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Serge Fiori : s'enlever du chemin

Serge Fiori : s'enlever du chemin

Titel: Serge Fiori : s'enlever du chemin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Thériault
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circonscrire les besoins
de Rozon, Serge le rencontre à quelques reprises. Les deux
hommes discutent des attentes du producteur, mais aussi, et surtout, du concept du festival. Il est question des
intentions de Rozon, mais aussi de la façon dont le festival
se structurera et touchera le public. Fiori apprend que des
spectacles sont prévus en salle, bien sûr, mais que la rue
sera également prise d’assaut par les festivaliers. Une multitude de spectacles extérieurs seront présentés. On y verra
des spectacles d’humour, du théâtre, de la jonglerie, de la
prestidigitation, des clowns, etc., le tout dans l’ambiance
festive du cirque. Les choses commencent à se préciser
dans la tête du musicien. Un soir d’été, alors qu’il déambule sur la rue Saint-Denis à la sortie des théâtres, Serge
observe l’atmosphère à la fois fébrile et bon enfant qui
émane de la foule qui se disperse ou se regroupe à la sortie
des spectacles   ; il pense alors à l’esprit de la fête foraine, au
cirque, aux chaudes nuits d’été lorsque le cœur est en liesse, et une musique se dessine. Les premières notes de ce
qui deviendra le thème archiconnu du Festival Juste pour
rire – le même depuis cette année 1985 – fraient leur chemin jusqu’à la conscience du musicien. Ça y est, il a trouvé   !
Dans son esprit, la fête foraine bat son plein   ! Fiori revient à
son studio maison, rue Melrose, et commence à répéter et
à composer la pièce musicale. La partition est toute écrite
dans la tête de Serge, il l’entend jusqu’au bout. Il imagine
les badauds, par milliers, qui envahissent le centre-ville   ;
d’énormes haut-parleurs juchés sur les poteaux crachent
cette musique festive et entraînante qui les fait danser.
    Une fois l’enregistrement terminé, il apporte son maté
riel chez Tempo, afin de faire entendre à Gilbert Rozon le
nouveau thème de son festival. Serge branche son équipement électronique, son «   merveilleux set-up   », comme
il l’appelle, et s’apprête à faire jouer la pièce. L’enregistrement musical digital et numérique est une chose nouvelle
pour à peu près tout le monde au Québec, et Rozon lui
demande, étonné   : «   C’est quoi, ça   ?   » «   C’est ta toune   », lui
répond Fiori en appuyant sur le bouton. «   Qu’est-ce que
tu fais là, y a pas de musiciens   !   » «   Ben oui, Gilbert, ils sont
tous dans la tite boîte …   »
    Après l’écoute de la bande, Rozon se déclare satisfait,
mais il ne devine pas encore l’effet d’entraînement qu’aura
la chanson sur les foules. Il demeure donc un peu sur son
appétit et, en dépit du fait qu’il sait très bien que Serge ne
remontera pas sur les planches, il se risque   : il serait tout
de même mieux de jouer la pièce live , sur scène, avec des
musiciens. Il essuie bien sûr un non catégorique. «   O.K.,
c’est correct, on va la prendre de même, d’abord   », lance
Rozon pour conclure, en jetant un coup d’œil dépité sur
la petite bande contenant la musique. Il reviendra tout de
même à la charge à quelques reprises, mais Fiori résiste et
persiste   : cet enregistrement fait très bien l’affaire. L’avenir
ne tardera pas à lui donner raison.
    Serge est fier, très content de sa chanson   : il a hâte d’en
mesurer l’effet sur les gens, ceux du milieu comme ceux
de la rue. Rozon aussi en est satisfait, bien qu’il n’en ait
pas saisi tout le potentiel. C’est qu’il n’imagine pas ce que
Serge a anticipé   : des milliers de personnes qui ondulent
de manière festive, qui swinguent dans la rue au rythme
de la chanson diffusée par de grosses enceintes acoustiques. Le soir de l’ouverture du festival, une foule se presse
rue Saint-Denis, aux abords du théâtre où seront présentés
les galas d’humour. Un peu partout sur la rue, des scènes
aménagées présentent des artistes qui distraient les passants et montrent leur adresse, tant en arts du cirque qu’en
humour et en chanson. Soudain, la clameur diminue   : du
haut des airs, en plein cœur de la ville, la musique s’élève
«   Ta, ta, ta, ta… ta   ! Juste pour rire, c’est juste ça que j’ai à
dire, moi je fais ça juste pour rire…   » Le public adopte illico
ce thème, comme s’il l’avait toujours entendu. Serge est
aux anges   ; il a encore une fois gagné son pari   : «   faire triper et faire embarquer le monde.   »

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