,
des informations par des anciens des Affaires secrètes qui lui rendaient visite,
intéressés par les avis et interprétations d’un homme plein d’expérience, à l’écart
des événements, de l’action et des intrigues.
    C’est ainsi que le général put rapporter à Axel et à
Vuippens les propos qu’Ulrich Ochsenbein, président de la Diète, avait tenus à
l’ambassadeur de France, M. de Boislecomte.
    — Il a eu le front de dire à ce diplomate qui le
sondait, à la demande de son ministre, M. Guizot : « Nous n’avons
en Suisse qu’une affaire mais il faut qu’elle ait sa fin. La grande majorité
des habitants veut la dissolution du Sonderbund et l’expulsion des jésuites de
toute la Suisse. Il faut que cette volonté de la majorité soit satisfaite. »
Comme l’ambassadeur lui faisait observer que cela risquait d’allumer une guerre
civile, Ochsenbein a répliqué, sans marquer la moindre émotion : « On
doit préférer un mal moindre que la présence des jésuites en Suisse. »
    — Ce sont là des propos irresponsables ! Dire qu’une
guerre entre les cantons est un mal moindre que la présence de deux ou trois
cents malheureux jésuites en Suisse, relève d’un esprit

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