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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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dur, surtout pour nous, les Françaises résistantes, qui ne sommes que vingt-huit.
    « Les punitions collectives pleuvent. Pour un lit mal fait, des W.-C. sales, la soupe de midi est supprimée. On nous rebat les oreilles avec la propreté, l’hygiène, mais dans chaque block il n’y a qu’une douzaine de robinets pour deux cent quarante femmes et l’eau ne coule qu’une heure par jour…
    « Est-ce la rareté de l’eau qui fait germer dans l’esprit de nos bourreaux l’idée du supplice que nous subissons le dimanche 6 août 1944 ? Après le réveil, à quatre heures comme d’habitude, l’appel se prolonge toute la matinée sous un soleil de plus en plus chaud. À midi, la soupe, ou plutôt le jus qui en fait office, est salé, très salé, alors qu’ordinairement il ne l’est pas.
    « Les sadiques nous font alors revenir sur la place d’appel. Brûlées par la soif et le soleil, nous tombons les unes après les autres, c’est terrible ! Quelques-unes se sauvent pour aller boire, elles sont battues… »
    Le 20 septembre 1944, c’est au tour de Denise Manquillet – Denise Schneider est son nom de jeune fille – de quitter Ravensbruck pour le kommando Auer avec son groupe de Lorraines qui ne se lâchent pas depuis Neue-Bremm.
    Elles ont toutes été arrêtées fin juin ou début juillet 1944 pour le même motif : « aide apportée à un proche parent pour déserter de l’armée allemande », dans laquelle les Alsaciens-Lorrains annexés sont incorporés de force.
    Devant l’avance américaine, elles sont transférées le 3 septembre de Neue-Bremm vers Ravensbruck. Maintenant, mêlées à des détenues de toutes nationalités, elles inaugurent un nouveau baraquement tout neuf du kommando Auer. La répartition par chambrée se fait aussitôt selon les emplois prévus. Denise Manquillet, connaissant parfaitement la langue allemande, est désignée pour des travaux de bureau. Elle se retrouve ainsi avec M me  Tissier, de Sarrebourg, dans une chambrée où elles sont les seules Françaises. Elle lie amitié avec trois Allemandes de Cologne (Rosa Sawarowsky, dite « Rosel », Erna Liessem et Leni Bauer) au cours d’une première période d’inaction forcée. En effet, presque immédiatement, un cas de scarlatine se déclare parmi les Lorraines. Marianne Jullé est la première atteinte. Tout le block est mis en quarantaine et celle-ci est prolongée à deux reprises après l’apparition de nouveaux cas.
    Pendant soixante et quelques jours, Denise Manquillet reste inoccupée avec ses camarades, mais il ne s’agit pas de repos : « Nous sommes harcelées par les surveillantes qui nous font sans cesse recommencer nos rangements et nos lits, en jetant tout par terre et en nous infligeant avec raffinement les tourments les plus variés. Et, surtout, nous sommes torturées par une faim atroce, vrillante, qui tord l’estomac à en hurler. »
    Après cette période éprouvante, les Lorraines découvrent le camp et ses divers blocks, dont plusieurs sont réservés entièrement soit à des femmes russes, soit à des Polonaises, pendant que d’autres sont mélangés, comme c’est le cas pour un block franco-polonais. Il est interdit de circuler d’une baraque à l’autre mais l’entraide se joue des règlements. Denise Manquillet, qui travaille au bureau du camp avec Rosa Sawarowsky, une militante communiste de Cologne dont le mari a été fusillé à Sachsenhausen, reçoit un soir une visite : « En cachette, une des Françaises du block franco-polonais, une ancienne du camp, vient me trouver pour voir si je ne peux pas faire quelque chose pour ses compagnes. Je comprends combien sa démarche est justifiée après m’être rendue, en cachette moi aussi, à son block. Je vois un spectacle si bouleversant que mes larmes jaillissent spontanément : une chambrée complète de Françaises si décharnées qu’il ne leur reste, dirait-on, que les yeux. Des yeux implorants, inoubliables. Je demande comment il se fait qu’elles soient dans un tel état. L’explication est simple : le block comprend une minorité de Françaises. Les autres sont Polonaises, dont la Blockowa, qui favorise ses compatriotes en leur servant le fond épais du bidon de soupe, ne donnant aux Françaises que l’eau de la surface.
    « J’en parle à Ruth, notre chef de block allemande minuscule, agile, que l’on voit toujours en train de se gratter, dévorée d’énervement par les démangeaisons que lui

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