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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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Neff-Berna, a réussi cet exploit pour le groupe de quatre amies dont elle fait partie au sein de leur colonne de détenues : « Une pluie fine se met à tomber. Après des heures de marche, nos vêtements nous collent à la peau. Nous avons faim. Le pain qui nous a été distribué dans la cour du camp, prévu pour quelques jours, a été englouti aussitôt.
    « Arrêt dans un bois pour la nuit. On se couche par terre, en petits groupes. Nous nous asseyons, mes trois camarades et moi, sous un arbre en nous serrant les unes contre les autres, afin de nous réchauffer. La faim et le froid nous empêchent de dormir.
    « À quelques mètres de nous, un gardien S. S. dort, adossé à un arbre, son fusil et son sac à côté de lui. Nous fixons le sac où se trouve du ravitaillement. Qui va s’en emparer ? En un éclair, me voici à quatre pattes en train de ramper. Le S. S. dort profondément, il doit être bien fatigué. Je me saisis du sac et reviens. En quelques minutes nous en vidons le contenu et mangeons au fur et à mesure fromage en portions, pain en galettes, confiture et encore fromage. Je retourne mettre le sac vide à sa place. Par bonheur pour moi, le gardien dort toujours et les chiens ne sont pas dans ce secteur… »
    Un égal sang-froid et une semblable détermination permettent à Gilberte Bouquet de s’évader dès cette première nuit : « Une camarade s’étant évanouie, nous la traînons à quatre dans une couverture. De ce fait, nous arrivons les dernières à la grange où nous devons passer la nuit, accompagnées d’un soldat qui a déjà escorté plusieurs convois et en a assez. Aussi fuyons-nous bientôt la grange et nous réfugions-nous dans un poste de transformation du réseau électrique. Ignorant qu’il est hors circuit, nous restons immobiles, le cœur battant, en alerte au moindre bruit.
    « Au petit jour, la colonne se reforme sans nous. Des cris, des comptages renouvelés : nous entendons tout. Nous ne sommes séparées des autres que par la porte du transformateur. Mais la peur des Russes rend les gardiens pressés. Ils ne cherchent pas ailleurs que dans les granges, et c’est le départ.
    « Combien de camarades ne verront pas la fin de cette marche qu’elles reprennent. Pour d’autres, notre évasion est un signal et je saurai plus tard qu’il s’en est échappé chaque nuit.
    « Pour l’instant, nos émotions ne sont pas terminées. Nous sommes découvertes par un Volkssturm, un de ces civils allemands que les nazis ont dotés d’un brassard et d’une arme pour les derniers combats. Il nous dit de sortir. Mais un K. G., un prisonnier de guerre français, arrive en même temps. Il nous protège et nous cache dans une étable, au milieu des veaux.
    « Un jeune Soviétique, travaillant dans le voisinage, nous donne des aiguilles, du fil et des ciseaux. Nous nous taillons des jupes dans une couverture et nous nous faisons des corsages avec les vêtements de notre sauveteur K. G.
    « Nous cachons nos tuniques rayées dans une cabane au milieu des champs où nous sommes bientôt sous le feu d’un tir entre les Allemands et les Russes. Nous échouons finalement dans le camp des prisonniers de guerre, qui nous prennent en charge… »
     
     
LES TUEURS À L’ŒUVRE
    Pour toutes les colonnes, l’aube du dimanche 22 avril sonne l’heure de la remise en route, à travers les plaines et les bois du Brandebourg, balayés par une pluie froide. Mais quelques-unes, parties du camp tard la veille, ont accompli de nuit la première étape, ce qu’a fait Louis Péarron : « Soudain nous voyons le premier camarade tué par les S. S. ; jusque-là, l’obscurité nous avait caché tous les autres, allongés dans les fossés. Sur un signe de l’un de nous, toute la colonne se découvre devant la victime. Les S. S. nous regardent, même le commandant ! Ils sont étonnés de notre geste mais ne réagissent pas davantage. Hélas, plus nous avançons, plus nous trouvons de cadavres de détenus dans les fossés.
    « Sur une route avant d’arriver à Neuruppin, les corps sont presque côte à côte, sur la bordure droite. Il y en a avec le “F” dans le triangle rouge qui, afin de nous faire voir qu’ils vivent encore, remuent la main… À notre tentative de leur porter secours, les S. S. nous bousculent en hurlant !
    « À un certain moment, je vois deux camarades couchés sur le côté, les jambes repliées, qui semblent dormir. Je demande à mes

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