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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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coups de matraque. Rien à faire. On ne peut pas non plus se tenir dehors… Pourtant, là, il y a une fontaine, mais, si on tente d’aller boire ou de s’y laver, on est battue…
    « Quatre jours, du 28 mars au 1 er  avril, nous vivons cette vie intenable. La nuit est particulièrement pénible. Groupées entre Françaises, nous essayons quand même de dormir. Nous nous accroupissons les unes sur les autres, jambes, têtes, corps mêlés de façon ahurissante. Nous ne dormons pas, puisque nous recevons des coups continuellement ; le pied d’une voisine nous martèle le visage pendant que deux épaisseurs de corps s’installent sur notre ventre.
    « Il y a un gros bombardement. Certaines vont au Bunker, si serrées que quelques-unes s’évanouissent et que l’on ne peut les emporter. À l’entrée, les gardiens tapent dur avec des gourdins. Celles qui sont restées dans le block n’ont guère plus de répit. Malgré le dégorgement apporté par le départ des camarades au Bunker, elles sont envahies par d’autres qui essayent de se mieux caser. Les hommes, séparés par de simples fils de fer barbelés et deux sentinelles, viennent retrouver les femmes.
    « Des chambres voisines, on entend des cris, des rires, des coups de fusils aussi. Les Françaises se barricadent, se battent, mais empêchent les prisonniers de venir les violer. Soixante-dix prisonnières ont la tête tondue le même jour pour avoir accueilli les hommes…
    « La soupe, une fois par jour (parfois deux), est distribuée dehors sous le vent et la pluie. On évolue dans un cauchemar. Plus d’un bobard circule : les Américains seront là pour le 1 er  avril… Qui sait ? »
    Le 1 er  avril 1945 est un dimanche, le dimanche de Pâques, et, si les Américains sont encore loin de Berlin, ce sont les femmes du kommando Siemens qui quittent Adlerhof ce jour-là. Par le métro aérien, elles gagnent Oranienburg, d’où elles rejoignent à pied le grand camp de Sachsenhausen.
    Odette Foirest entend mal le discours et les menaces du commandant : « Nous restons de longues heures au garde-à-vous sur la place d’appel. » Catherine Ammar remâche sa faim : « Nous n’avons rien mangé que le morceau de pain du départ, nous n’avons rien bu et nous sommes couvertes de saleté et de poussière. Mais, puisque nous allons aux douches chaudes (sans savon bien sûr, et nous remettrons le même linge sale, la même robe crasseuse qui sent encore la fumée de l’incendie), il faut bien insister sur cette bonne douche chaude, y penser et s’en réjouir : cela anime un peu le morne désespoir de nos regards. D’avance nous savourons la joie que nous aurons à boire quelques gouttes d’eau chaude en ouvrant la bouche sous le robinet… »
    Renée Dray, sur le chemin des douches, s’interroge, car sur la place les bruits les plus fous ont couru tout à l’heure, évoquant une éventuelle extermination : « Que va-t-il sortir des jets ? De l’eau, des gaz ? Nous avons de la chance, c’est de l’eau. On nous conduit ensuite vers des blocks ceinturés par une palissade en bois, près des cuisines. S’y trouvent déjà des femmes d’autres kommandos de Berlin qui, comme le nôtre, ont été bombardés. Il y a en particulier les femmes du kommando Auer… »
    CHEZ AUER. Esther Brun-Kennedy est dans le premier groupe de femmes de Ravensbruck – un millier environ – à être transféré durant l’été 1944 à la fabrique de masques à gaz Auer, installée à Oranienburg… « Pour partir, on nous donne des robes d’été neuves de couleur gris clair et des bas. Nous sommes à peu près propres et nous nous étonnons de ce souci des S. S. Mais nous en comprenons vite les raisons à Oranienburg. Comme nous devons traverser la ville à pied, sous les yeux des civils, ils veulent montrer que nous sommes bien traitées. D’ailleurs, dès notre arrivée au camp de l’usine Auer, on se dépêche de nous reprendre nos bas. Nous ne gardons que la robe d’été… que nous porterons même en hiver !
    « Le kommando, agrandi par la suite, ne comprend pour l’instant que quatre baraques de dix chambres, dont chacune reçoit vingt-quatre femmes. Tout est neuf : les tables, les bancs, les châlits. La baraque-cuisine n’étant pas encore terminée, nous avons droit – pendant quelques jours seulement, hélas ! – à la soupe du personnel civil de l’usine. Car les choses se gâtent vite et le régime devient très

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