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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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voyage et, comme si le sort s’acharnait, un troisième s’apprêtait à lui lancer un S.O.S. dans le même sens au moment où il l’a appelé. Il faut immédiatement voir ce que peut faire Sicelli. Avec le contingent de poules qu’il traîne à ses basques et tous les gens qu’il fréquente de près ou de loin, on a peut-être une chance. Si ça m’ennuie, il peut s’en occuper et lui téléphoner dans la journée, encore qu’avec Sicelli il soit préférable de le garder à vue et de tenir les rênes jusqu’à ce qu’il ait péché le pognon. Wierne se propose pour m’accompagner. Hier, il n’a rien voulu me demander, mais il a eu le sentiment que ça n’allait pas fort. Est-ce que ça devrait exister qu’un type comme moi en arrive à ces extrémités ? Tout à fait le climat qui convient à un écrivain pour rassembler ses idées, pas vrai ? J’envisage certainement de rédiger mes œuvres, l’hiver prochain, sur les dossiers des bancs publics ou, mieux encore, sur un bat-flanc de l’Armée du Salut. Pittoresque à souhait. On va tâcher de limiter les dégâts. À ce propos, ça ne marche pas non plus pour les bagnoles. La poisse. Toutefois, il a encore un vague cousin qui dirige quelque chose comme des bureaux d’exportation. Ils sont en froid, mais peu importe, il ira le relancer pour moi. À la réflexion, on pourrait même y faire un saut ensemble cet après-midi et voir Sicelli en revenant, qu’est-ce que j’en pense ? J’en pense que je n’ai vraiment pas le courage d’aller montrer ma gueule à des inconnus ni de faire le singe. Au-dessus de mes forces. Il observe un silence à l’autre bout du fil. Interloqué. N’insiste pas. Je me doute bien de ce qu’il doit penser, mais il m’est impossible de lui faire sentir ce que j’éprouve, quelle sorte de découragement s’est insinué en moi depuis cette histoire. Ça ira probablement mieux dans quelques jours. Alors, que fait-on pour l’hôtel ? Je dois aller voir Sicelli. Et vite. Sous-entendu : aujourd’hui même. Sicelli est le seul capable de dénicher une somme quelconque dans les plus brefs délais. Brandès, n’en parlons pas. Avant qu’il ait débattu du pour et du contre et de l’opportunité de demander de l’argent à sa folle, j’aurai eu dix fois le temps de tomber d’inanition. N’y a-t-il pas moyen de faire patienter mon taulier encore une semaine ? Non. S’il s’était montré recta, je serais à la rue depuis huit jours. Sicelli est donc le dernier atout. Dans le cas où lui aussi serait pris de court, ce que je saurai avant ce soir si je daigne me déranger, autant déménager aujourd’hui que dans deux ou trois jours. « Je te prépare un matelas par terre dans mon atelier, tu seras mieux que sous les ponts et ça nous permettra de nous retourner. Je ne bouge pas de chez moi, viens quand tu voudras. »
    Termine en me rappelant, quelque peu ironique, que je dois passer chez Sicelli dans le courant de la journée.
    Voilà qui est excellent ! Allons voir Sicelli ! Allons voir Bismarck ou l’Archimandrite de Noskokentovo pendant que j’y suis ! Car, comme l’écrivait le jeune Fédor à son frère Michel : « Dans l’ensemble, la situation n’est pas favorable. » Pourquoi donc hésiter, mon goloubtchik ? Allons voir Dieu s’il le faut avec sa gueule d’escargot ! Très certainement. Il résoudra ce menu problème comme tant d’autres, et nous n’en parlerons plus.
    Ne dirait-on pas que j’ai l’âme guillerette ce matin ? Rien de moins vrai cependant. D’abord, il est trop tôt à mon goût. Je n’aime pas les journées qui démarrent de si bonne heure. Quelle fichue idée a eue Wierne de me tirer du lit pour m’annoncer cette série de calamités ! Ça pouvait attendre. D’ailleurs, en vérité, ces histoires d’argent et de domiciles hypothétiques, d’étrangers à contacter et d’amis à taper, tout ce tintouin d’enfer qui se renouvelle périodiquement commence à m’échauffer les couilles, passez-moi le mot. À la grâce du Ciel ! Devise chère à mes ancêtres qui n’en vécurent pas moins heureux et en citoyens de bonne compagnie pour le peu que j’en sais. Je ne suis pas non plus de nature à forcer les événements. Et en ce moment surtout où, à peine sur mes jambes, je me remets à penser à elle. Me torture le ciboulot celle-là. Solidement accrochée. Me connaissant sur le chapitre des femmes, je ne m’explique pas en quel honneur. Trop de

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