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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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depuis deux siècles, ont toujours été en rapport
avec les Fontsalte, nos familles étant liées par un vague et très lointain
cousinage. J’ai connu le père de Fialin, qui a été tué à la bataille de Salamanque,
en 1812. Victor, aujourd’hui âgé de vingt-huit ans, s’est engagé à dix-sept ans,
est passé par l’école de cavalerie de Saumur, dont il est sorti premier en 28.
Il serait toujours officier au 4 e  hussards, s’il n’avait été
cassé, en 1831, pour opinions républicaines affichées. Depuis, il s’est mis au
service du prince Louis Napoléon, son cadet de trois mois, et a préparé avec lui
une expédition, à laquelle Claude et moi nous allons participer.
    — C’est-à-dire ? fit Axel.
    — Le projet consiste à soulever la garnison de
Strasbourg et à marcher sur Paris, à travers les Vosges, la Lorraine et la Champagne,
dit Ribeyre d’un ton résolu, comme s’il s’agissait d’une promenade.
    — Est-ce sérieux ? Et que vont dire ma mère et
Flora ? fit Axel, inquiet.
    — C’est très sérieux. Vous pensez bien que nous n’irions
pas nous engager dans une expédition de ce genre sans être informés des tenants
et des aboutissants. Quant à votre mère, elle ne connaîtra l’affaire qu’après
sa réussite… ou son échec, si nous rentrons bredouilles. Pour justifier notre absence,
nous serons censés répondre à une invitation à chasser le cerf en Bavière. Mais
vous seul serez informé de nos déplacements véritables et du déroulement des
opérations, précisa Blaise.
    — Puis-je me permettre de vous dire, à tous deux, mon
sentiment ? fit Axel, un peu aigre.
    — Dis toujours, fit Ribeyre, qui tutoyait souvent Axel
alors que le père et le fils se voussoyaient toujours.
    — Eh bien, je trouve que vous avez tort de vous mêler
de cette affaire. N’êtes-vous pas heureux, ici, comme vous êtes ? Croyez-vous
que fomenter une révolte pour le compte de Louis Napoléon ajoutera quelque
lustre à votre gloire ? En cas de pleine réussite, irez-vous à Paris, reprendre
du service, à plus de cinquante-cinq ans ?
    — Notre ambition est seulement d’aider au renversement
de Louis-Philippe et de permettre aux Français de se donner un gouvernement
républicain. Mais nous n’envisageons ni l’un ni l’autre de reprendre du service
dans l’armée, ni à Paris ni ailleurs. Notre vie, heureuse en effet, est ici, dit
Blaise.
    Axel eut le sourire plein d’indulgence d’une mère devant l’enfant
qui annonce la bêtise qu’il prépare.
    — Je me demande si vous n’agissez pas tous deux, moins
par raison politique et patriotisme, que par nostalgie d’un passé plein de
turbulences et de témérité… si vous ne vous embarquez pas dans cette affaire
pour le simple plaisir de courir, au côté du neveu de votre empereur défunt, une
aventure propre à rompre la douillette monotonie de votre existence de
retraités des combats, la routine saisonnière de la vie vaudoise. N’est-ce pas
cela… sincèrement ?
    — Il y a de ça, reconnut Ribeyre.
    — Admettons que nous avons envie de bouger un peu. Bon.
Admettons que nous nous offrons une petite récréation. Alors, ne gâchez pas
notre plaisir, dit Blaise en donnant une bourrade à son fils.
    — Vous avez la permission de sortie mais revenez vite
et intacts, je vous en prie, dit Axel Métaz, conciliant.
    Ribeyre vit, fort à propos, une grèbe se poser à bonne
distance. Il ajusta son coup de fusil et l’oiseau plongea.
    — Manqué, dit Blaise.
    — Vous feriez bien de vous exercer un peu, avant d’aller
affronter les royalistes, persifla Axel.
    Tout en guettant l’apparition d’autres grèbes, les deux amis
se relayèrent pour donner des détails très confidentiels sur l’expédition
organisée par Victor Fialin de Persigny.
    Axel apprit ainsi qu’en prenant les eaux à Bade, Louis
Napoléon avait noué des relations confiantes et amicales avec des officiers de
la garnison de Strasbourg, dont le colonel Vaudrey, qui commandait le 4 e  régiment
d’artillerie, celui-là même où, autrefois, le lieutenant Bonaparte avait
commencé sa carrière et où l’on conservait pieusement son souvenir. Cet
officier était prêt à marcher pour le prétendant, avec son régiment.
    En plus de ces contacts qui devaient lui rallier, dès son
apparition, la garnison de Strasbourg, le prince avait pris, en Suisse même, des
garanties. On savait qu’il avait rencontré, à la Société de Lecture,

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