Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
stupéfaits quand des chasseurs, baïonnette au
fusil, qui ne paraissaient pas d’humeur à plaisanter, les sommèrent de rendre
leurs armes et de les suivre benoîtement jusqu’à la prison Neuve, où ils
rejoindraient les autres conspirateurs, le soulèvement conduit « par un
mannequin déguisé », ayant lamentablement échoué.
    — Vous êtes les derniers que nous ayons à cueillir, lança
un jeune capitaine, que n’impressionna pas la Légion d’honneur, modèle Empire, qu’arboraient,
en civil, les deux généraux.
    Ce fut au tour du jeune officier d’être surpris en voyant
les deux gaillards se mettre à rire, tels des conscrits, en se bourrant mutuellement
les côtes, comme si toute cette affaire n’était, en somme, qu’une bonne
plaisanterie. La récréation de Blaise de Fontsalte et Ribeyre de Béran avait
duré six heures !
    Pendant l’arrestation des généraux, Trévotte, déguisé en
mendiant à jambe de bois, guetteur posté sur le pont de l’Ill, avait pris le
large avec une vélocité inattendue chez un unijambiste.
    Comme Blaise et Claude marchaient vers la prison, encadrés
sur la chaussée par une demi-douzaine de chasseurs aussi fiers que s’ils
venaient de capturer, ensemble, le tsar et le roi de Prusse, une lourde berline,
traînée à grand fracas par trois chevaux au galop, apparut au bout de la rue et
fonça sur le détachement. Oubliant leurs prisonniers, les militaires, ne
pensant qu’à éviter cet attelage infernal, s’égayèrent en courant. Fontsalte
reconnut aussitôt le cocher.
    — C’est Titus, viens ! cria-t-il en entraînant son
ami.
    Trévotte retint brutalement les bêtes. Frein serré, les
roues à bandages de fer tirèrent, en griffant les pavés ronds, des gerbes d’étincelles,
tandis que, par les portières déjà ouvertes, les deux hommes sautaient dans la
voiture à peine ralentie.
    Revenus de leur frayeur, les chasseurs virent disparaître la
berline avant d’avoir pu armer leur fusil. Ils donnèrent l’alerte et, une heure
plus tard, on retrouva la routière à demi immergée dans l’Ill, près de la porte
des Pêcheurs. La voiture était vide et les chevaux absents.

DEUXIÈME ÉPOQUE

Terre de romances

1
    Pendant plus d’une semaine Élise Métaz oscilla entre la vie
et la mort. La mise au monde de son deuxième enfant avait été longue, difficile
et douloureuse. Le bébé faillit périr, étranglé par le cordon ombilical. Sans
l’habileté du docteur Vuippens et la présence d’esprit de la sage-femme, qui
sauvèrent l’innocent de l’asphyxie et délivrèrent la mère, le fils cadet d’Axel
Métaz de Fontsalte n’eût jamais vu le jour le 29 octobre 1836.
    Très éprouvée par une hémorragie, Élise resta hébétée et
indifférente pendant quarante-huit heures. Puis elle donna soudain le spectacle
d’une excitation inattendue, se mit à frissonner et s’abandonna sur ses
oreillers, le front brûlant, le visage congestionné. Vuippens, rappelé par Axel
à la demande de la sage-femme, diagnostiqua une fièvre puerpérale, consécutive
à l’accouchement laborieux. Il avait cru la parturiente à l’abri de cette
infection, première cause de mortalité des accouchées. Toutes les précautions
avaient en effet été prises et les règles d’hygiène strictement observées par
la sage-femme qui, deux ans plus tôt, avait présidé à la naissance, sans aléas,
du premier enfant des Métaz.
    Vuippens, sans dissimuler son inquiétude, s’installa à
Rive-Reine et, quand Charlotte arriva de Lausanne, impatiente qu’elle était de voir
son deuxième petit-fils, le médecin, craignant le pire, la pria de rester au
chevet d’Élise. Pendant plusieurs nuits, les lumières brillèrent derrière les
fenêtres. Cela ne manqua pas d’intriguer Félicie Chatard, qui finit par
apprendre, de la bouche de Pernette, larmoyante, que M me  Métaz
luttait contre la mort. La commère répandit aussitôt la nouvelle dans le
quartier.
    L’angoisse étreignait toute la maisonnée et Flora, sollicitée
par Charlotte, vint relayer son amie au chevet de la malade. Blaise et Claude n’étaient
pas encore rentrés de ce que les épouses croyaient être une partie de chasse en
Bavière. Cette absence ne manqua pas d’inquiéter Axel, seul dans le secret de
la véritable destination des généraux. Il venait en effet de lire, dans la Gazette
de Lausanne du 2 novembre, que la conspiration de Strasbourg avait
échoué, que le prince Louis

Weitere Kostenlose Bücher