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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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colonnes parties du grand camp d’Oranienburg-Sachsenhausen.
     
     
DE STAAKEN À FALKENSEE
    L’histoire du kommando de Falkensee résume assez bien l’histoire plus générale de la déportation des Français à Oranienburg-Sachsenhausen. Sur un effectif globalement maintenu d’abord à quinze cents puis à deux mille cinq cents hommes, plus de neuf cents Français sont dénombrés dans ce camp-annexe en deux ans, de mai 1943 à avril 1945. Ce sont les deux années de la construction, du développement et de la fin du kommando. Ce sont, pour les Français, les deux années d’une brutale descente aux enfers suivie d’une longue, difficile et toute relative remontée. D’abord parias entre les parias, ils ne baissent pas la tête et réussissent, grâce à leur organisation, grâce surtout à la solidarité des antifascistes allemands, à reprendre pied et à émerger de l’océan de cruauté où ils allaient disparaître. Voilà pourquoi ceux de Falkensee voient leur kommando d’un œil différent selon qu’ils appartiennent au premier ou au second gros arrivage de Français : en mai 1943 avec les « 64 000 » dont Vieux-Port, ou en juillet 1944 avec les « 84 000 », dont beaucoup de raflés de Figeac et du Lot.
    La création du kommando est décidée en janvier 1943, pour fournir de la main-d’œuvre aux usines Demag, appartenant au groupe industriel Hermann-Göring et fabriquant à Falkensee du matériel ferroviaire, des chars de combat « Tigre », des obus, des pièces détachées pour diverses catégories d’armements (affûts de mitrailleuses, engins Panzerfaust anti-chars, etc.). Il faut donc commencer par construire un camp près des immenses bâtisses en briques rouges recouvertes de filets de camouflage qui s’élèvent dans cette banlieue perdue, à vingt-cinq kilomètres à l’ouest de Berlin. En avant-garde, huit cents hommes sont détachés du kommando Klinker. Ils sont installés à trois kilomètres au sud de Falkensee, à Staaken, dans un camp désaffecté de travailleurs civils, en bordure de la voie ferrée Berlin-Hanovre, à proximité d’une gare, d’une usine d’aviation et d’un aérodrome. Il n’y a qu’une demi-douzaine de détenus français parmi une masse de Polonais, de Russes, d’Ukrainiens et une vingtaine d’Allemands qui tiennent les postes principaux.
    Les S. S. occupent des baraquements à l’extérieur, de chaque côté du chemin d’accès débouchant sur une place ceinturée d’arbres. À gauche, le block 1, qui abrite le Revier, et le block 2, à droite les blocks 3 et 4, au fond un grand bâtiment où se trouvent la cuisine, les magasins et le block 5. La clôture de barbelés n’est pas électrifiée, mais les projecteurs des miradors de chaque angle balaient le camp toute la nuit et un chenil fournit des gardiens supplémentaires, sournois et féroces.
    En quelques semaines, la sinistre réputation de Staaken gagne Sachsenhausen. Les trois cents Français désignés le dimanche 10 mai 1943 pour rejoindre ce kommando ne l’ignorent pas. Ils quittent avec appréhension leurs camarades du convoi du 30 avril 1943 restés au grand camp. Conduits à des camions par la musique qui joue «  Lily Marlène  » ils s’y entassent rapidement, à genoux, selon les ordres des S. S. La colonne de véhicules contourne Berlin. La matinée est radieuse. Il fait beau, même chaud. Le soleil brille, les lilas sont en fleur. Chacun se met à espérer. Et puis, tout bascule vers 13 heures avec le débarquement à Staaken.
    Jean Mélai repense à ce qu’il a subi il y a deux semaines à peine en descendant à Oranienburg du train de Compiègne : « Chefs de blocks et autres racailles se joignent aux S. S. pour nous accueillir sous une avalanche de coups. Frappant et hurlant à perdre haleine, les S. S., pourtant maîtres en la matière, sont dépassés. Dans une mêlée indescriptible, nous sommes littéralement jetés hors des camions. Je vois un colosse allemand prendre un camarade, le soulever de terre et, tel un sac de linge sale, le jeter dans la mêlée. Dans une sarabande infernale, nous refluons de tous les côtés et partout nous nous trouvons face à une matraque. Le sang coule de nez écrasés, de crânes fendus, tandis que des amis, assommés, gisent dans la poussière… »
    Roland Picart maudit mille fois Staaken et « cette vertigineuse descente des camions à coups de cravache, de bâton, de gummi, de poing, de pied, un

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