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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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s’était réveillé et fixait sur moi des yeux étonnamment bleus. Il sourit, ce qui eut pour effet de multiplier les rides de son visage.
    « Vous n’avez pas envie de travailler aujourd’hui, confrère ?
    — Je crains que non, m’esclaffai-je.
    — Il me semble que c’est la première fois que je vous vois. Vous venez d’arriver à Hull ?
    — Je participe au voyage royal.
    — Ah oui, c’est ça…
    — Je m’appelle Matthew Shardlake, dis-je en me levant et en inclinant le buste.
    — Excusez-moi si je ne me lève pas. J’ai quatre-vingt-six ans. Je m’appelle Alan Swann. Je suis avocat. À la retraite, gloussa-t-il. Par conséquent, le mauvais temps vous retient ici…
    — Je le crains, en effet.
    — Je me rappelle la grande tempête de vent de 1460, l’année de la bataille de Wakefield.
    — Vous vous en souvenez ? demandai-je, stupéfait.
    — Je me rappelle l’arrivée du messager à Hull pour annoncer que le duc d’York avait été tué, que sa tête, ceinte d’une couronne de papier avait été placée au-dessus de la porte d’York. Mon père a poussé des vivats, car à l’époque nous étions tous partisans de la maison de Lancastre. Ce n’est que plus tard que le comté a soutenu la maison d’York.
    — Je connais l’histoire de la guerre des Deux-Roses. J’ai un ami à York qui me l’a contée.
    — Dure époque, fit-il. Très dure. »
    Une pensée me traversa l’esprit. « Vous vous souvenez sans doute de la prise du trône par Richard III à la mort d’Édouard V ? De la disparition des petits princes de la Tour ? »
    Il hocha la tête. « Ah oui…
    — Quand Richard s’est emparé du trône, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le mariage de son frère Édouard IV était nul et non avenu. » J’hésitai un instant puis repris en fixant le confrère Swann droit dans les yeux : « Et la légitimité d’Édouard lui-même n’était-elle pas mise en question ? » En 1483, Giles était encore tout gamin, mais ce vieillard devait déjà friser la trentaine.
    Sans répondre, il se tourna vers l’âtre. Le vent mugissant faisait monter les flammes vers le conduit de la cheminée. M’avait-il oublié ? Il finit par se retourner vers moi en souriant.
    « Voilà longtemps que personne n’a évoqué une telle question. Des lustres…
    — Je suis un peu historien à mes heures. Comme mon ami yorkais. Il m’a parlé des rumeurs, du roi Édouard. » J’avais des scrupules à mentir au vieil homme, mais l’envie de savoir ce qu’il se rappelait était plus forte.
    Il sourit. « C’est une histoire intéressante. Dans quelle mesure est-elle véridique, personne ne le sait ni ne le saura jamais, car le père du roi avait formellement interdit qu’on en parle.
    — Oui, c’est que j’ai entendu dire.
    — C’est Cecily Neville, la mère d’Édouard, qui avait affirmé cela après la mort de son fils. Elle a déclaré en public que le père d’Édouard IV n’avait pas été le défunt duc d’York, son mari. Elle a soutenu qu’Édouard était illégitime, fruit de sa liaison avec un archer quand ils étaient en France pendant la guerre. »
    Mon cœur se mit à battre la chamade.
    « Cela a provoqué un beau scandale », poursuivit doucement le vieil homme. Il se tut et resserra les pans de son manteau autour de son corps. « Cette fenêtre laisse passer un sacré courant d’air. Le vent a failli m’emporter sur le chemin de la bibliothèque. Je me rappelle la tempête de 1460…
    — Oui. Vous me l’avez déjà dit, fis-je en maîtrisant mon impatience. Mais vous parliez de Cecily Neville…
    — Ah oui ! Cecily Neville s’est postée devant Saint-Paul (il me semble que c’était Saint-Paul) et a déclaré au monde qu’Édouard IV était le fruit d’une liaison entre elle et un archer. C’est un avocat londonien, venu à Hull pour un procès peu après l’événement, qui m’a tout raconté.
    — Vous vous rappelez le nom de l’archer ?
    — Blaybourne. Edward Blaybourne, un archer du Kent. »
    Mes oreilles bourdonnaient. « Que lui est-il arrivé ?
    — Je crois qu’il était déjà mort au moment de l’usurpation du trône par Richard III. Après tout, la liaison avait eu lieu quarante ans auparavant… Peut-être a-t-il été assassiné, ajouta-t-il en posant sur moi un regard grave.
    — Par conséquent, il n’existe aucune preuve tangible pour soutenir ces allégations ?
    — Pas que je

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