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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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dans le vide. Parentin esquive, passe sous les bras, place deux fois un “une-deux” à l’estomac et au foie, puis se retire. Avantage à Parentin ! Le premier round terminé, le mastodonte sue et souffle, il se masse le ventre. Parentin sourit, les spectateurs rient de bon cœur.
    « Deuxième round : Parentin attaque, crochet au foie, uppercut. L’autre grimace, plie, essaie de fuir, mais sous tous les angles ça pleut dur. Les “Tue-le” s’élèvent de la foule. Au repos, je dis à Parentin : “Descends-le, Marcel !” – “Pourquoi, répond-il, ça ne sert à rien.”
    « Troisième round : les coups au foie reprennent de plus belle. Littéralement couché sur Parentin, les bras ballants sur le dos de son adversaire, le Hallenvorarbeiter vomit soudain les gamelles de soupe qu’il a ingurgitées ce soir.
    « C’est fini. Marcel me rejoint. “Tu vois, dit-il, ces gars-là, nous matraquent tous les jours. Pourquoi veux-tu que je les descende au premier round ? Je les travaille beaucoup mieux en trois et ils s’en souviendront beaucoup plus longtemps.” »
    Avec les premiers froids de l’hiver 1943-1944, entre en vigueur une des mesures les plus importantes pour la survie des déportés, arrachée par la nouvelle administration « rouge ». Les appels ne se font plus dehors sur la place, mais à l’intérieur des halls, où la température est plus clémente.
    Les S. S. n’en changent pas pour autant leurs méthodes brutales de comptage, mais l’atelier fournit parfois des moyens de parade. Au hall 7, Paul Lagrue est excédé par les brimades dont son camarade d’Argenteuil, Roger Bieron, est victime : « Roger a vingt ans, de petite taille, ce qui l’oblige, selon le système de nos gardiens, à être toujours au premier rang. Pourtant, lorsqu’il nous compte, le Blockführer S. S. s’arrête toujours devant lui, l’injurie, l’accuse de le faire tromper et le frappe. Alors, avec Oscar Behr, nous nous procurons une caisse qui permet à Roger de se grandir, de pouvoir se placer dans la dernière rangée des files de cinq parmi les grands et d’échapper ainsi à la hargne du S. S. »
    Un dimanche, à l’appel dans le hall 3, Maurice Piat et Georges Lhostis sont côte à côte quand un de leurs voisins, un jeune Russe, reçoit l’ordre de sortir des rangs. Il est accusé d’avoir dérobé un morceau de pain. Frappé avec sauvagerie, il s’écroule en se tordant de douleur, le foie écrasé.
    La faim est cause de nombreux drames. Elle pousse certains à se compromettre, à trahir même. Elle suscite par contre des gestes de solidarité dont l’histoire des Français du kommando Heinkel est riche, comme cette « soupe des Français » dont mention sera faite au chapitre ultérieur de la Résistance au camp. La faim aiguillonne aussi l’initiative et l’esprit inventif de nos camarades. Bientôt, chacun a dans sa poche un « outil Heinkel » non inscrit au magasin de l’usine. C’est un petit morceau de dural prélevé sur les pièces de He-177 que l’on arrondit, que l’on perce de nombreux trous et que l’on fixe à un manche pour en faire un pilon presse-purée. Il sert à écraser les rutabagas et les pommes de terre dans la soupe, à rendre celle-ci plus consistante et plus digeste.
    Les fours, les chalumeaux sont utilisés en cachette dans les halls pour des cuissons clandestines de pommes de terre ou d’autres mixtures. Au hall 7, des maillets spéciaux pour le dural, en peau de cochon enroulée, sont fondus dans de l’eau chaude, ce qui ne rappelle que de très loin la senteur et saveur du jambon de Bretagne ou de Bayonne. À son établi du hall 2, Gaston Naud, qui travaille de nuit au chalumeau oxhydrique, prépare un soir un savant assemblage afin de camoufler le pot dans lequel il a l’intention de se faire un bouillon chaud avec un Viandox reçu dans un colis : « Je glisse le chalumeau sur le côté. Là, parfait ! Ça marche ! L’eau bout, je déballe mon cube de Viandox et le jette dans le pot. L’eau chante et commence à bouillir… Hélas, sortant de je ne sais où, surgit derrière moi le Vorarbeiter surnommé “La Craquette”. Il renverse mon pot de bouillon, se plante devant moi tel un roquet hargneux et ridicule. Son calot de Vorarbeiter ne m’arrive qu’au menton mais sa main arrive, elle, avec force sur mes joues.
    « Combien de fois me gifle-t-il ? je ne sais. Ce que je sais, c’est le terrible combat qui se

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