Sachso
sous-officiers métropolitains.
D’autres Français se sont retrouvés sous l’habit rayé à Oranienburg-Sachsenhausen après des périples divers, non pas dans des prisons françaises mais dans des prisons d’Allemagne. Tel est le cas de ceux qui, raflés, arrêtés ou requis pour le travail forcé dans les usines du III° Reich, s’y sont comportés en patriotes, contrairement aux volontaires qui se sont déshonorés à servir la machine de guerre nazie pour les marks de la trahison.
Jean René, arrêté le 11 mars 1943 à Paris, connaît ainsi en premier lieu le camp S. T. O. d’Anklam, en Poméranie, qui fournit de la main-d’œuvre à une usine de la firme d’aviation Arado. Mais, le 5 mai 1943, la Gestapo met fin à ses activités, non conformes aux intérêts de ses employeurs. Il devient le n° 1 812 au camp de Pölitz. Puis ce sont des interrogatoires à la prison de Stettin et l’envoi à Sachsenhausen.
Les ennuis d’Alphonse Basquin commencent, quant à lui, dès Paris, où les ordres de réquisition des Allemands lui parviennent dans le laboratoire de produits pharmaceutiques où il travaille, 123, boulevard Saint-Michel : « Je cherche à disparaître mais je suis retrouvé et convoqué au centre de la rue Lauriston, où opère la Gestapo. Là, je suis obligé, au titre des 10 % de travailleurs que doit fournir l’industrie chimique française, à partir dans une usine de l’I. G. Farben à Merdingen. La directrice de mon laboratoire, qui m’a accompagné, est soulagée. Si je n’étais pas parti, c’est son fils qui aurait été pris…
« Mais, à la fin de l’été 1944, c’est moi qui suis pris dans mon usine de l’I. G. Farben. Pour sabotage. On m’emmène à la prison de Krefeld. Il y a beaucoup d’autres saboteurs, d’autres usines. Nous passons à la queue-leu-leu devant un semblant de tribunal composé d’un secrétaire qui, avec un soutire de satisfaction, fixe pour chacun notre degré dans l’échelle des “ennemis dangereux”. Nous nous retrouvons tous dans la cour de la prison : une soixantaine de Français et des étrangers, parmi lesquels beaucoup de Russes, y compris des femmes. En fin d’après-midi, entassés par cinquante dans des voitures cellulaires, nous sommes conduits à Düsseldorf, dans un camp de transit au milieu des ruines laissées par les bombardements. Les S. S. nous parquent dans une espèce d’écurie après nous avoir dévalisés de tout ce que nous possédions… Tout à coup nous entendons des cris dans la cour. Quelques-uns se hissent jusqu’à une ouverture d’aération pour voir au-dehors. Au gibet que nous avions vu en entrant mais que nous prenions pour une sinistre décoration destinée à nous faire peur, les S. S. pendaient un homme… Trois jours après, le 15 septembre 1944, notre convoi formé à Düsseldorf part pour Sachsenhausen. »
D’une façon indirecte, le S. T. O. a fourni aussi d’autres déportés au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen. Henri Pasdeloup rapporte comment Deschamps, de Tours, a servi d’otage pour ses fils. Arrêté parce que ces derniers avaient fui en zone libre pour échapper à la réquisition, il s’était entendu dire par les Allemands : « Lorsque vos fils seront repris, vous serez libéré. » Les fils furent repris et envoyés en Allemagne, mais le père resta au camp.
Pour se soustraire au S. T. O., nombre de jeunes ont connu de cette manière la Résistance et la Déportation. Paul Laborie a vingt et un ans en 1943. Il habite à Paris, dans le XVIII° arrondissement, le quartier populaire de la rue Pajol : « Je n’ai, il faut bien le dire, aucune connaissance de la situation politique de l’époque. Je sais seulement que je refuse d’aller travailler en Allemagne, que je refuse le S. T. O. Mes parents entrent donc en contact avec des Français qui font paraît-il partie de la Résistance. Je pars avec eux le 15 mars 1943 par la gare d’Austerlitz pour me rendre à Saint-Jean-de-Luz. En cours de route, il y a dans le train un contrôle d’identité par la police allemande. De nombreux jeunes, dont je suis, ne sont pas en situation régulière. On nous fait descendre à Biarritz, on nous enferme dans une villa servant de prison à la Gestapo. Interrogé, je ne nie pas avoir voulu traverser la frontière espagnole pour rejoindre les Forces françaises libres en Afrique du Nord. Au bout d’une semaine, nous sommes transférés à la caserne Boudet de
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