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Serge Fiori : s'enlever du chemin

Serge Fiori : s'enlever du chemin

Titel: Serge Fiori : s'enlever du chemin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Thériault
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Normandeau, les amoureux quittent
l’appartement et emménagent rue Outremont. «   Thank God, elle m’a sorti de là   », avouera plus tard Fiori.
    Le calme et la sérénité du nouvel appartement font
beaucoup de bien à Serge. L’endroit se révèle agréable,
spacieux (huit pièces et demie) et lumineux   ; une immense
table trône dans la salle à manger, qui se remplit tous les
soirs lors de soupers animés. Le salon, quant à lui, héberge,
pour la nuit, les amis et les connaissances. En haut de chez
le jeune couple résident d’autres artistes   : des peintres, des
poètes, des sculpteurs. L’ambiance s’avère formidable pour
Fiori   : le cinéma Outremont est situé au coin de la rue, il vit
dans un endroit chaleureux et, plus important que tout, il
est en compagnie de la femme qu’il aime. Même si les fans campent littéralement en face de chez lui (Serge Fiori possède déjà un noyau important d’admirateurs qui suivent
sa carrière musicale), il n’a jamais verrouillé les portes de
cet appartement   : quiconque le souhaitait pouvait entrer
quelques minutes ou encore quelques heures. Il lui est
souvent arrivé, au petit matin, de découvrir des gens qu’il
ne connaissait pas, affalés dans un canapé, ayant passé la
nuit chez lui. En dépit de cette circulation, il se sent libre
comme jamais et il peut enfin consacrer toutes ses énergies à Lucie, ainsi qu’à la création musicale.
    Au sein de cet appartement localisé dans un quartier résidentiel paisible, Serge Fiori peut vraiment dire bonjour à
la vie… Parti de chez sa mère pour aller vivre dans un petit réduit avec Normandeau, le musicien vit une véritable
libération. Le logement fait face à l’école primaire Lajoie   :
un après-midi de ce magnifique printemps 1973, installé
seul sur son balcon, plongé dans cet état de bien-être qui
le fait sourire au monde et à la vie, Fiori se laisse bercer et
émouvoir par les rires des enfants qui s’amusent dans la
cour de récréation. Il entre chercher son magnétophone   :
il souhaite capturer ces sonorités joyeuses et s’en inspirer
pour créer. Quelques minutes plus tard, il a composé des
harmoniques qu’il marie aux voix des enfants   : la chanson Aujourd’hui je dis bonjour à la vie vient de naître. Fidèle à
la méthode qu’il a développée, il joue les harmoniques du
début en boucle, pendant une demi-heure, ne cherchant
pas à écrire la chanson, mais seulement à découvrir des
sonorités qui se marieraient à la pureté des voix d’enfants
qui jouent. Il essaie, par la musique, d’évoquer le soleil, la
joie   ; il ne désire pas expliquer en mots ce que les jeux des
petits suggèrent. Il exécute en boucle le pattern du début,
et lorsque les enfants réintègrent l’école, les harmoniques
s’achèvent. Les accords définitifs de la chanson viennent
ensuite par eux-mêmes.
    Il y a quelque chose de vaguement effrayant dans cet
te méthode. Fiori a l’impression de ne rien contrôler   ; ce
n’est pas lui qui joue, ce n’est pas lui qui écrit, ce n’est pas
lui qui chante. Il plonge si profondément en lui qu’il fait
corps avec la musique, danse avec elle   ; il pénètre dans un
territoire non encore exploré, au sein duquel il se retrouve
autant qu’il se perd. Un bon musicien, prétend Serge Fiori,
devrait être capable de danser, tout comme un bon danseur
devrait savoir jouer. Dans les deux cas, il faut apprivoiser et
connaître le rythme du corps, ainsi que celui de la musique. Une chanson traditionnelle comprend une mélodie,
des paroles, un début et une fin   ; dans cette forme, il y a les
couplets, qui durent un temps défini, un refrain, les transitions, puis la fin. Fiori, pour sa part, n’a jamais été capable
de se limiter au temps et à la forme traditionnelle d’une
chanson. On lui a parfois reproché de produire des pièces
qui duraient seize ou dix-sept minutes, des œuvres musicales atypiques que les radios refusaient de faire tourner.
Malgré ces critiques, Serge ne peut pas se limiter à si peu.
Dans Histoire sans paroles , tiré du deuxième album, il est
longtemps resté empêtré dans un passage qui ne débouchait pas. Un jour, une autre phrase musicale s’est enchaînée à la première, puis une autre, et encore une autre, et
la fin a surgi naturellement, s’imposant d’elle-même. La
chanson était terminée, le point final avait été posé, sans
égard au format ou

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