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Septentrion

Septentrion

Titel: Septentrion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louis Calaferte
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ne les concernait pas. Se sont mariés depuis. Promènent la poussette avec le gosse dedans les jours de soleil. Ce n’est pas un drame, petit frère. Si, si, c’en est un. Mais passons. Il doit bien y avoir dans le quartier une fille de commerçants pas trop moche en quête d’un foyer stable. Dot à la clef naturellement. Le magasin en héritage, dans longtemps. Une bonne famille connue de tout le monde. Qui a fait les guerres dans la biffe glorieuse. A laissé son cadavre de fils à travers le champ d’honneur, à la boucherie. Méritante, médaillée et votante. Désirerait pour leur tendre progéniture un brave garçon travailleur qu’elle accueillerait à bras ouverts le dimanche à midi, le gâteau au bout des doigts, poulet ou bœuf gros sel sur la table. Père, mère, mémé, aïeuls. Tous attablés dans la salle à manger de l’arrière-boutique rabougrie. Tous unis. Tous contents. Et moi, le petit raté de l’imaginaire, chouchoutant ma grosse poule au sein de la famille comblée. Plus à m’en faire. Peinard. Une belote avec le beau-père, un bouquet à la vieille, un apéro, le soir on reste, on mangerait froids les rogatons, ce serait dix heures au carillon, on bâillerait tous, demain boulot, faudra se lever, alors on se quitte, les embrassades, grand-mère sent l’ail et le vieux pet, couvrez-vous bien, à dimanche prochain, on fera des tripes parce que je les aime, mais non, maman, venez chez nous, c’est votre tour, non, non, venez, c’est pas aux vieux de bouger, alors d’accord, tous à dimanche. Viens vite chérie, il fait pas chaud. Bras dessus bras dessous, notre petit couple dans la rue froide. On poulope jusqu’au métro. On a sommeil. On ne se dit rien. On s’est tout dit dans la journée. Les stations passent. Je suis debout dans le wagon. Ma femme assise dans un coin. Elle n’est ni jolie ni pas jolie. Elle est blonde : depuis avant-hier. C’est tout.
    Nora m’attend. À midi. À midi tapant en principe. Comment espérer mener à bien un travail quelconque, comment se mettre à la tâche en sachant que je dois plier bagage dans moins d’une heure sans espoir de tranquillité avant le lendemain ? Le temps de me raser, de me laver, de m’habiller, je serai déjà en retard. Il est clair que dans ces conditions je n’écrirai plus une ligne avant longtemps. Mieux vaut laisser tomber sans remords. J’accours donc, petite femelle incandescente. Dis à Jiecke de t’apporter ton manteau et tes gants.
    Taxi. Une halte à l’appartement. La voiture de Nora. Le restaurant. L’après-midi sans but. Et tout de suite le soir arrive. Sorties. Spectacles. Ciné ou boîte à orchestre. Puis la chambre, le paddock. Ce gros cul à manipuler par en dessous. Le vagin comme une tranchée saignante. Ce trou vivant qui a faim. Sexe. Les baisers. La salive. Le sexe. Les mains qui branlent. Mots orduriers. Les bouches qui sucent. Lampée des langues. La moelle. Les glandes. Sexe. Les nerfs qui vibrent. Les cris. La rage. Sueurs Saletés. Sexe. Le jus. Ça pisse. Le corps cambré. Le corps victime. La peau nerveuse. Les dents qui mordent. Les positions. Elle sur ma bite. Empinochés. Serpents malades. Serpents tordus. Bêtes des cavernes. Ça ploie. Ça pince. Elle râle. Elle gicle. C’est chaud. Ça poisse. Coulant. Mousseux. Ça brûle. Toute convulsée. Des yeux de momie. Paupières profondes. Ses ongles enfoncent. Je pousse mon nœud. Un labourage. La vulve gonfle. Je me tiens raide à l’intérieur. Pour qu’elle se frotte. Pour qu’elle s’écorche. C’est filandreux. À cent degrés. La petite fournaise. On dirait du mou. Du mou en fusion. Elle fait son eau. C’est la détente. Si je n’ai pas joui, elle prend mon truc entre ses lèvres. Une pipe soignée en moins de rien, trente-six chandelles, irrésistible, elle se goberge, s’envoie le paquet. Voilà, ma chère.
    Et nous boirons de ce vin succulent que Jiecke apporte chaque soir dans la chambre avant de se retirer, son service fini. Un plateau, deux verres et une bouteille. Millésimée. Je m’assieds sur le lit, à poil. Nous sirotons. Rien de tel pour recharger la batterie. D’une main indolente, Nora m’agace entre les jambes pendant le repos. Nous échangeons des bribes de phrases. Parfois, une mouche vient se poser sur le drap, dans la flaque. Elle déroule sa trompe et suçote. Ce sont des choses qui amusent énormément Mlle Van Hoeck. Si je tarde trop, elle glisse sa tête contre mon ventre et joue du bout

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