Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
Vom Netzwerk:
au 18 février 1945…
     
     
CHASSÉ-CROISÉ SUR LA FRONTIÈRE TCHÈQUE
    Le 4 avril 1945, un des derniers transports à quitter Sachsenhausen est constitué de quatre cent quatre-vingts hommes du kommando Heinkel, parmi lesquels de nombreux Français. Embarqués à la gare même de l’usine où la production d’avions est totalement arrêtée, ils sont envoyés en renfort pour le déblaiement du camp de Schwarzheide, à soixante kilomètres au nord de Dresde.
    Rattaché à Sachsenhausen, ce petit camp de onze cents détenus, principalement des juifs de Tchécoslovaquie, alimente en main-d’œuvre une usine d’essence synthétique tirée de la lignite : la Brabag ( Braunkohlen-Benzin Aktien Gesellschaft). Depuis août 1944, le camp et l’usine ont été plusieurs fois bombardés, mais les nazis veulent à tout prix que de l’essence continue à sortir des installations gravement endommagées. Au soir du 5 avril, les équipes de Heinkel sont à pied d’œuvre. Avec Gilbert Dupau et Albert Nauleau, René Dupau est affecté au kommando n° 2, chargé du déblaiement des ruines de l’usine. Toutefois, les événements se précipitent. Le 17 avril, les détenus sont consignés dans leurs baraques, à l’exception de quelques-uns qui creusent de petites tranchées pour des armes anti-chars. Le 19 avril, le camp est évacué à six heures du matin. Le convoi des déportés reflue vers la Tchécoslovaquie.
    La première étape, Schwarzheide-Kamenz, est longue de quarante kilomètres, que Fernand Aubert, comme ses camarades, accomplit en bête de somme : « Nous sommes attelés, par groupe de cinquante, à des plates-formes montées sur pneus et transportant les bagages et vivres des S. S. » Deux plates-formes sont vides. On y hisse les cadavres des plus faibles, qui n’ont pu suivre et ont été exterminés à coups de trique ou de crosse. Il y en a une soixantaine à la fin de cette première journée, durant laquelle les détenus n’ont reçu, en tout et pour tout, qu’un demi-litre d’ersatz de café.
    La marche devient de plus en plus meurtrière pour les hommes sous-alimentés. Le cinquième jour, entre Unterheimdorf et Oberkreinitz, au cours d’une pause sur les bords d’un torrent, une violente discussion oppose Alfred Kapelke, un détenu allemand responsable de l’organisation clandestine, et le commandant S. S. Blaeser qui, finalement, lui cingle le visage à grands coups de badine. Jean Lyraud est révolté : « Notre camarade allemand avait pris courageusement notre défense en disant que, si nous avions reçu du ravitaillement, il y aurait moins de morts sur la route… Oui, il y avait la faim, la soif, et puis les coups… Au cours de cette étape, Jean Barbier, de Charente-Maritime, veut prendre un peu d’eau et sort des rangs : il est assassiné par un S. S. à coups de bâton sur le crâne. Gachy, originaire du Boucau, subit le même sort pour avoir voulu cueillir des feuilles de pissenlit. »
    Le 24 avril, après avoir enterré à Oberkreinitz les morts de la veille, les rescapés mettent tout l’après-midi pour parcourir quinze kilomètres jusqu’à Warnsdorf. Aux côtés de René Dupau, un jeune étudiant français, Simonin, s’écroule pour ne plus jamais se relever. La nuit se passe dans une filature désaffectée. Un détenu polonais tente de s’évader. Repris, il est pendu le 25 avril, devant tout le monde. Les S. S. qui ne redonnent pas d’ordre pour le départ, dressent des listes de prisonniers, par nationalités. Le 28 avril, 320 Belges et Polonais sont seuls à reprendre la route, vers une destination inconnue. Le 5 mai, 285 juifs partent pour le camp de Theresienstadt. Dans la vieille filature de Warnsdorf, il ne reste plus que 150 détenus environ : Allemands, Ukrainiens et Français. Les 6 et 7 mai, le bruit de la bataille se rapproche. Le 8 mai, à quatre heures du matin, c’est enfin le branle-bas du départ.
    Attelé à nouveau à une charrette, René Dupau remarque : « Nos gardiens ont enlevé les écussons et insignes indiquant leur appartenance aux troupes S. S. L’un d’entre eux a gardé un bâton en main. Un sous-officier lui ordonne de le jeter. Notre marche est lente, mais on ne nous presse pas. Nous traversons Obergrund, puis la ville de Heida, mitraillée quelques instants auparavant par l’aviation. Finalement, nous nous arrêtons à Languenau et sommes parqués au premier étage d’une verrerie… »
    C’est

Weitere Kostenlose Bücher