Sépulcre
songea-t-elle.
Sa chambre était tout au bout. Avec le frémissement d’impatience qu’elle avait toujours en entrant dans une chambre d’hôtel pour la première fois, elle se débattit un peu avec la lourde clef, poussa la porte de la pointe de sa basket, puis alluma la lumière.
Ses lèvres s’épanouirent en un grand sourire.
Il y avait un immense lit en acajou au centre de la pièce, ainsi qu’une armoire, une coiffeuse et deux tables de nuit assorties, du même bois rouge foncé. Elle ouvrit les portes de l’armoire et découvrit que le minibar, le poste de télévision et les télécommandes se trouvaient dissimulés à l’intérieur. Sur le secrétaire étaient posés des magazines, le guide de l’hôtel ainsi que les détails du room-service et des brochures sur l’histoire du lieu, ainsi qu’une sélection de vieux ouvrages, serrés entre deux presse-livres. Meredith parcourut du regard le dos des livres, des policiers et des classiques, plus le guide d’un musée du chapeau situé à Espéraza, et un ou deux livres d’histoire locale.
Elle traversa la chambre jusqu’à la fenêtre et, ouvrant les persiennes, inspira l’odeur enivrante de la terre humide et de l’air nocturne. Les immenses pelouses se perdaient dans l’obscurité. Elle distinguait tout juste un lac ornemental, puis une haute haie qui séparait les jardins cultivés des bois au-delà. Elle était contente d’être à l’arrière de l’hôtel, loin du parking, des bruits de moteur et de portières qui claquent, même si sa chambre donnait sur une terrasse en contrebas où des tables en bois étaient disposées, avec des fauteuils et des chauffages d’extérieur.
Meredith défit ses bagages, méthodiquement cette fois, au lieu de tout laisser dans son sac comme elle l’avait fait à Paris. Elle rangea ses jeans, ses tee-shirts et ses pulls dans les tiroirs de la commode et suspendit ses vêtements plus chics dans la penderie. Puis elle disposa ses affaires de toilette sur les étagères de la salle de bains et prit un bain en faisant bon usage des savons et shampoings raffinés offerts par l’hôtel.
Trente minutes plus tard, rassérénée, elle s’enveloppa dans un grand peignoir blanc, mit son portable à charger et s’assit devant son ordinateur. Découvrant qu’elle n’avait pas accès à Internet, elle saisit le téléphone pour appeler la réception.
— Bonjour. Meredith Martin à l’appareil. J’occupe la Chambre Jaune. J’aurais besoin de lire mes mails, mais je n’arrive pas à accéder à ma messagerie. Pourriez-vous me fournir le mot de passe s’il y en a un, ou bien me connecter depuis votre réseau ?
Tenant le combiné coincé entre l’oreille et l’épaule, elle gribouilla l’information qu’on lui donnait, remercia son interlocuteur et raccrocha.
Comme c’est étrange, songea-t-elle en tapant le mot de passe, CONSTANTIN. Elle obtint rapidement la connexion. Elle envoya son message quotidien à Mary, lui disant qu’elle était arrivée à bon port, qu’elle avait déjà trouvé l’endroit où l’une des photographies avait été prise, et lui promettant de la tenir au courant de la suite, si suite il y avait. Puis elle vérifia son compte et constata avec soulagement que l’avance de son éditeur avait été créditée.
Enfin !
Il y avait deux messages personnels, dont une invitation au mariage de deux de ses camarades d’université à Los Angeles, qu’elle déclina, et une autre à un concert dirigé par une ancienne copine de classe à présent retournée dans le Milwaukee, qu’elle accepta.
Elle s’apprêtait à se déconnecter quand elle eut envie de vérifier s’il y avait quelque chose sur l’incendie qui avait ravagé le Domaine de la Cade en octobre 1897. Mais elle ne trouva rien de plus que ce qu’elle avait déjà glané dans la brochure de l’hôtel.
Ensuite elle tapa LASCOMBE dans le moteur de recherche.
Là, elle en apprit un peu plus sur Jules Lascombe. Apparemment, c’était un historien amateur, spécialiste de la période wisigothe ainsi que du folklore et des superstitions locales. Il avait même fait paraître quelques ouvrages et opuscules à compte d’auteur chez un éditeur du pays, un certain Bousquet.
Le regard de Meredith s’aiguisa, elle cliqua sur un lien et l’information apparut sur l’écran. C’était une famille du pays bien connue, propriétaire du plus grand magasin de Rennes-les-Bains et d’une importante imprimerie. Les
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