Sachso
bombardement de l’usine Heinkel.
Malgré ses habiletés, grâce aux déclarations faites au retour par les anciens de Sachso, Roumi, convaincu d’intelligence avec l’ennemi et de dénonciation ayant entraîné la mort, sera condamné à la peine capitale par la cour de justice de Versailles. Il est fusillé à Satory. Juste châtiment pour ce criminel et ce traître qui a envoyé André Bergeron et d’autres résistants français et allemands à la mort sous les balles des S. S. de Sachsenhausen.
LES MARTYRS ALLEMANDS ET FRANÇAIS DU 11 OCTOBRE 1944
La mission de délation confiée à Roumi au hall 8 de Heinkel à l’été 1944 n’est qu’une petite partie du vaste plan policier lancé par la Sonderkommission de la Kripo (Commission spéciale de la police criminelle du Reich) nommée pour enquêter sur les activités clandestines des détenus d’Oranienburg-Sachsenhausen et de ses kommandos. Dirigée par le S. S. Obersturmführer Cornely, elle décèle vite l’existence d’une résistance qu’elle a maintes fois décimée parmi les communistes allemands, mais qu’elle retrouve maintenant élargie à toutes les nationalités et à toutes les opinions. Méthodiquement, elle s’adjoint des mouchards dans tous les kommandos, elle met en fiches tout ce qui peut conduire au mouvement clandestin, les hommes occupant une place administrative, ceux qui font l’objet de plusieurs dénonciations, les saboteurs pris sur le fait. Le 27 mars 1944, l’enquête prend une plus grande dimension. Dans une chronologie du camp, l’ancien Lagerältester Harry Naujocks en relate le développement :
« Le détenu politique Friedrich Bücker est surpris dans une pièce du block 2 (Block-séchoir) du grand camp par le Sturmbannführer Lauer et l’ Obersturmführer Rossner en train d’écouter la radio sur un appareil clandestin. Au cours de la fouille exécutée immédiatement, on trouve une machine à écrire et des tracts intitulés : “Instructions pour le travail révolutionnaire dans la Ruhr.” À la commission spéciale de la Kripo est adjointe une section de la Gestapo qui se charge de l’instruction de ce cas. Les détenus Willy Grübsch et Dietrich Hornig sont arrêtés. »
Adjointe ou plutôt concurrente de la Kripo, la Gestapo dirigée par Brotarsche pousse au poste de Lagerältester Samuel Kuhnke, catalogué « asocial » avec le triangle noir. « Un nazi et un égoïste forcené qui, pour satisfaire son appétit de jouissance, marchera sur des tas de cadavres… », déclarera plus tard le détenu politique Engelmann, un des secrétaires du camp, homme habile et courageux, cramponné à son poste pour sauver le maximum de ses camarades grâce à sa connaissance des trafics de la direction S. S. Kuhnke, homme de confiance de la Gestapo, par des promesses de nourriture, d’un meilleur traitement, voire d’une libération, fait travailler pour lui des détenus, dont trois Français qu’Engelmann identifie : Liebeskind, n° 58 297, Dubuisson, n° 67 560 et Ward, n° 58 737.
La découverte d’une activité « révolutionnaire » dans la Ruhr dirigée par des détenus de Sachso résulte-t-elle d’une machination des « verts » pour s’emparer de la direction, et des S. S. pour liquider les politiques en place afin de décapiter la résistance ? Il reste que la liaison de cette résistance intérieure avec les groupes d’Anton Saefkov et de Herbert Tschäpe (évadé de Sachso), qui mènent le combat antinazi jusque dans Berlin, est ainsi mise en lumière et que la Gestapo établit vite que la filière passe par les familles des détenus communistes allemands.
Louis Péarron en a la preuve : « En mars 1944, des dizaines de communistes allemands, dont mon ami Robert Ullrich qui travaille à côté de moi, sont incarcérés au block 58. Certains, avec lui, sont ensuite transférés à la prison d’Alexanderplatz… Quelques mois après, il me fait parvenir un message par un autre camarade allemand récemment arrêté, devenu tourneur à K. W. A. Cet Allemand me cherche et je l’accueille avec méfiance, mais il me donne des détails qui m’inspirent confiance. Il m’explique qu’il faisait partie des contacts extérieurs de Robert. Il a été arrêté en même temps que sa femme et la femme d’Ullrich, toutes deux maintenant à Ravensbruck ; et le message qu’il me transmet est celui d’un mort ! Depuis, leur affaire a en effet été jugée, il y a eu
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