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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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creuser une fosse qui devient la hantise des dysentériques et autres malades redoutant d’y glisser. Renée Dray est révoltée par l’acharnement sadique de quelques gardes : « Sous prétexte que nous nous accroupissons trop loin du trou, ils nous frappent à tour de bras. Plusieurs filles meurent ainsi dans la fosse… » Des tinettes ne sont installées que le 11 avril.
    Le 14 avril, dans le block de Catherine Ammar, la peur s’installe. Aux gifles de la Blockowa, Bernadette Kinderstuh riposte de la même manière. Elle attend maintenant son châtiment, dehors. Il va durer deux heures. Avec les autres Françaises, Catherine Ammar a le nez collé à la fenêtre : « Bernadette est déshabillée devant une dizaine d’ Aufseherinnen et de S. S. Elle est arrosée de plein fouet avec un tuyau d’arrosage, ranimée à coups de nerf de bœuf cinq fois de suite, sans avoir le droit de s’essuyer. Puis elle enfile ses hardes qu’on lui jette une à une, comme un os à un chien. Elle revient au block crachant, toussant, n’ayant plus figure humaine. Nous n’avons rien pour la réconforter. Nous ne pouvons que partager sa rancœur, son indignation… » Le 17 avril, dans la nuit, une baraque où sont entreposés des colis de la Croix-Rouge est pillée par les Blockowas, les Aufseherinnen et d’anciens détenus allemands enrôlés comme soldats par les S. S. Les prisonnières, attirées par le bruit, veulent leur part : la bagarre est générale. Gilberte Bouquet avise un des hommes qui balancent les colis par les fenêtres du block : « Dans un jargon français-allemand, je lui demande de jeter en vrac des marchandises aux Polonaises qui m’entourent. Pendant qu’elles se les disputeront il pourra me remettre un de ces fameux colis. Ce qui est dit est fait. Je mets le colis dans ma robe relevée que je tiens bien haut serrée. Je fonce tête baissée à travers les rangs des Blockowas et sauve mon précieux fardeau sur lequel je reste couchée toute la nuit. »
    Quatre jours plus tard, ces denrées de la Croix-Rouge sont fort utiles à Gilberte Bouquet et à ses amies qui s’évadent à Hohenbruch au début de la marche d’évacuation du camp.

CHAPITRE CINQ

SOUS L’ORDRE S.   S.
     
    «  Alles in Ordnung ! » (Tout est en ordre). La formule consacrée retentit à tous les niveaux de la hiérarchie du camp pour dresser n’importe quel constat, pourvu que ce constat soit celui ordonné par l’échelon supérieur. Il faut que tout soit en ordre selon l’ordre établi par le système S. S., cet ordre fût-il l’expression du plus monstrueux et du plus dément des désordres.
    «  Alles in Ordnung  » quand les morts sont amenés à l’appel avec les vivants, car le bon ordre exige qu’il y ait autant de présents le soir que le matin.
    «  Alles in Ordnung  » quand un puni s’évanouit sous la bastonnade mais qu’il a présenté au préalable un bulletin médical (délivré d’office) attestant de son aptitude à recevoir du bourreau dix, quinze, vingt-cinq coups de schlague ou plus.
    «  Alles in Ordnung » quand un prisonnier brisé par la torture est remis sur pied avant d’être fusillé, car il doit être pleinement conscient de son châtiment.
    «  Alles in Ordnung  » quand, par l’œilleton vitré de la porte blindée, le responsable de la chambre à gaz ne voit plus aucun corps remuer à l’intérieur.
    «  Alles in Ordnung » quand la paillasse est faite au carré, quand les détenus d’un block sont bien alignés sur cinq files par ordre croissant de taille à partir du premier rang ; quand une bureaucratie comptable poussée à l’extrême tient compte aussi bien des effectifs des prisonniers que du poids des cheveux coupés ou du nombre des alliances, montres, bijoux « récupérés » sur les victimes du nazisme.
    Il serait toutefois erroné de croire que tout est ainsi codifié dans le système concentrationnaire hitlérien. Les règles de l’ordre S. S. déjà contre-nature sont surtout là pour faire illusion et cacher les massacres, les crimes, les vols commis dans l’ombre au mépris de toute loi humaine. Combien d’hommes sont entrés à Sachsenhausen et y ont été exterminés sans laisser de trace sur aucun registre ? Combien de blessés, de malades ont été achevés d’un dernier coup, d’une dernière piqûre, d’une dernière balle sans qu’il soit question de les soigner ? Combien d’or et d’argent a été détourné du

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