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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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gras et faibles. Ils crachent le morceau dès qu’on les malmène un peu.
    — Mais moi, je détestais les moines ! s’exclama Youhill. » Radwinter arrêta le tisonnier à six pouces du nez du cuisinier.
    « Quoi ?
    — Je les haïssais ! Je les maudissais de mener une vie de cocagne alors que moi, je devais dormir sur des sacs. J’ai toujours su que leurs cérémonies étaient seulement destinées à soutirer de l’argent aux jobards. J’étais l’un des informateurs de lord Cromwell. »
    Les yeux de Radwinter s’étrécirent. « Qu’est-ce que c’est que ces balivernes ? »
    Le cuisinier tordait désespérément le cou pour éviter la chaleur du tisonnier. « C’est la vérité, s’écria-t-il, par le sang sacré de Jésus ! Quand les commissaires de lord Cromwell sont venus en 1535, ils ont interrogé tous les serviteurs. Ils ont découvert que j’avais eu des ennuis pour ivresse, même s’il est pourtant pas interdit d’aller étancher sa soif en ville. Ils m’ont demandé si j’acceptais d’acheminer des renseignements au bureau de lord Cromwell et ils m’ont promis une bonne place si le monastère fermait ses portes. Et ils ont tenu leur promesse : ils m’ont donné du travail au château. Je suis aussi fidèle au roi que le plus fidèle de ses sujets anglais ! »
    Radwinter scruta le visage de Youhill, avant de lentement secouer la tête. « C’est trop facile, maître cuisinier. Je vois à ton air que tu es un larron rusé et retors. Tu as bel et bien empoisonné mon prisonnier et je vais te forcer à dire la vérité. Tu vas monter chez moi où nous aurons un autre entretien… Il y a aussi un braisier dans ma chambre. » Il replanta le tisonnier dans le charbon. « Emmenez-le ! » ordonna-t-il aux gardes. Il vit mon air désapprobateur. « Messire Shardlake, votre présence n’est pas nécessaire. »
    Youhill agrippa nerveusement les bords du tabouret. Les soldats échangèrent un regard. Soudain, à mon grand étonnement, Barak fit un pas en avant et s’adressa au cuisinier. « J’ai jadis travaillé pour lord Cromwell. Ayant eu affaire à des informateurs de monastères en 1536, j’ai appris comment fonctionnait le système. »
    Le soulagement qui apparut sur le visage du cuisinier indiquait qu’il avait dit la vérité. « Alors, aidez-moi, m’sieu !
    — Vous deviez envoyer des missives. Savez-vous écrire ?
    — Mon frère sait écrire. Je lui dictais les lettres.
    — À qui étaient-elles destinées ?
    — Au bureau de messire Bywater, dans les services du vicaire général à Westminster, s’empressa-t-il de répondre. À l’intention de messire Wells. »
    Barak se tourna vers nous. « Il dit la vérité. Il a bien travaillé pour lord Cromwell.
    — Il a pu retourner sa veste, suggéra Radwinter.
    — D’accord, fit Barak en haussant les épaules, mais il m’a l’air trop craintif pour ça.
    — Et il n’y a pas de preuves, ajoutai-je. En outre, maître Radwinter, vous ne jouissez d’aucun pouvoir légal vous autorisant à torturer cet homme. Si on peut l’enfermer pour le moment, on ne doit lui faire aucun mal. Je vais faire mon rapport à sir William Maleverer, mais je ne vois pas comment cet homme aurait pu empoisonner Broderick.
    — Il est possible que le poison ne se soit pas trouvé dans sa nourriture, ajouta Barak.
    — En effet. Réfléchissez aux autres possibilités, maître Radwinter, et je ferai de même de mon côté. Je reviendrai dès que j’aurais vu sir William. »
    Dehors, le vent soufflait de plus en plus fort, les rafales de pluie nous cinglaient encore plus violemment le visage et les feuilles tourbillonnaient dans la cour de plus belle. Radwinter nous suivit, l’air sombre et furieux. Il me saisit le bras.
    « Ne vous mêlez pas de mes enquêtes, monsieur ! Votre seule et unique mission est d’assurer le bon traitement du prisonnier !
    — Vous n’avez pas le pouvoir d’effectuer la moindre enquête ! Il faut en référer à sir William. »
    Il me serra plus fort le bras, les yeux étincelants de rage.
    Barak lui posa la main sur l’épaule. « En voilà assez, monsieur », fit-il tranquillement.
    Radwinter s’arrêta et me relâcha en riant. « C’est bien ce que je disais : vous avez peur de m’affronter sans garde du corps. » Il se tourna vers mon assistant. « Barak, est-ce là votre nom ? C’est un nom juif, pas vrai ? Ça vient de l’Ancien Testament.
    — J’avais

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