Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
laborieux, le Nouvelliste vaudois publia une déclaration
du Conseil d’État de Neuchâtel, adressée au Conseil d’État vaudois.
    Le gouvernement conservateur du canton, qui n’était encore
qu’à demi suisse puisque sous tutelle du roi de Prusse, s’était ému de l’accueil
fait par Druey aux carabiniers neuchâtelois, généralement d’obédience radicale.
On avait cru entendre Druey faire ouvertement appel à la rébellion contre un
gouvernement confédéré, quand il avait dit : « Ceux qui se révoltent
ont bien mérité de la Confédération suisse », avant d’ajouter, fort imprudemment :
« L’existence d’un tel gouvernement est un obstacle à l’indépendance de la
Suisse. »
    Un peu gênées, les autorités vaudoises répondaient :
« M. Druey, bien que membre du Conseil d’État, a parlé en tant que
simple citoyen », et conseillait aux Neuchâtelois, s’ils s’estimaient
diffamés, de porter l’affaire devant les tribunaux.
    Ce qu’ils s’abstinrent de faire au grand regret des radicaux
vaudois, qui eussent trouvé dans le prétoire une nouvelle tribune.
     
    On ne parlait plus du succès du tir fédéral que pour
commenter son chiffre d’affaires : 38 318 francs, un record pour
l’institution, quand, au lendemain du ressat des vendanges, où cette année-là Élise,
très éprouvée par sa grossesse, ne parut point, Blaise de Fontsalte et Ribeyre
de Béran s’annoncèrent à Rive-Reine. Ils venaient de Lausanne, dans l’espoir d’une
partie de chasse à la grèbe sur le Léman. Bien qu’il fût un peu tôt dans la saison
pour tirer la grèbe huppée, plus abondante en novembre, Axel consentit à l’expédition.
Abattre ce bel oiseau au plumage argenté, qui montre sa huppe et sa tête fine
hors de l’eau avant de plonger pour disparaître à la moindre alerte, constituait
un véritable exploit. M. Métaz fit armer un naviot que l’ Ugo remorquerait,
car la méfiante grèbe ne pouvait être approchée qu’en barque à rames. Pierre Valeyres,
au gouvernail du yacht, tiendrait celui-ci à distance pendant la durée de la
quête.
    — On dit que les Anglais ont l’habitude d’offrir des
plumes de grèbe comme cadeau de noces, nous souhaitons seulement en rapporter
quelques-unes à nos femmes, pour orner leur chapeau, dit Ribeyre.
    Dès que les trois hommes, fusil sur les genoux, se furent
éloignés du grand bateau à bord de la petite embarcation, Blaise de Fontsalte
prit la parole.
    — Cette partie de chasse, cher Axel, n’est qu’un
prétexte pour nous trouver seuls avec vous, loin des oreilles indiscrètes. Car
nous avons, Claude et moi, un secret à vous confier.
    Le soudain désir des deux généraux de tirer la grèbe avait
paru un peu étrange à Axel, qui ne fut donc pas étonné par cet aveu.
    — Je suis flatté d’avoir à partager un secret, dit-il
en riant.
    — Nous partons ce soir pour Arenenberg, où nous devons
rencontrer Louis Napoléon, dit Ribeyre en guise de préambule.
    Ce n’était pas la première fois que les deux généraux rendaient
visite au fils de la reine Hortense. Depuis la mort de Napoléon Louis, fils
aîné de l’ancien roi de Hollande, et du duc de Reichstadt, Louis Napoléon, le
cadet, passait aux yeux des bonapartistes bon teint pour seul prétendant
possible à la succession, combien inimaginable, de Napoléon I er .
Cependant, Fontsalte et Ribeyre n’avaient jamais manifesté devant Axel la même
confiance que mettaient en ce prince les grognards du café Papon. Ancien élève
du colonel Dufour au collège militaire de Thoune, devenu capitaine au régiment
d’artillerie du canton de Berne, Louis Napoléon avait publié, en 1834, un Manuel
d’artillerie à l’usage des officiers d’artillerie de la République helvétique, qui
faisait autorité dans les milices.
    — Le prince a décidé de passer à l’action, estimant que
les Français, déçus par Louis-Philippe, n’attendent qu’un chef pour renverser
la monarchie et se doter d’un autre système de gouvernement. Louis Napoléon, dont
les sentiments républicains s’expriment avec mesure et intelligence, peut conduire,
à moindre risque, cette révolution et nous comptons l’y aider, expliqua
Fontsalte.
    — Mais comment va-t-il s’y prendre ? demanda Axel,
sceptique.
    — J’ai été approché, il y a quelques jours, par un pays
à moi, Victor Fialin, de Saint-Germain-Lespinasse, un bourg du Forez. Les
Fialin, seigneurs de Persigny

Weitere Kostenlose Bücher