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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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Simonneau remarque que deux Meister n’affichent pas une sympathie outrancière pour Hitler : « Il y a le Meister des perceuses et celui qui est responsable de ma fraiseuse, un Berlinois, père d’une fillette et d’un petit garçon. Sa maison a déjà été bombardée deux fois ; il est maigre, il ne doit pas souvent manger à sa faim…
    « Tous deux prennent leur casse-croûte ensemble, assis à l’établi devant ma machine, s’isolant complètement de leurs collègues nazis, dont ils se méfient à juste raison… Leur menu est souvent composé d’un morceau de pain accompagné d’un radis noir. Le repas terminé, mon Berlinois m’appelle, me montre du doigt l’étagère à outils de l’établi et s’en va. J’y trouve un petit morceau de radis noir laissé à mon intention avec un ou deux mégots appréciables pour un déporté fumeur… Ce n’est pas grand-chose, mais comment ne pas être ému par ce geste qui a pour moi valeur de symbole… En tout cas, il est sûr que cet Allemand ne me considère pas comme son ennemi, mais comme un homme semblable à lui-même, comme un malheureux qui s’est révolté contre la barbarie nazie, qui, hélas ! s’est fait prendre au combat et souffre actuellement dans sa chair et dans son âme…
    « Sa maison bombardée pour la troisième fois, mon Meister est absent une quinzaine de jours, durant lesquels il essaie d’aménager, parmi les décombres, un coin pour mettre les siens à l’abri. Mais il ne me tient pas rigueur d’être l’allié des Américains qui le bombardent…
    « Peu après, à la fin de son repas, il me fait le signe habituel. Je trouve le morceau de radis noir, un mégot et une petite galette format biscuit breton. Je n’en crois pas mes yeux. Le second Meister, qui parle français, m’explique simplement (et toujours rapidement) : “Mon collègue a baptisé son fils. Sa femme a confectionné des petites galettes. Elles ne sont pas très bonnes, mais il vous en offre une à cette occasion.”
    « Je trouve la galette doublement délicieuse. En plus de sa saveur propre, elle a un goût d’humanité, d’espoir en l’homme… »
    Quelques colis de la Croix-Rouge sont, en décembre 1944, des miettes que se partagent les « familles » des Français, nom donné à leurs collectivités de blocks et de chambres. Mais le froid, la famine reviennent à l’attaque. Dans une boule de pain, il faut sortir deux, puis quatre, puis six rations supplémentaires. La soupe est de plus en plus claire. Les morts se multiplient, bien que l’ancien commandant du camp, muté dans les “Waffen S. S.”, soit remplacé par un officier de la Wehrmacht, Kannenberg, et que le Rapportführer Ficker doive céder sa place à un sous-officier plus âgé.
    Quarante alertes aériennes en février 1945, quarante-cinq en mars… Évacués devant la poussée des armées soviétiques, plusieurs centaines de déportés du camp de Lieberose font halte à Falkensee. Décharnés, faméliques, ils sont à bout de forces après une marche de plusieurs jours. Le lendemain, ils repartent, y compris les moribonds. Ceux de Falkensee frémissent en pensant qu’un sort semblable leur est peut-être réservé.
    Il n’en est rien. Jusqu’à la libération qui se fait sur place, Falkensee reste dans le déluge de la bataille de Berlin comme un navire ballotté par la tempête mais qui demeure ancré à son point d’attache.
     
     

KLINKER   : DES BRIQUES AUX GRENADES
    Du grand camp d’Oranienburg-Sachsenhausen au kommando Klinker, le chemin est court. Passé le porche, les détenus tournent à gauche, longent le mur d’enceinte, franchissent le pont sur le canal de la Havel, et ont à peine le temps de loucher à droite du côté des installations de la boulangerie qu’ils aperçoivent déjà l’immense bâtisse de l’usine Klinker avec sa haute tour à horloge !
    En vis-à-vis, une petite construction basse abrite les services et la cuisine des S. S., ainsi que le laboratoire. Il faut continuer jusqu’à un bâtiment en briques à deux étages qui constitue à la fois l’entrée du camp Klinker et les blocks 11, 12 et 13. Ce sont les seuls en dur ; les autres, disposés de part et d’autre de la place d’appel, sont des baraquements comme à Sachsenhausen. Petit camp à l’ombre du grand, Klinker n’existe sous cette forme que depuis le 28 avril 1941. À cette époque, il compte quinze cents hommes ; il y en a trois mille cinq cents à

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