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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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deux gamelles pleines, malgré les coups de feu des S. S., qui font souvent des morts.
    « Le soir, nous sommes à Meyenburg, où il faut passer la nuit dans la cour de la gare. Il fait un froid de canard. Un mécanicien et un chauffeur, à bord d’une locomotive qui manœuvre, distribuent de l’eau chaude à plusieurs déportés pendant que les S. S. cherchent à nous terroriser en tirant des dizaines de rafales. Cela ne nous empêche pas de brûler des planches ramassées de-ci, de-là, et même les volets de la gare !
    « Un adjudant S. S. m’aperçoit avec une planche dans les mains et me fait signe d’approcher. Va-t-il m’exécuter pour une planche ? Pourquoi pas ? On en a pendu au camp pour moins que cela. En tout cas, je ne tergiverse pas, je jette la planche à Georges Normand et je m’enfonce dans la masse des détenus. J’en suis quitte pour une belle frousse.
    « Le lendemain matin, 2 mai, nous nous réveillons couverts de neige et complètement transis. Notre direction ne change pas : vers la Baltique. Nous rencontrons des réfugiés de plus en plus nombreux, des chevaux morts, des camions brûlés. Après Crivitz, nous quittons la grande route survolée par les avions alliés, pour des chemins forestiers où la débandade de la Wehrmacht est partout visible. Nous nous concertons et décidons de nous échapper de la colonne. Les S. S. nous pressent toujours, mais se portent davantage en avant, sachant les troupes soviétiques sur leurs talons. Nous nous laissons glisser en queue de colonne et, dans la traversée du petit village de Sukow, nous nous précipitons d’un commun accord, dans la cour d’une ferme.
    « Une meule de paille nous abrite pour la nuit, qui s’illumine du côté de Crivitz où tire l’artillerie soviétique. Le lendemain, 3 mai, nous arrivons à Schwerin, dans la matinée. Mais avant l’entrée même de la ville, une sentinelle américaine nous en interdit l’accès. Un prisonnier de guerre français, qui parle anglais, intercède en notre faveur et la sentinelle nous conseille alors d’aller à la caserne Adolf-Hitler, dans le voisinage immédiat. Pendant que nous discutons, un autre soldat américain monte dans une camionnette allemande abandonnée certainement par l’intendance. Elle contient des millions de marks que l’Américain lance maintenant à tous vents… Des liasses de billets qui ne serviront jamais à rien…
    « À la caserne Adolf-Hitler, nous sommes les premiers arrivants… et notre première visite est pour le réfectoire. Mais le chef allemand des cuisines, tenues par des prisonniers de guerre italiens, refuse de nous nourrir : nous ne figurons pas sur l’effectif ! Nous n’avons, en fin de compte, qu’un peu de soupe, grâce aux prisonniers de guerre italiens. »
    Alex Le Bihan et ses camarades s’endorment néanmoins en sécurité, le soir du 3 mai. Il n’en est pas de même pour Marcel Riquier, René Bourdon et leur colonne, qui campe ce soir-là dans un petit bois dominant Crivitz. À la tombée de la nuit, les S. S. déclarent qu’ils s’en vont seuls, vers les Américains, à l’ouest, et qu’ils laissent les déportés aux Russes. Mais leur absence est de courte durée. Ils reviennent au cours de la nuit, rétablissent des gardes. Cependant, au matin du 4 mai, ils repartent pour de bon : les Russes sont à Crivitz. Vers neuf heures, René Bourdon voit arriver un officier russe en calèche, avec un cocher : « Par le truchement de ses compatriotes et de quelques interprètes, il nous fait comprendre que nous serons accueillis à bras ouverts à Crivitz. Dans le désordre, mais ragaillardis, qui avec une couverture fendue, qui avec une musette vide pour tout bagage, nous descendons vers la ville, rencontrant quelques avant-postes russes… On ne voit aucun Allemand. Où sont-ils ?
    « C’est alors que je réussis à manger des grains de café vert mélangés à du sucre cristallisé, que je gobe deux ou trois œufs, que je change mes galoches usées pour des chaussures “à la poulaine” tellement elles sont longues et pointues, que je récupère un costume noir pour remplacer ma veste rayée et que je le porte avec les restes d’une moitié de ceinture de flanelle bleue en guise de cravate. C’est alors également que j’hérite d’un bonnet de fourrure qui me sera bien utile dans mes transports ultérieurs en camion…
    « Les Russes abattent un cheval pour nous. Avec mon couteau de poche,

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