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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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bunker puant et visqueux. Sauf la dernière fois, où nous passons d’abord à la Schreibstube et à la désinfection. L’Allemand qui est de service nous dit : “Demain vous serez pendus !” Rentrés au Bunker, nous pensons à nos familles, aux copains, au Parti et à la vie qui changera avec la victoire.
    « À l’aube, nous nous éveillons, grelottant de froid et de faim. “Si nous continuons comme cela, dis-je à Georges, les copains vont croire que nous avons peur.” Mais, après l’appel, Georges et moi nous sommes renvoyés à la kolonne 6, tandis que Pompon est reconduit au Bunker. Au hall 2, nous apprenons que l’accusation de sabotage a été confirmée par un Vorarbeiter.
    « Deux nuits après, nous sommes ramenés à la Schreibstube où nous sommes informés que Pompon a tenté de franchir les barbelés après avoir arraché la grille du soupirail. Il a failli réussir mais, surpris, il s’est déchiré la jambe en reculant. L’alarme a été donnée, tout le camp réveillé, les détenus comptés et recomptés. Nous ne reverrons plus notre cher Pompon. Pierre Renaudet est transféré au grand camp. L’organisation nous fait savoir par la suite qu’il est à la S. K., la Strafkompanie, et que l’on s’efforce de l’aider. »
    Gilbert Dupau, qui a quitté le hall 2 pour le service de la cantine des civils, confirme : « Quand Guérin et Roux reviennent, je leur porte des pommes de terre et de la soupe, en douce, dans les waters du 2, pour les réconforter, car ils ont beaucoup souffert. Le pauvre Pompon, lui, a sûrement de plus fortes présomptions contre lui. On pense qu’il s’est dénoncé pour sauver les deux autres et toute l’organisation. »
    En fait, en prenant tout sur lui, Pierre Renaudet, ouvrier de l’arsenal de Tarbes, résistant de la première heure, sauve toute la résistance française de Heinkel. À la Strafkompanie, où il arrive blessé, exténué, il est aidé et entouré de bons camarades, il survit. Il se confie à Bernard Méry qui transmet son message :
    « Une nuit, au Bunker de Heinkel où je suis resté seul, me dit Pompon, vient un officier S. S. tenant des tranches de pain coupées, tartinées de margarine avec des rondelles de saucisson. Il me dit d’abord : “Pourquoi as-tu fait cela ?” – “Je suis un patriote français, je l’ai fait pour mon pays.” – “Mais tu sais qu’il y a des accords avec la France et que nous sommes alliés…” Il me donne les morceaux de pain et ajoute : “Prends ça et mange.” Puis il me tend une lettre pour écrire à mes parents. Je lui dis : “À quoi bon, elle ne leur parviendra pas !” – “Écris, me répond l’officier, je te promets de la mettre moi-même à la poste à Berlin.”
    « Je comprends alors que je vais être pendu. Seul à nouveau, hors de moi, je tâte les clous de la porte comme pour les arracher, je tape dans les murs, je secoue désespérément la grille du vasistas, elle me reste dans les mains. Elle était scellée avec du plâtre mort ! Je prends une de mes couvertures et je saute impulsivement par la fenêtre. Une planche traîne près du magasin, je la place sur les rouleaux de barbelés avec ma couverture pour atteindre les fils électrifiés et tenter de me glisser dessous. Il fait sombre, il pleut et je n’ai pas entendu venir un S. S. qui patrouille avec un chien dans le chemin de ronde. Il braque sa lampe sur moi, tire et me manque. Je saute en arrière et glisse dans les barbelés qui m’entament la jambe jusqu’à l’os, mais je m’en arrache. Je repasse par le vasistas, replace le panneau grillagé tant bien que mal et me blottis sous la couverture qui me reste.
    « Une première patrouille passe au Bunker mais ne voit rien. Plus tard, ayant trouvé la planche et la couverture restées dans les barbelés, les S. S. me découvrent, trempé, la jambe couverte de sang. Ils me ramènent au bureau et me dérouillent terriblement. Sans cesse, ils me battent et me questionnent en hurlant pour savoir qui m’a aidé. Ça dure presque deux jours, sans rien à manger. Je n’ai rien dit et me voilà ici… »
    À vrai dire, Pompon ne comprend pas encore très bien pourquoi il est toujours en vie. C’est que nous sommes en août 1943, que la plus grande vigilance a été recommandée au commandant S. S. de Heinkel, dont la production doit permettre de réaliser la menace de Hitler : porter la guerre et la destruction chez l’adversaire.

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