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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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véritable jeu de massacre qui n’évite personne. C’est la “bienvenue qui nous est souhaitée au camp : les hommes, complètement affolés, ne réagissent plus, ne sachant où aller, car, partout où ils vont, ils sont frappés. Ils se groupent comme se groupent les bêtes d’un troupeau tendant l’échine aux coups… »
    L’orage passé, le discours et les insultes du Rapportführer entendus, les gamelles et cuillers distribuées, c’est la soupe qu’il faut avaler sur place. Roland Picart lui trouve un goût très particulier : « Nous devons manger debout. Autour de nous se tiennent des Russes et des Polonais quémandant… Mais que pouvons-nous leur donner, nous qui sommes aussi affamés qu’eux ? Un de nous vomit sa soupe et aussitôt trois ou quatre Russes se jettent à plat ventre pour laper à même le sol. Ce spectacle écœurant nous édifie : le kommando mérite bien son surnom de kommando de la Mort ! Après les coups, la famine ! Que vont nous réserver les jours suivants ? »
    Dirigé avec son frère sur le block 5, Jean Mélai découvre plutôt une écurie : « Ce block est terrible et nous y vivons comme des bêtes, avec un chef criminel allemand fou et sadique, condamné pour meurtre. Nous couchons à même le sol de béton, sur de minces sacs remplis de copeaux, alignés les uns contre les autres. Nous avons un sac pour deux, d’une saleté repoussante. La couverture, pleine d’excréments séchés, est écœurante et sent mauvais.
    « Le soir au coucher et surtout le matin au réveil, il faut, pour se dégager, marcher les uns sur les autres, au milieu des cris et des injures proférés par ceux qui sont au kommando depuis quelque temps déjà, en majorité des Polonais. La nuit, on étouffe, il n’y a ni fenêtres ni aération. Après quelques jours seulement, le découragement s’insinue en nous, contre lequel il faut lutter… »
    Toujours en minorité, les « Franzouses », premiers désignés pour les corvées, sont d’office responsables de tous les méfaits ou indisciplines des autres. Léon Bronchart constate avec amertume : « Tout de suite nous nous apercevons, nous Français, à quel point nous sommes honnis par toutes les nationalités ! Nous sommes les battus, les vendus, les traîtres, les lâches, les pelés, les galeux, les bons à tondre, les pourris. Ceci cause la mort de bien des nôtres qui pourtant eux, ne méritent pas cela… »
    Une des bêtes noires des Français est le Rapportführer S. S. Fritz Ficker, avec son inséparable cravache. Avant de plier sa victime en deux par un coup de poing dans l’estomac, puis de la redresser d’un uppercut en pleine figure, il prend le temps de sortir des gants noirs de sa poche et de les enfiler lentement. Avec ce sadique se détachent deux autres S. S. du peloton des tortionnaires. L’un, surnommé « Tarzan », maigre et petit, est souple et agile comme un singe pour fondre à l’improviste sur des détenus et jouer au casse-tête avec un bâton ou une planche qu’il peut briser net sur un crâne. Il approche de la cinquantaine et il est constamment ivre, mais ni son âge ni son état ne freinent sa chasse impitoyable. L’autre, un nommé Bayerlein, n’est appelé que « Bouledogue », tellement est rébarbative la sale gueule de ce soudard grand de près de deux mètres, pesant plus de cent kilos et doué d’une force herculéenne qui n’a d’égale que sa grossièreté : « Regardez-moi cette racaille de communistes, de gaullistes, cette pourriture de Français ! Regardez-moi ce troupeau de cochons de merde ! » sont ses insultes favorites, qu’il faut entendre en se découvrant, au garde-à-vous, avant d’encaisser les coups. Des détenus, redoutables criminels de droit commun, passés au service des S. S., sont tout aussi cruels. Les Kraska, Stephan, Jupp, Franz, Franck, Otto, Biski, Richard, Emil, etc., rivalisent de zèle assassin dans les baraques, sur les chantiers, aux cabinets, qui sont par exemple le lieu de prédilection de « La Danseuse » , un « vert » allemand, sautillant sans cesse sur ses jambes et balançant son gummi du bout des doigts, au même rythme. Accumulant contre eux une haine implacable qui explosera à la Libération et les livrera à la justice expéditive de leurs souffre-douleur, ils s’ingénient à faire mal et à faire du mal.
    Comble de malchance pour les trois cents premiers Français de Staaken : le printemps 1943 ne tient pas

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