Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
Vom Netzwerk:
Crivitz-Schwerin, le long d’une rivière. Ils discutent longtemps entre eux et disparaissent. Les déportés n’ont plus qu’à remonter sur la route où la liberté les attend.
    Du côté de Meyenburg, la liberté arrive en même temps pour le 58 702, André Besson, que ses camarades, à bout de forces après l’avoir longtemps porté, ont abandonné :
    « Ils me déposent dans le fossé avec une couverture pour me cacher, comme si j’étais mort. Je ne valais guère mieux…
    « Combien de temps est-ce que je reste ainsi ? Je n’en sais rien. Je reconnais quand même un S. S. de Heinkel lorsque le Vorarbeiter du hall 6 soulève ma couverture. À cet instant, il se passe d’énormes choses dans ma tête mais je dois être si mal en point qu’ils me croient mort et rejettent sur moi la couverture, avec dédain.
    « Retrouvant peu à peu mes esprits, je réussis à me traîner jusqu’à une ferme, de l’autre côté de la route. Je compte y passer la nuit, mais le propriétaire, l’Allemand présent, attelle son cheval et va me remettre aux S. S., dans les bois où la colonne est arrivée.
    « Je m’y écroule. Mes jambes ne peuvent plus porter mon corps pourtant si maigre. Je reste allongé par terre, à demi inconscient pendant je ne sais plus combien de temps. Des camarades, parmi lesquels Martial Chauvin, me hissent dans un camion de la Croix-Rouge internationale. Nous nous retrouvons ainsi à Meyenburg, mais toujours accompagnés de S. S. Ils nous cantonnent dans une bergerie, puis viennent avec nous, attendre au bord de la route qui traverse Meyenburg.
    « Le 2 mai, nous sommes libérés mais dans un tel état physique que je suis immédiatement conduit dans un cinéma de Meyenburg, transformé en hôpital. »
    C’est également à la fin de cette journée que Pierre Petit voit surgir les soldats russes. Avec ses camarades exténués par une marche forcée, il est en train d’enfouir dans des charniers improvisés les dernières victimes de l’étape.
    Mais il n’y a pas de front continu. Entre les infiltrations des avant-gardes soviétiques, des convois de détenus restent à la traîne et le comportement des S. S. n’est pas partout le même.
    Quand Guy Chataigné quitte, le 1 er  mai, le bois de Below, il les voit presque aussitôt abattre un Français que ses camarades appelaient Kenavo.
    Parmi les S. S. qui s’acharnent sur les détenus, l’un porte une balafre. Émile Blondel, du Pas-de-Calais, s’en méfie depuis que sa colonne s’est éloignée le 1 er  mai du bois de Below : « Deux bons camarades du Pas-de-Calais sont à mes bras : Octave Terlat, clerc de notaire à Lumbres, à l’étude de M e  Avez, déporté lui-même avec sa femme et leur fille de vingt ans, et André Caron, cultivateur à Quelmes. Voyant qu’André a du mal à marcher, le balafré l’arrache de mon bras et le tue d’une balle dans la nuque. Le lendemain, c’est Octave Terlat qu’il abat froidement. Nous sommes à la queue du peloton que nous ne pouvons plus suivre ! J’ai bien cru qu’il allait m’achever aussi…
    « Le 3 mai au matin, je suis avec deux autres camarades de ma région, Lenoir et Raymond Defer, ancien champion de boxe, quand retentit le sifflet du départ. Raymond ne peut pas se lever. Il nous fait son testament verbal. Nous parvenons quand même à le mettre sur pied et le prenons chacun sous un bras. Heureusement pour nous, le balafré n’est pas là.
    « À un endroit de la route sont alignés les chevaux morts d’un convoi bombardé. Lenoir soutient Raymond pendant que je remplis de viande une gamelle malgré les coups des S. S. Après avoir mangé presque toute la gamelle, Raymond nous dit de le lâcher, car il se sent mieux et pense pouvoir marcher seul. C’est vrai.
    « Nous atteignons ainsi notre dernier bois : celui où nous sommes libérés, avant de poursuivre vers Schwerin. »
    Dans toutes les colonnes, les cadavres de chevaux sont des proies chèrement disputées : ils fournissent la seule viande disponible. Avec son groupe de Heinkel, Lucien Pruvost voit la première bête alors que le cortège des détenus s’arrête pour laisser passer un convoi d’engins motorisés allemands :
    « Quelques déportés essaient d’approcher afin d’en prélever un morceau, mais des S. S. prennent un sadique plaisir à lâcher leur chien dressé sur les affamés lorsqu’ils vont toucher au but. C’est écœurant de cruauté de voir ces S. S. et

Weitere Kostenlose Bücher