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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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qu’un morceau par jour.
    « C’est ensuite, au petit jour, le rassemblement sur la place d’appel. Nous nous groupons entre copains de blocks différents et nous nous retrouvons à neuf. Je suis avec Sébastien Cadec, Armand Clusan, Georges Grunenberger, Roger Guérin, Corentin Le Berre, Louis Louet, Jean Mérigot et Georges Normand. Je dis à haute voix : “Cette fois, au bout de la route, c’est la liberté ou la mort”, car nous connaissons les S. S. et savons de quoi ils sont capables !
    « Les colonnes formées, nous sortons du camp par la porte près du hall 2. À peine sur la route, j’aperçois trois jeunes en combinaisons bleues, armés de Panzerfaust. Ils se dirigent vers la campagne, ils ont peut-être quinze ans : Qu’espèrent-ils donc, ces jeunes fous ? La guerre est perdue pour eux depuis longtemps et le régime hitlérien est en train de s’écrouler. En tout cas, puisqu’ils vont prendre position, c’est que les chars russes ne sont pas loin… C’est à quoi nous pensons en traversant Germendorf, puis Kremmen… »
    La grande marche de l’exode commence, une « marche de la mort » soigneusement préméditée, ainsi qu’en témoigne le rapport de M. de Cocatrix, délégué, à l’époque, du Comité international de la Croix-Rouge à Berlin.
     
     
DEUX IMMENSES COLONNES
    « Dans les premières heures du 21 avril, lorsque les troupes russes se trouvent dans Berlin », écrit M. de Cocatrix, « je remets au commandant du camp d’Oranienburg, Kaindl, la proposition de la délégation du C. I. C. R. (Comité international de la Croix-Rouge) à Berlin de remettre le camp à un délégué du C. I. C. R. On veut empêcher de cette façon que les S. S. ne se livrent, à la dernière minute, à des excès à l’encontre des détenus. Le commandant du camp refuse notre proposition en s’appuyant sur les instructions qui lui ont été données par le Reichführer S. S. Himmler. Ces instructions prévoient, à l’approche de l’ennemi, une évacuation immédiate du camp entier, à l’exception du Lazaret (infirmerie).
    « Sous une pluie battante, tous les détenus sont mis en route, en direction du Nord. Cinq cents détenus forment un Pulk ou un Trek et sont soumis à l’autorité d’un commandant S. S. Une garde très serrée est exercée par les S. S. qui, peu de temps auparavant, ont revêtu un grand nombre de détenus de droit commun allemands de l’uniforme de la Wehrmacht pour les utiliser comme personnel auxiliaire de garde.
    « Le nombre exact des détenus à évacuer ne peut être établi du fait de l’anéantissement des cartothèques et parce que des exécutions ont eu lieu avant l’évacuation. D’après mon évaluation et, selon les dires des détenus, environ trente mille à quarante mille êtres humains, pour la plupart des hommes mais également des femmes et même des enfants, se trouvent sur les routes. Deux immenses colonnes se dirigent vers Wittstock par les itinéraires suivants : Oranienburg, Kremmen, Sommerfeld, Neuruppin, Wittstock, Oranienburg, Lindow, Rheinsberg, Zechlin, Wittstock… »
    Avant le départ, puis dès les premiers kilomètres, les S. S. et leurs auxiliaires « verts » répètent leurs avertissements impitoyables. Tous ceux qui fléchiront ou resteront à la traîne seront abattus. Chacun sait que ce n’est pas une menace en l’air.
    Marcel Couradeau, qui fait route avec Lecointre et un autre jeune, de Châtellerault comme eux, le vérifie peu après la sortie du camp, qu’ils quittent par un temps gris et froid :
    « Sur les bords de la route, dans les fossés, gisent les corps de camarades qui nous ont précédés et que les S. S. ont assassinés.
    « Pourtant, une folle espérance me transporte. Je marcherai sur les genoux s’il le faut mais ils ne m’auront pas. J’ai même voulu emporter un livre – de la folie, vous dis-je ! Enfin de vrais arbres, de vraies prairies, une vraie route, un horizon qui se prolonge à l’infini, sans barbelés.
    « La marche inexorable se poursuit. Il faut aller, à tour de rôle, pousser la carriole sur laquelle les S. S. ont empilé leurs bagages. C’est une terrible corvée pour des hommes déjà épuisés. Un camarade tombe, on le relève, on essaie de l’emmener, de le porter plus loin et puis, à bout de forces, la rage et le désespoir au cœur, il faut l’abandonner. Pour lui, c’est fini, il ne reverra plus jamais la France : une balle dans

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