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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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recevoir. Je la suivis à l’étage dans une chambre petite mais bien meublée. Giles était couché sur un bon matelas de plumes. Je fus choqué de voir le changement qui s’était opéré en lui. Son fort visage carré était blême et j’eus l’impression qu’il s’était émacié depuis la veille. À ma grande surprise, le Dr Jibson était en train de lui parler. Il sourit en me voyant entrer.
    « Bonjour, messire Shardlake. »
    Giles me tendit la main. « Le Dr Jibson me dit que vous vous connaissez déjà. Il refuse de dire comment. Secret professionnel. Mais j’espère que vous n’êtes pas malade, vous aussi ? »
    Je lui serrai la main, content de constater que la voix du vieil homme était toujours aussi claire et aussi forte qu’auparavant. Sa poignée de main restait ferme, elle aussi. « Non, répondis-je, mais vous…
    — Oh, j’ai eu un malaise, mais je me rétablis. Dès lundi, je serai prêt à retravailler. C’est ce jour-là que nous écoutons les premières doléances, au château.
    — Je dois vous quitter maintenant, monsieur, dit le Dr Jibson. Je vais expliquer à votre gouvernante comment fabriquer la poudre. »
    Le médecin s’en alla.
    « Prenez un siège, Matthew », dit Giles. J’approchai un tabouret du lit. Il posa sur moi un regard grave puis soupira. « Ce que le roi vous a dit hier a dû vous blesser énormément. Et je suis chagriné d’avoir été impliqué dans cette vile plaisanterie.
    — Ce n’est pas la première fois que j’ai eu à subir ce genre de sarcasme, mais jamais de la part d’un roi, ni devant une telle assemblée. Et vous, il paraît que vous avez eu un malaise juste après cet épisode.
    — Oui. Je n’avais jamais été victime d’une telle attaque. J’étais tout à fait calme jusqu’à ce que le roi me regarde droit dans les yeux et me parle. Et alors… » Il se tut, tressaillant visiblement.
    « Et alors ?
    — Vous allez me prendre pour un vieil imbécile.
    — Pas du tout.
    — J’ai ressenti une soudaine révulsion. Je ne vois pas comment l’appeler autrement. L’espace d’un instant, je ne savais plus où j’étais ni qui j’étais. Quand le roi s’est éloigné j’ai titubé au milieu de la foule et j’ai failli tomber. Heureusement que les Yorkais me connaissent : ils m’ont aidé à rentrer en ville sans que personne s’aperçoive du piteux état où je me trouvais. » Il prit une chope près de son lit et but une gorgée de son contenu. Je sentis le fumet capiteux d’un grog à la bière et au lait. Il secoua la tête. « Quand j’ai regardé les yeux du roi, j’ai eu l’impression que toute ma force m’était soutirée.
    — Il a des yeux cruels. »
    Wrenne poussa soudain un rugissement de rire, mais j’y perçus un certain effroi. « Cela m’a rappelé la fameuse légende qui courait à l’époque du soulèvement.
    — Que le roi est la Taupe ?
    — Oui. Vous êtes au courant ? fit-il en haussant les sourcils.
    — J’en ai entendu parler. »
    Il secoua de nouveau la tête. « Il est dangereux d’évoquer de si grotesques superstitions. J’avais trop travaillé, la pression était trop forte. Pourtant… Je m’étais souvent demandé à quoi le roi ressemblait vraiment. Maintenant je le sais. » Il secoua la tête derechef. « Et la reine… Elle est si jeune !
    — Je la plains.
    — Une mignonnette aux formes généreuses, mais pas royale.
    — Elle a du sang Howard.
    — Les Howard… Le lignage ne remonte pas aussi loin qu’ils le prétendent. » Il soupira. « Peut-être que tout l’apparat et le faste du pouvoir, tout ce qu’on nous raconte sur la puissance de la royauté de droit divin, peut-être que tout cela nous empoisonne l’esprit, si bien que lorsqu’on découvre la réalité cela produit un choc.
    — La réalité… Affreuse, sordide… »
    Il me fixa du regard. « Et cependant la royauté est indispensable. C’est la clef de voûte de l’ordre social ; sans elle tout s’effondrerait, et ce serait le chaos.
    — Cela est déjà arrivé à York, n’est-ce pas ? Il y a cinq ans, et il s’en est fallu de peu au printemps dernier également, pas vrai ?
    — Oui. Il y a beaucoup de ressentiment dans la région. Dites-moi, comment la ville a-t-elle accueilli le roi ?
    — D’après Barak, les acclamations ont été clairsemées.
    — Quelle différence avec ce qui s’est passé pour Richard III !
    — Richard le Bossu,

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