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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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claire-voie destinés sans doute au transport des porcs ou des moutons. Les occupants, incapables de se tenir assis, sont allongés sous le soleil brûlant de midi. La soif doit les dévorer. On voit des morts, des agonisants… » Auguste Monjauvis confirme : « Ce sont des familles juives ou tziganes qui sont dans ces wagons à cages basses. Nous entendons leurs cris de souffrance. Ils vont rejoindre dans la mort les millions d’hommes, de femmes, d’enfants, de vieillards, juifs et gitans, gazés et brûlés à Auschwitz… »
    À l’automne 1944, les matricules distribués à Sachsenhausen franchissent la barre des 100 000. Quand Marcel Debrouwer arrive avec un contingent du camp de Herzogenbusch (Hollande), il a le numéro 99 656 : « À cinq cents nous repartons presque aussitôt pour un kommando à Rathenow, à soixante-dix kilomètres à l’ouest de Berlin. Dans un vaste hall, on fabrique des ailes et des carlingues d’avions Arado qui ne voleront jamais. » Quand les prisonniers de la forteresse de Sonnenburg débarquent du front Est à la mi-novembre, ils sont inscrits dans la série des 117 000 : 117 053 pour Alphonse Martin, de Charleville.
    À cette époque, le kommando Heinkel prend une importance soudaine dans le système hitlérien d’extermination. Par son isolement au cœur d’une forêt de pins, par ses vastes bâtiments désormais inutilisés en raison de l’arrêt forcé de la production d’avions, par sa gare particulière et sa ligne privée de chemin de fer rattachée au réseau général, il offre aux S. S. des conditions idéales pour la réception, à l’écart des regards indiscrets, de trains entiers de « sous-hommes » déjà morts ou presque. L’immense hall 8, où se terminait le montage des bombardiers Heinkel 177, est transformé en « block d’accueil » pour les nouveaux arrivants. Gaston Bernard et d’autres détenus du kommando y transportent des châlits à étages, qui servent notamment à des Polonais, hommes, femmes et enfants en provenance de Varsovie. Mais on y vient aussi à pied de Sachsenhausen, en quarantaine, comme ces deux cents hommes parmi lesquels Alphonse Basquin et Vallée, de la série des « 102 000 » : « Nous dormons sur de la paille ou des copeaux. En guise de couverture, une toile de camouflage, pas d’eau pour la toilette. Dès le réveil, les S. S. nous font sortir et nous nous serrons les uns contre les autres pour avoir moins froid car nous n’avons ni chemise, ni chaussettes. À la fin de la quarantaine, nous restons nus pendant des heures pour une pseudo-visite médicale, triant les aptes d’un côté, les inaptes de l’autre. »
    À la fin de décembre 1944, la situation empire encore avec l’arrivée, en wagons découverts, d’un transport d’Auschwitz. L’horreur de l’événement marque profondément les Français de Heinkel. Henri Pasdeloup se renseigne : « Le voyage a duré douze jours, sous la neige, sans ravitaillement. Pour tout vêtement, ces malheureux n’ont que le papier d’un sac à ciment avec un trou pour passer leur tête nue… » Des centaines de cadavres sont déchargés des plates-formes…
    Presque en même temps, des juifs hongrois, amenés à pied de Budapest, achèvent au hall 8 de Heinkel un calvaire que, du 18 au 28 décembre 1944, partage bien malgré lui Marcel Le Bastard, un nouveau au kommando. Mêlé dans un autre block de quarantaine à des bandits de droit commun, il a dû suivre ces derniers quand les S. S. les ont choisis comme garde-chiourmes du hall 8 : « Isolé parmi ces étrangers dont je ne connais pas la langue, j’en vois mourir à peu près la moitié en huit jours. Le hall, qui a perdu toutes ses vitres et dont il ne reste que l’armature métallique, est balayé de courants d’air qui abaissent de 4 à 5 degrés la température extérieure, déjà de -15°!… Quant à moi, mes jambes ne me portent plus. On a beau me menacer, me frapper, je reste indifférent, insensible aux coups… »
    Tout au long de l’hiver rigoureux qui sévit, bien d’autres « trains de la mort » vident, au hall 8 de Heinkel, leur macabre chargement. Une nuit, Albert Claverie est désigné pour faire partie d’une de ces sinistres corvées de déchargement : « Les wagons ouverts ou éventrés empestent. À l’intérieur, des corps hachés en morceaux, quelques survivants : le train a été bombardé… Avec les brancards qu’on nous a remis mais que

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