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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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propre garde et organise ses patrouilles dans le camp. À 14 heures, le mercredi 2 mai, la nouvelle nous arrive que les Américains sont entrés à Schwerin. Ils n’avancent pas jusqu’au Stalag même, situé à peu près à quatre kilomètres à l’est de la ville. Je pars donc avec le doyen britannique et avec les hommes de confiance français et yougoslave pour Schwerin où nous avons un entretien avec le commandant du régiment américain. La zone entre Schwerin et le fleuve qui se jette à l’est de la ville dans le lac de Schwerin – zone dans laquelle est situé également le Stalag – est déclarée zone neutre, pour éviter des incidents avec les troupes russes…
    « Le soir du 2 mai, je me présente au gouverneur militaire américain, arrivé entre-temps, et lui donne un aperçu de la situation et du nombre de détenus venant des camps de concentration… Le gouverneur militaire me répond que Schwerin est surpeuplé et qu’il ne peut rien faire ; je le prie alors de faire un tour pour avoir une idée de l’état des détenus. La tournée lui fait apparemment une grosse impression. On nous informe qu’un nombre considérable de détenus se trouvent à l’est de la future ligne de démarcation, encore sous la garde de troupes S. S. Les S. S. ne semblent pas vouloir accepter d’être capturés et continuent à martyriser et fusiller les détenus. J’obtiens du gouverneur militaire d’envoyer encore, pendant la même nuit, des troupes pour désarmer les S. S. et libérer les détenus… »
    Dans le secteur, au cours de cette nuit du 2 au 3 mai, ce ne sont pourtant pas des soldats américains, mais encore des P. G. français qui recueillent, inanimé dans un fossé, Marcel Houdart. Celui-ci reprend peu à peu connaissance et revit sa dernière étape depuis le bois de Below :
    « Au lieu de rejoindre les colonnes qui se reforment, certains s’enterrent sous les feuilles mortes. Les S. S. reviennent alors dans le bois avec des chiens, c’est fini pour eux comme pour les deux détenus âgés morts près de moi, adossés côte à côte à un arbre.
    « La dysenterie atteint presque tout le monde. J’ai quatre énormes abcès à la jambe gauche. Mon frère Jean et Raymond m’aident à marcher. Nous avançons tous comme des automates.
    « Un combat aérien s’engage au-dessus de nous. Les S. S. s’égaillent sous les arbres. Notre troupeau reste à la même place, passif, fataliste, sans réaction… L’appareil allemand s’écrase.
    « Au milieu de la route, un cheval est mort : le ventre ouvert sur une mare de sang. Un essaim de déportés se rue sur lui. Jean, de petite taille, se glisse sous les autres. Une poussée le fait tomber. Il reparaît tout ensanglanté, mais brandissant quelques morceaux de viande.
    « En fin d’après-midi, après Crivitz et non loin de Schwerin, nous nous arrêtons dans un bois. Nous brûlons des branches pour obtenir un semblant de charbon de bois que nous avalons afin de calmer, si possible, notre dysenterie. Soudain des coups de feu : des déportés brandissent des fusils abandonnés par les sentinelles subitement volatilisées.
    « Une jeep roule à la lisière du bois. “Les Américains !” Ça y est ! Nous sommes libres ! Le 2 mai !
    « Mais il faut encore lutter, sortir du bois, chercher à subsister et je n’ai plus de forces, ma langue est gonflée.
    « Sur la route de Schwerin, deux soldats allemands sans armes, tout à coup devenus humains, nous abandonnent un reste de marmelade. D’autres groupes de soldats allemands prisonniers marchent encadrés de quelques militaires alliés. Tout en nous dirigeant vers un Stalag, nous prélevons un peu de flocons d’avoine dans le sac d’un grand Prussien et une gorgée d’alcool à sa gourde. Plus loin, trouvant un revolver – heureusement vide – je le brandis vers les Allemands dans un inconscient sursaut de vengeance. La bourrade d’un garde m’envoie dans le fossé et là, tout s’écroule, c’est fini.
    « Rien ne peut me relever. Je crois à ma fin et je dis adieu à mon frère, lui-même dans un triste état. Je m’évanouis. On me croit mort, et je reste seul.
    « La nuit tombe sur la confusion de la libération. Soudain, je reviens à la vie. Les étoiles du ciel dansent devant mes yeux. Je sens mon corps se balancer et je réalise que quatre Français P. G. me transportent dans une couverture. Ils m’ont découvert dans le fossé, gémissant, ranimé

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