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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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de Napoléon I er , avait montré
sagesse et habileté politique en faisant seulement expulser du territoire le
prince conspirateur, ravalé au rang de simple trublion. Quant à ses complices, toujours
prisonniers à Strasbourg, ils comparaîtraient plus tard devant la cour d’assises
du Bas-Rhin [83] .
Là encore, le pouvoir minimisait la portée de la conspiration, déjà qualifiée
de révolte de collégiens. Un procès eût offert au prétendant une tribune
nationale. On l’en privait, bien qu’il eût souhaité, devant le préfet de police
de Paris, seul et modeste interlocuteur délégué par le gouvernement, partager
le sort de ses amis.
    La Gazette de Lausanne, ignorant sans doute le
concours apporté au complot bonapartiste par le politicien genevois James Fazy,
s’indignait du soupçon de complicité manifesté par les autorités françaises.
« Le prince Louis est neveu du grand empereur dont le génie militaire a
jeté tant d’éclat sur les armes de la France ; le souvenir du petit
caporal vit toujours dans le cœur du peuple français. Faut-il chercher
ailleurs les causes de cette téméraire entreprise ? Vouloir rendre la
Suisse complice d’un attentat commis à trente lieues de ses frontières, c’est
plus que de la folie, c’est de la trahison [84]  », écrivait le
journaliste vaudois.
    Axel eut droit, ensuite, au récit complet de l’équipée
particulière de Blaise et Claude. Il apprit comment Trévotte, empruntant sans
autorisation la berline de voyageurs anglais, en attente devant l’hôtel de la
Fleur, avait permis aux généraux d’échapper à la prison où devaient se
morfondre encore sept membres de la conjuration qu’ils nommèrent : le
colonel Charles-Nicolas Vaudrey, le lieutenant Armand Laity, le commandant
Denis Parquin, le vicomte de Querelles, Raphaël de Gricourt, le comte de Bruc
et la belle lady Gordon, dont l’amant en titre, Fialin de Persigny, avait réussi
à fuir à travers la campagne. Quant au médecin-major Jules-Barthélemy Lombard, conjuré
en fuite, il avait dû se rendre à Arenenberg pour informer la reine Hortense du
fiasco d’une tentative de soulèvement – qu’elle ignorait peut-être – et
de l’arrestation de son fils.
    — À la sortie de la ville, nous avons dételé les
chevaux des Anglais et poussé leur voiture dans l’Ill, reprit Ribeyre.
    — Ce n’était pas très courtois pour des étrangers qui n’étaient
pas mêlés à cette affaire, fit observer Axel.
    — Il n’y a pas d’Anglais innocents, dit Blaise en riant.
    — Et ensuite ? interrogea Métaz.
    — Nous avons galopé jusqu’à un village, où nous avons
dormi dans une grange. Le lendemain, Titus, qui ne pouvait être inquiété, est retourné
seul à Strasbourg où il a récupéré ma berline et mes chevaux et, même, nos
portemanteaux car notre logement n’avait pas encore été visité par la police, acheva
Fontsalte.
    — Et vous êtes revenus par le chemin des écoliers, semble-t-il !
Plus d’une semaine pour revenir de…
    — … Bavière, coupa Ribeyre en riant.
    — Nous avons fait étape à Meursault, en Bourgogne, dans
la famille de Trévotte, pour nous remettre, avoua Blaise.
    — Jambon persillé, œufs en meurette, croustades aux
champignons, bœuf à la bourguignonne, vins chaleureux ! Quelle table, quelle
cave, quel accueil jovial et bon enfant ! Nous fûmes soignés comme des
princes victorieux alors que Louis Napoléon dégustait le brouet des vaincus, renchérit
Ribeyre.
    — Tout est bien qui finit bien, mais ceux qui vous
aiment souhaitent qu’à l’avenir vous vous teniez à l’écart de tels complots, dit
Axel, aimable.
    — Promis, dit Ribeyre.
    — Promis, dit Blaise.
    Une bouteille de dézaley scella cet accord et Ribeyre
constata, sans émotion, que l’événement de Strasbourg avait estompé la mort, en
exil, de Charles X. Le dernier frère de Louis XVI avait succombé, le 6 novembre,
à Goritz, dans le Frioul, à une épidémie de choléra.
    — Sa fin fut digne, après un règne interrompu par des
aigris qui ne le valaient pas, dit Fontsalte, en guise d’oraison funèbre, avant
d’en venir aux affres vécues à Rive-Reine pendant son absence.
    — Élise attendait une fille, je crois, mais comment
avez-vous appelé votre deuxième garçon ? demanda-t-il en posant son verre.
    — Charles, pour plaire à ma mère, et Bertrand, comme
son grand-père, le marquis de Fontsalte, dit Axel.
    Blaise, sensible à

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