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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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Voilà ce qu’il se passera.
    Il y eut un silence pétrifié. Loth fut le
premier à réagir, la voix aiguë :
    — Comment peux-tu en être si
sûr ?
    Abram ne lui répondit pas. Ses yeux
fixaient toujours Saraï. Elle approuva d’un petit signe de la tête.
    — Abram a raison. Si ce qu’on dit est
vrai, les choses pourraient se passer ainsi.
    — Alors nous devons te cacher !
s’écria Loth. On peut… te vêtir en homme. Ou passer de la suie sur ton visage.
T’envelopper une jambe de chiffons, comme si tu masquais une plaie. Ou encore…
    — Les soldats seront dupés le premier
jour, peut-être le deuxième, l’interrompit Abram avec calme. Mais viendra le
temps où quelqu’un leur dira que la femme d’Abram est la plus belle que des
yeux aient vue. La fureur des soldats n’en sera que plus grande, car ils auront
été bernés et craindront la colère de Pharaon.
    À nouveau ils se turent, jusqu’à ce que
Saraï demande :
    — Alors que faire ?
    — Rien de tel ne se passera si je dis
que tu es ma sœur.
    Saraï et Loth suspendirent leur souffle.
    — Si je dis que tu es ma sœur,
continua Abram, Pharaon t’invitera peut-être dans ses palais. Oui,
certainement. Il voudra te voir. Mais il n’aura pas à s’en prendre à moi. À
nous tous.
    — Tu veux donner Saraï à
Pharaon ? s’exclama Loth en se dressant, la bouche déformée par la fureur.
Pour ne pas mourir ? C’est là tout le courage du grand Abram ?
    — Non, rétorqua Abram. Je ne veux pas
donner Saraï. Et il ne s’agit pas de ma peur.
    — Je comprends, murmura Saraï, pâle,
retenant Loth par le poignet.
    — Il s’agit de la vie du peuple
d’Abram, pas de la mienne, insista Abram. C’est à cela que nous devons songer.
    — Non ! s’écria Loth. Je ne veux
pas y songer. Tu n’as pas le droit d’y songer !
    Saraï posa la main sur la joue de Loth.
    — Si. Abram a raison.
    Ses yeux brillaient, tristes et résignés.
Abram se leva à son tour, repoussa Loth pour la saisir entre ses bras :
    — Tu nous sauveras tous, implora-t-il.
    — Si ton dieu le veut.
    *
    * *
    Abram avait bien deviné.
    Ils parvinrent sans encombre aux abords
d’une ville de maisons basses et blanches, nommée Midgol. Chacun put constater
que Loth n’avait pas menti. Les habitants sourirent à leur vue. Des hommes aux
joues nues et lisses les accueillirent avec des phrases incompréhensibles
qu’ils prononçaient dans une langue glissante et sinueuse, pareille au bruit de
l’eau.
    De l’eau, il y en avait partout. Midgol
était construite tout près de l’un des bras du Nil. Les jardins, les pâturages,
les bosquets de palmiers, de cannas et d’orangers étaient entourés de canaux
soigneusement entretenus. On leur permit d’y abreuver les bêtes. Abram remercia
en offrant un couple de tourterelles. Tout le monde riait. On se parlait par
signes, avec des bruits de bouche, des claquements de mains.
    Les troupeaux abreuvés, Abram
déclara :
    — Maintenant approchons-nous du
fleuve. Peut-être y trouverons-nous une friche où les bêtes pourront paître.
    La route qui s’enfonçait dans le pays de
Pharaon était large, ombrée par d’énormes palmiers. Abram marchait devant,
vigilant. Derrière lui, Loth et ses jeunes compagnons précédaient le gros de la
colonne. Comme l’avait ordonné Abram, les épouses et les enfants étaient debout
dans les chariots, eux-mêmes maintenus au milieu des bêtes rassemblées en un
seul troupeau.
    Des hommes et des femmes travaillant dans
les champs s’assemblaient au bord de la route pour les regarder passer. Surpris
de voir tous ces hommes barbus, les enfants se frictionnaient les joues en
riant.
    Soudain, la route déboucha sur le fleuve
qu’enjambait un grand pont de bois. Devant le pont, dessus et encore sur
l’autre rive, partout se tenaient les soldats de Pharaon.
    Deux ou trois cents. Peut-être plus.
    Serrés les uns contre les autres, bouclier
contre bouclier. Si serrés qu’un rat n’aurait pu se faufiler.
    Des hommes jeunes, glabres, la taille
ceinte d’un pagne, les épaules recouvertes d’une très courte cape. Ils étaient
sans casque, les cheveux épais, noirs et brillants. Les uns portaient des
lances et un bouclier rond, les autres des arcs. Tous avaient glissé un
poignard de cuivre ou suspendu des masses de pierre à la ceinture de leur
pagne.
    Abram s’immobilisa, levant son bâton. Loth
et les autres l’entourèrent. Derrière, les hommes crièrent pour

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