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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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de la deuxième enceinte grillagée pour que nous puissions prendre les bouteillons. La reprise des récipients vides se fait à la livraison suivante, après qu’ils ont été soigneusement vérifiés par nos gardiens.
    « Malgré cette installation toute particulière, nous avons droit, même de nuit, aux contre-appels avec hurlements, coups de schlague et aboiements des chiens. Nous sommes soumis aux mêmes règles de vie qu’au camp : réveil à quatre heures du matin, toilette torse nu quelle que soit la température, même régime alimentaire…
    « De temps à autre, un classement des meilleures découvertes apporte quelques cigarettes à certains. Et puis, un jour de mai 1944, on nous apprend que le kommando est transféré ailleurs, que nous allons recevoir une nouvelle affectation.
    « Il est interdit d’emporter quoi que ce soit pour le départ, même pas nos affaires personnelles. Entre les deux baraques, nous devons nous mettre entièrement nus. Avant la première porte, un S. S., avec le même abaisse-langue et la même baguette, nous examine partout : dans la bouche, sous la langue, dans l’anus, entre les doigts de pieds et des mains, pour être sûr que nous ne camouflons rien. Une autre inspection a lieu à la deuxième porte, où nous recevons une nouvelle tenue rayée. Puis on nous emmène à l’infirmerie du grand camp. Là, remis à nu, nous subissons une radioscopie. Une douche et l’on nous change encore de “rayé” pour notre nouvelle destination… »
    Marcel Chauvière, lui, reste près de deux ans, jusqu’à l’exode, dans le même kommando Tonrohrlager (entrepôt de tuyaux et de buses pour canalisations) situé derrière le crématoire, entre D. A. W. et les baraques du Bekleidung et de Schuhfabrik. Au début, ils ne sont qu’une petite équipe à suivre à droite, dès la sortie du camp, l’itinéraire emprunté par les hommes de ces gros kommandos. Ils ne sont que trente et il est l’un des trois seuls Français que compte le groupe. « Les premiers temps, notre travail se borne à charger les tuyaux sur des charrettes qui les transportent vers divers chantiers. Puis nous manipulons des panneaux utilisés pour la construction des baraquements. Un jour, nous les entassons dans un coin ; le lendemain, dans un autre. Enfin, nous montons nous-mêmes des baraques qui servent d’entrepôts pour un matériel important : peintures, cuisinières, fournitures pour le bâtiment.
    « À cette époque, notre kommando se grossit jusqu’à compter cent trente détenus, et notre Vorarbeiter, un triangle vert, ne nous laisse aucun répit.
    « Les choses se compliquent quand un incendie détruit plusieurs baraques-entrepôts. Durant trois soirs, après l’appel sur la place du grand camp, nous restons en punition. Nous sommes inquiets mais, finalement, les autorités S. S. imputent l’incendie à une bombe à retardement, car la veille a eu lieu un raid aérien sur le secteur. En réalité, le feu a pris dans la baraque où nous fumions en cachette…
    « Nous héritons d’un nouveau Vorarbeiter allemand, un triangle rouge, cette fois. Bien que nous continuions à travailler sans un jour de repos, même le dimanche, nous gagnons à ce changement. Jamais nous n’avons à nous plaindre de notre nouveau Vorarbeiter… »
     
     
LES FORÇATS DU MINISTRE SPEER
    Contrairement à leurs camarades de K. W. A., D. A. W., Schuhfabrik, etc., qui tournent à droite après avoir franchi le portail du camp, de longues files de détenus tournent à gauche chaque matin pour se rendre au travail. Ce sont essentiellement les colonnes du kommando Speer et celles du Waldkommando, nom général regroupant tous ceux qui sont occupés dans les dépôts et ateliers de l’armée S. S. disséminés dans la forêt de pins toute proche, à l’ouest du canal.
    Ceux de Speer ont trois kilomètres à parcourir pour rejoindre leur chantier, sur la rive est de ce même canal. Accolé au kommando Klinker dont les hommes travaillent et logent sur place, dans un petit camp annexe, Speer est un vaste chantier de récupération de matériaux de toutes sortes, une gigantesque foire à la ferraille qui, dans l’esprit des nazis, doit contribuer à forger « l’acier victorieux » et à fournir des matières premières que la guerre rend de plus en plus rares.
    Deux mille détenus y travaillent pour le plus grand profit de l’un des dignitaires du III° Reich, l’architecte Albert Speer, devenu

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