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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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crise de rhumatisme. Des camarades le soutiennent à tour de rôle. À plusieurs reprises, il nous fait ses adieux, nous demande de prévenir sa famille quand nous rentrerons et nous supplie d’abréger son martyre en le laissant au bord de la route, ce que nous refusons absolument.
    « Notre interprète-journaliste parlemente à nouveau avec le chef de colonne, lequel déclare qu’il fera évacuer notre camarade malade. Nous ne le croyons pas. Il donne sa parole que notre ami ne sera pas exécuté. Bientôt, une petite Fiat blanche s’arrête à notre hauteur. Nous l’avions déjà aperçue une ou deux fois passer près de nous, du côté de Parchim. Elle prend notre camarade…
    « Le 4 mai, je crois, le combat se rapproche encore plus. Des obus tombent dans les bois, aux environs. Des bandes de chevreuils courent, ne sachant plus où se réfugier. À une croisée de routes, des enfants de quatorze à seize ans, vêtus en militaires, des Volkssturm, montent une garde dérisoire. À un autre carrefour, des civils dans une carriole joignent les mains et crient : “ Mein Gott !” (« Mon Dieu »). Je les plains, mais je ne peux oublier des scènes encore plus terribles en 1940, quand je me repliais chaque jour sur le front français, à la tête de mes trois cents cavaliers.
    « Nous rencontrons un prisonnier de guerre français avec deux enfants sur les bras. Les S. S. le laissent approcher. Il nous apprend que, d’après la radio, le gros des forces russes est à douze kilomètres et les Américains à quinze. Il nous dit de prendre espoir…
    « L’espoir, nous l’avons. Dans la matinée, des avions nous survolent et lâchent des tracts. Les S. S. hurlent que celui qui en ramassera sera tué sur place. Nous réussissons pourtant à en prendre deux. Ils sont écrits en allemand et mettent en garde les S. S. contre l’extermination des déportés.
    « Maintenant, nous quittons la route et montons un vallon, en direction d’une grosse ferme. Nous sommes rompus ! Des hommes continuent de mourir à chaque kilomètre. Pourtant, l’espoir nous galvanise. Nous chantons. D’abord stupéfaits, les S. S. nous laissent faire, à condition de n’entendre ni “La Marseillaise” ni “l’internationale”. Tout le répertoire y passe : “la Madelon”, “le Chant du Départ”, “Auprès de ma blonde”, etc. Quand c’est terminé, on recommence !
    « Arrêtés dans un champ, nous y recevons chacun six à huit pommes de terre d’un chargement apporté de la ferme. Et la marche reprend jusqu’au soir, où nous campons dans une cuvette, à la sortie du village de Zapel.
    « Les S. S. nous encadrent toujours. Pourtant, chez certains, la crainte d’être prisonniers des Russes se fait sentir. Il y en a d’autres qui s’enivrent et tirent à tort et à travers. Près de nous, un sous-officier débraillé, interpellé par le chef de colonne, nous menace de son pistolet. L’officier lui arrache son arme et le chasse. Les S. S. commencent à ne plus vouloir obéir et ne cherchent qu’une chose : fuir du côté américain, où ils espèrent que le châtiment sera moins sévère…
    « Nous allumons des feux pour cuire les pommes de terre distribuées l’après-midi. Depuis le temps que nous n’absorbons rien, elles vont indisposer la plupart d’entre nous ! Je n’en mange que trois ; elles me restent sur l’estomac ! Toute la nuit, je suis malade comme une bête… Ainsi, je me lève souvent et peux guetter les S. S.
    « Vers quatre heures du matin, dans la pénombre annonçant le jour j’aperçois deux S. S., puis un troisième, qui prennent leur sac à dos et s’enfoncent dans le bois. Je réveille quelques camarades. Nous décidons d’attendre encore un peu. Il est possible que des S. S. soient cachés, attendant l’occasion de nous fusiller si nous bougeons.
    « Peu à peu, le jour se lève. J’écarquille les yeux : non, plus de S. S. ! Ils sont bien partis ! Libre… être libre… J’ai peine à y croire ! Pourquoi faut-il que je sois si malade en un tel jour ?
    « Des groupes se forment, discutent. Où sont les Russes ? Une de leurs jeeps arrive avec un officier qui nous cherche, notre présence étant signalée dans le secteur. La joie est délirante parmi les survivants. Un cri d’ensemble retentit : “Vive l’armée rouge !” puis, c’est une “Marseillaise” bien sentie et “l’internationale”, chant banni par les nazis.
    « Les Russes

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