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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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quand on aperçoit ce géant traverser le kommando pour aller aux cabinets selon un cérémonial qui l’impressionne la première fois : « Il me faut prendre une plaque de fer portant l’inscription “ Abort” et la traîner comme une valise jusqu’aux W.-C., accompagné de la sentinelle devant qui je me suis présenté au garde-à-vous en criant : Abort  !” »
    « Je découvre, au bout de ma marche, une sorte de lavoir d’environ vingt mètres de long surmonté d’un dosseret de chaque côté. Les copains sont assis sur une canalisation centrale dans laquelle coule un filet d’eau.
    « Un détenu de droit commun surveille les lieux d’une petite baraque où sa soupe chauffe sur un fourneau. Je remarque un réveil près de lui. Pourquoi ? On m’avertit qu’il contrôle le temps passé par chacun : pas plus de deux à trois minutes ! Après quoi, coups de ceinturon et jet d’eau chassent ceux qui prolongent la pause, malades ou pas. » Plus tard, le surnom de « l’homme à la pipe » prend une toute autre signification pour André Franquet : « C’est vers la fin, nous n’avons plus rien à fumer, ni miette de tabac, ni brin de makorka. Je serre souvent dans ma main ma pipe désormais sans objet. Mais inutilisée ne veut sans doute pas dire inutile dans l’esprit de Pierre Saint-Giron. Un jour, il me demande de la lui prêter, ce que je fais. Un petit moment se passe. Louis Péarron m’appelle alors à la “rectification”, au fond de l’atelier. Tous mes camarades fument et se repassent une unique cigarette. Ils rient de ma mine étonnée. J’ai droit à une bouffée, et à la question : “C’est bon ?”, je réponds : “Ça ne vaut pas cher !” Nouvelle question : “Tu sais ce qu’on fume ?”. Après avoir attendu ma réponse, qui ne vient pas, ils s’esclaffent : “Eh bien, c’est ta pipe. Comme elle était bien culottée, on en a fait des copeaux que nous avons râpés…” Voilà comment ma chère pipe a fini, victime de mes copains fumeurs de K. W. A. »
     
     
RÉCUPÉRATION À SCHUHFABRIK
    Dans les colonnes de détenus qui, avec ceux de K. W. A., tournent à droite dès la sortie du camp pour se rendre au travail, il y a les mille sept cents de la menuiserie D. A. W. (Deutsche Ausrüstungswerke) et les huit cents des kommandos de récupération de vêtements ( Bekleidungswerke) et de chaussures ( Schuhfabrik).
    Après avoir contourné, toujours à droite, le coin de l’enceinte triangulaire où se trouvent les baraques de l’infirmerie, ils continuent à longer le mur électrifié. Ceux de D. A. W. s’engouffrent les premiers dans leurs ateliers, qui fonctionnent jour et nuit. Beaucoup sont des menuisiers comme Augustin Noirot, qui passe près de neuf heures d’affilée devant une toupie dangereuse, toujours prête à arracher un doigt. Les autres dépassent le crématoire, au-delà duquel les installations du Bekleidungswerke et de Schuhfabrik se succèdent jusqu’à la pointe nord du camp. Ce que récupèrent en effet les deux kommandos, ce sont essentiellement les vêtements, les chaussures des victimes exterminées dans les chambres à gaz et crématoires de Sachsenhausen et des autres camps. Souliers, manteaux, vestes appartenaient pour la plupart à des familles juives de toute l’Europe occupée qui, ignorant leur destination, y ont caché argent, bijoux dans l’espoir de s’en servir pour survivre. Ce sont ces objets précieux que les S. S. tiennent surtout à récupérer…
    En juin 1943, Gaston Bernard travaille quelque temps à Schuhfabrik, en plein air, entre deux baraques : « Dans la baraque de gauche, on fabrique des sabots et des semelles de bois sur lesquelles sont montées les chaussures qui nous sont destinées. Dans celle de droite, il me semble que se trouvent des objets tels que sacs à main, serviettes, etc., qui sont démontés pour la récupération des cuirs et peaux… Tout près s’élève un énorme tas de chaussures aussi haut, aussi long et aussi large qu’une baraque. C’est le stock où nous nous approvisionnons avant de nous asseoir sur des petits bancs devant des établis de madriers disposés en U afin d’être tous face au centre de la cour, sous les regards de quelques S. S. armés de longues matraques et des auxiliaires détenus qui les aident à nous surveiller.
    « Nous prenons les chaussures une à une et, avec un marteau un peu plat, nous déclouons les couches de cuir successives

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