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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Napoléon et bon nombre de ses partisans avaient été
arrêtés et mis en prison. Fontsalte et Ribeyre étaient-ils du nombre ?
    Cependant Axel se souciait plus des souffrances d’Élise qui
s’affaiblissait d’heure en heure. La pâleur, le pouls ralenti de la malade
alarmaient autant le médecin que le mari. Le visage fermé, ce dernier errait
dans la maison, n’osant pas s’éloigner de la chambre de celle qu’il voyait déjà
sur le point de quitter la vie. Une visite du pasteur de Saint-Martin, que
Françoise avait prévenu sans en référer à quiconque, exaspéra M. Métaz et
convainquit la mère Chatard que sa voisine était à toute extrémité.
    La liqueur de quinquina, fébrifuge connu, n’ayant provoqué
qu’une légère et passagère diminution de la température, Louis Vuippens se
résolut à employer un nouveau remède à base d’arsenic, l’arséniate de potasse, de
maniement risqué et d’un dosage subtil. Cette médication se révéla efficace, la
fièvre tomba en vingt-quatre heures, mais la fétidité des lochies indiqua au
praticien que l’infection n’était pas complètement jugulée. Trois jours encore
s’écoulèrent avant que le médecin pût annoncer avec certitude qu’Élise se
tirerait d’affaire.
    Entre-temps, il avait fallu trouver une nourrice pour le
nouveau-né, que sa mère était incapable d’allaiter. Marie-Blanche, une saine et
robuste villageoise de la Gruyère, joues rouges et corsage rempli, engagée sur
recommandation du pasteur Duloy, s’installa aussitôt à Rive-Reine.
    — J’ai vraiment redouté le pire, mon vieux, confessa
Louis à Axel.
    Il ajouta qu’une longue convalescence s’imposait, sous
surveillance, afin de guetter le moindre symptôme de recrudescence de l’infection,
que pourrait révéler l’apparition d’un phlegmon. Cette complication fut
épargnée à Élise. On la vit bientôt réclamer son bébé, un peu déçue qu’il ne
fût pas une fille, et reprendre de l’appétit.
    Tout Rive-Reine avait retrouvé le sourire quand un soir, alors
que Charlotte, Flora et Aricie Chantenoz, arrivée dans l’après-midi, bavardaient
autour du lit d’Élise, une berline entra dans la cour, par la rue du Sauveur. Au
roulement de la voiture sur les pavés, Axel se précipita à la fenêtre et vit
avec soulagement Blaise et Ribeyre descendre du véhicule. Eux aussi étaient
saufs.
    À leur arrivée à Beauregard, informés de ce qui se passait à
Vevey, les deux amis avaient aussitôt repris la route, impatients de connaître
l’issue de la maladie d’Élise. Rassurée quant au sort de sa bru, qu’elle avait
soignée avec un dévouement exemplaire, M me  de Fontsalte
fit fête à son mari, M me  Ribeyre de Béran au sien.
    — Avez-vous fait bonne chasse, au moins ? demanda
Charlotte.
    — Avez-vous résisté aux charmes opulents des serveuses
bavaroises ? renchérit Flora.
    Fontsalte et Ribeyre, un peu penauds, jetèrent des regards
de biais du côté d’Axel, avant de répondre.
    — La chasse fut décevante, les battues mal organisées
et l’accueil beaucoup moins chaleureux que nous n’étions en droit de l’espérer,
dit Fontsalte avec un sourire embarrassé à l’adresse de son fils.
    — Quant aux Bavaroises, dont vous nous feriez la grâce
d’être jalouses, mesdames, elles sont d’une telle fidélité à leur seigneur et
maître qu’il eût été téméraire, peut-être même dangereux, d’essayer de les
détourner de leur devoir, compléta Ribeyre, usant d’une allégorie que M. Métaz
décrypta aisément.
    — En tout cas, on ne nous reprendra plus à répondre à
de telles invitations, assura Blaise, sincère et convaincu.
    — Ça vous apprendra à abandonner si longtemps vos
épouses, minauda Flora.
    Après le souper, quand Axel et les deux généraux se
retrouvèrent seuls, fumant leur pipe, dans le cabinet de travail du maître de
maison, les dames tenant salon autour d’Élise, tous trois commentèrent l’épilogue
de ce que la presse qualifiait de « téméraire entreprise ». Après un
séjour à la citadelle de Strasbourg, Louis Napoléon avait été, en grand secret,
transporté à Paris le 12 novembre. Il n’y avait passé que deux heures, avant
d’être, toujours aussi discrètement, conduit à Lorient et embarqué à bord d’un
bateau de guerre français, l’ Andromède, en partance pour l’Amérique.
    Louis-Philippe, ayant appris que la Chambre des pairs
refuserait de juger le neveu

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