Sachso
à mettre à exécution. Lors du procès de plusieurs bourreaux S. S. de Sachsenhausen qui s’est tenu du 23 octobre au 1 er novembre 1947 devant le Tribunal militaire des forces soviétiques d’occupation en Allemagne, la preuve en a été apportée par les accusés eux-mêmes. Dans les actes de ce procès, paragraphe d : « Les mesures prises par le gouvernement d’Hitler pour effacer les traces de ses crimes », on lit :
« En février 1945, sur l’ordre du gouvernement de Hitler la direction du camp prépare l’extermination des détenus du camp de Sachsenhausen et de ses dépendances. Comme le déclare l’ex-commandant du camp de Sachsenhausen, l’accusé Kaindl, il reçut l’ordre en question le 1 er février 1945.
« Cet ordre, transmis par le chef de la Gestapo Müller émanait du Reichführer S. S. Himmler et de Goebbels, commandant de la défense de Berlin. Le 2 février 1945, Kaindl se mit à exécuter l’ordre reçu. Il ordonna tout d’abord d’exterminer les malades et les détenus inaptes au travail du camp de Sachsenhausen et de ses dépendances. Les accusés Höhn, Baumkötter et Rehn choisirent les personnes à exterminer ; la direction générale de l’action était aux mains de Höhn. L’accusé Höhn déclara : “Au début de 1945, Kaindl me fit venir à lui et me déclara : ‘Je reviens à l’instant de Berlin. J’ai reçu l’ordre d’exterminer les détenus qui se trouvent au camp.’ Kaindl ajouta : ‘Nous laisserons douze mille hommes pour le travail dans les usines d’armement et nous exterminerons le reste.’ Kaindl me chargea du travail d’organisation destiné à exterminer les détenus sur place. À neuf heures du soir, nous commençâmes l’exécution des détenus. Les chefs de blocks transportèrent les détenus au crématoire où ils furent exterminés par un kommando venu spécialement d’Auschwitz et dirigé par le Hauptscharführer Moll. L’extermination des détenus se poursuivit journellement et le crématoire où l’on incinérait les cadavres fonctionna nuit et jour.”
« Ainsi, au cours des mois de février et mars 1945, cinq mille détenus furent tués au camp de concentration de Sachsenhausen. »
Jusque dans les kommandos les plus éloignés de Sachsenhausen, le plan criminel d’extermination fait ses ravages, par exemple à Pölitz, près de Stettin, où un ancien Straflager pour S. T. O. punis a été transformé en juin 1944 en Konzentrationslager (KZ) de plein exercice pour des déportés venus de Sachsenhausen et de Stutthof. Ils travaillent dans une grande usine d’essence synthétique où, en cette fin d’hiver 1944-1945, ils tombent comme des mouches sous les yeux des S. T. O. et d’autres travailleurs étrangers logeant aux alentours. Tous les soirs, des charrettes débordant de morts empruntent les allées de l’usine, mais pour aller où ? Pierre Lorenzi, un S. T. O., a bientôt la réponse : « Un jour, par hasard, nous découvrons le secret de la fin des suppliciés en passant par le cimetière de la bourgade de Pölitz. Là, nous tombons en arrêt devant une immense excavation autour de laquelle s’affaire une escouade de KZ occupés à une étrange activité. Là aboutit le charroi des corbillards chargés de cadavres.
« Ces derniers, dépouillés de leurs défroques de bagnards – il ne faut rien perdre –, sont expédiés à la fourche au fond du trou, perdant parfois un bon mètre de tripes, le maniement d’un paquet d’os n’étant pas aisé pour des bras inexperts et épuisés et le ventre étant l’endroit le plus facile à piquer.
« Il n’y avait pas de crématoire à Pölitz et la nécessité de se débarrasser des cadavres a aiguisé l’imagination fertile de l’administration du camp de concentration. Pour éviter les risques d’épidémie, une couche de cadavres bien alignés reçoit une mince couche de chaux puis une nouvelle couche de corps rejoint la première et ainsi de suite jusqu’à huit à dix superpositions avant que l’ensemble soit enfin recouvert de terre pour constituer un immense tombeau. »
Aucun de ceux de Pölitz ne ralliera Sachsenhausen mais les nazis, dont la défaite se précipite et dont les contradictions internes s’exacerbent, sont contraints d’abandonner leurs projets d’extermination totale.
Le 16 avril 1945, deux cent cinquante déportés de Buchenwald entrent à Sachsenhausen. Appartenant à un petit kommando rattaché lui-même
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