Sachso
diverses formes : en agissant dans des partis ou mouvements clandestins, en se battant dans des groupes armés, en voulant rejoindre les Forces françaises libres du général de Gaulle et du gouvernement de la France combattante, en œuvrant avec les réseaux des Alliés en France occupée, en aidant à s’échapper les prisonniers évadés et les aviateurs abattus, en sabotant la machine de guerre allemande et la production au service de l’ennemi, en faisant preuve d’une ingéniosité que bien souvent la Gestapo n’aurait pu déceler sans les dénonciations de traîtres à sa solde…
Ils sont tombés mais ne renoncent pas. Ils continueront, nombreux, à résister, y compris dans les pires conditions des prisons, des camps et d’Oranienburg-Sachsenhausen. Ils ont à cœur de rester jusqu’au bout fidèles à leur engagement premier.
Pour le gendarme Antoine Faure, cela remonte à septembre 1940. Maréchal des logis-chef, il commande la brigade de Feurs (Loire), où se trouve un dépôt de matériel de guerre dont il est responsable. Cinquante camions américains neufs sont là avec leurs moteurs de rechange, des motocyclettes, des caisses avec cinq tonnes d’armes diverses. À qui servira cet armement ? Membre du réseau de résistance C. D. M. (Camouflage de matériel de guerre), Antoine Faure a fait son choix : « Quand la Gestapo de Vichy vient m’arrêter le 24 mai 1943, rien n’est trouvé et rien ne sera trouvé. Les véhicules et les armes ont été disséminés chez cinquante-deux cultivateurs de la région. » En octobre 1943, Antoine Faure franchit la porte de Sachsenhausen ; dans la Loire, « ses » armes crachent le feu pour la libération.
Louis Péarron, Parisien démobilisé en Corrèze, n’accepte pas non plus la capitulation que Pétain s’évertue à justifier. Dans le Cher, près de la ligne de démarcation mais en zone dite « libre » , il retrouve les siens. Il y reste pour ne pas rentrer à Paris occupé. C’est l’hiver 1940-1941. « J’écoute Radio-Londres. Je cherche une organisation de résistance. Je fais des pieds et des mains pour essayer de me rendre utile et de recruter le maximum de gens. Malheureusement, il faut reconnaître que le moral de la population n’est pas encore mûr à cette époque. La majorité croit en Pétain, qui égare par ses discours paternels. Jusqu’au 15 mai 1941, par tous les moyens, je cherche le contact en zone sud. Épuisé par cette attente vaine, je décide de passer la ligne de démarcation et de rentrer à Paris, où j’aurai peut-être plus de chance. Début juin 1941, je contacte mes amis Pouch et Levet (qui seront déportés comme moi à Sachsenhausen et y mourront) et nous allons à fond. Notre organisation, le réseau « Armée des Volontaires », est reliée à Londres. Mon métier de représentant en métallurgie me sera très utile pour capter les renseignements de fabrications militaires, et mes déplacements seront plus facilement justifiables. Alors commence la vie d’aventures… Ce n’est pas celle que je désirais, car j’ai toujours eu horreur des espions, mais je n’avais pas le choix. Mon but était de chasser l’occupant qui avait ravagé et souillé notre belle France… »
Détenu au camp de Gurs avec nombre de ses camarades qui ont combattu en Espagne républicaine, Léon Depollier brûle, lui, de revoir Paris. Ancien dirigeant du syndicat C. G. T. des taxis de la capitale il a l’habitude de la lutte ; tout jeune il a participé, en Russie où se trouvait sa mère, à la Révolution de 1917. Il s’évade et arrive à Paris à point nommé pour prendre la suite, dans les rangs du Parti communiste clandestin, de Charles Désirat, arrêté le 13 janvier 1941 dans une manifestation contre Vichy et l’occupant qu’il avait organisée pour la libération des patriotes emprisonnés. Deux ans après, les deux responsables successifs de cette organisation chargée de la solidarité aux prisonniers et des évasions se retrouveront à Sachsenhausen.
Appelé sous les drapeaux le 7 juin 1940, le jeune mineur de fer de Moutiers (Meurthe-et-Moselle) Jean Mélai ne rejoint le dépôt d’infanterie de Fontainebleau que pour être replié, dans un désordre indescriptible, jusque dans les Landes. Affecté alors aux Chantiers de jeunesse du groupement n° 13, près de Cavaillon (Vaucluse), il se rend bien compte que « quelque chose ne tourne pas rond dans tout ce qui se
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