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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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voûtés, les plus valides soutenant ceux qui n’en peuvent plus. »
    Les cadavres sont portés par quatre hommes eux-mêmes exténués, qui tiennent machinalement chacun par un membre le corps disloqué. Au long du trajet, la charge macabre passe de main en main. Malheur quand l’un d’eux lâche prise et désorganise l’ordonnancement des rangs par cinq. Les surveillants distribuent généreusement les coups, y compris au mort… C’est le camion de Sachsenhausen apportant le ravitaillement au kommando qui remporte les cadavres, pour le crématoire du grand camp.
    Ce régime infernal fait des coupes sombres dans les rangs des Français. Sur les trois cents arrivés à Staaken le 10 mai 1943, il n’en reste plus que cent quatre-vingts le 10 juillet 1943 quand le kommando est transplanté à Falkensee même. En deux mois, les deux cinquièmes de leur effectif disparaissent : cent vingt morts ! Cent vingt Français qui comptent moins pour les S. S. que les tilleuls de la place d’appel de Staaken. Décidant que des matches de football auront lieu le dimanche après-midi, matches qui n’opposent que leurs protégés repus, ils font soigneusement déraciner puis replanter ces arbres chaque semaine par les détenus, le temps d’une partie !
    L’emménagement à Falkensee, le 10 juillet 1943, se fait d’abord de manière provisoire dans des baraquements en bois qui servent ensuite à l’administration SS. Il faut attendre encore trois mois pour que les blocks en dur du nouveau Falkensee soient terminés et occupés. Mais, si désormais la corvée quotidienne des six kilomètres à pied n’existe plus, le commandant S. S. Kurt Ludevic et son adjoint Fritz Ficker n’en continuent pas moins de sévir. Quatre jours après l’installation à Falkensee a lieu la première pendaison publique, celle d’un jeune Polonais de vingt ans qui a tenté de s’évader à la mi-juin de Staaken.
    Il réussit à se terrer deux jours aux alentours du chantier, attendant le moment propice pour partir, mais un détenu de droit commun le dénonce. Les S. S. s’acharnent sur lui et tous les témoins en frémissent d’horreur à l’exemple de Jean Mélai :
    « Le soir, lorsque les S. S. le font passer devant nos rangs sur la place d’appel, il n’a plus figure humaine. Il a été tellement battu que sa figure de gosse en est complètement déformée et couverte de sang séché. Il a du mal à se diriger, il doit à peine voir clair, car ses yeux sont presque fermés.
    « Sur sa poitrine, un écriteau : “J’ai voulu m’évader. Me revoilà. Je mérite la mort.” Il est effectivement condamné à mort et exécuté le soir du 14 juillet 1943, date qu’aucun des Français du kommando ne peut oublier.
    « C’est tout habillé de noir qu’il est conduit à la mort. Ses mains ne sont pas attachées. Il est très courageux et va se placer seul sous la potence. Il se tient bien droit et arbore un sourire narquois en regardant les S. S., tandis que la sentence est lue en plusieurs langues par des détenus interprètes. Son visage, encore marqué par les coups reçus, est calme et ne trahit nullement la peur.
    « Tandis que le bourreau, un détenu de droit commun volontaire pour ce genre de besogne, lui passe la corde au cou, il nous adresse un dernier salut de ses deux mains jointes au-dessus de sa tête et crie quelques mots en polonais.
    « Son agonie dure de longues minutes : quand on lui enlève brusquement le tabouret sous les pieds, son corps tombe à peine de quelques centimètres ; il n’y a pas cette chute brutale qui brise les vertèbres cervicales.
    « Après quelques secondes d’immobilité totale, ses mains crispées commencent à s’élever vers sa gorge, comme s’il voulait dégager son cou de la corde, mais, en arrivant à la hauteur des épaules, elles retombent brusquement. Ces gestes se répètent trois ou quatre fois, pendant que ses pieds, désespérément, se tendent vers le bas, essayant en vain de trouver un appui impossible.
    « Les mouvements se ralentissent, ses mains montent moins haut, puis s’arrêtent. Son corps fait un demi-tour vers la gauche, vers le groupe de S. S. fumant tranquillement des cigarettes en regardant la scène, puis revient dans sa position première comme si, même dans la mort, il ne voulait pas voir ses bourreaux. Sa langue sort de la bouche et un long filet de morve suinte de son nez.
    « Quand tout est terminé, on nous fait défiler au pied du

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